camp de concentration et criminel nazi

Quand la réalité virtuelle fait condamner un ancien SS

Le web-documentaire Nazi VR retrace l’incroyable histoire du procès de Reinhold Hanning, un ancien gardien SS à Auschwitz dont la culpabilité avait été prouvée grâce à la simulation d’un camp de concentration en VR.

Jugé et condamné en 2016 pour complicité du meurtre de 170 000 personnes durant la Seconde Guerre mondiale, Reinhold Hanning est le premier et le seul criminel nazi à avoir été reconnu coupable grâce à la réalité virtuelle. La reconstitution du camp en VR a été considérée comme un outil objectif pour déterminer ce qu’a pu voir ou ne pas voir l'accusé.

un procès en réalité virtuelle

 

Assurant qu’il n’était pas au courant de ce qu’il se passait à Auschwitz-Birkenau, l’homme prétendait n'avoir rien vu, rien entendu. C’est finalement un modèle 3D du camp utilisé par la police judiciaire de Munich qui a fini par avoir le fin mot du procès.

En remodelant le camp de la mort en réalité virtuelle, de ses bâtiments disparus jusqu’aux trajets empruntés par les détenus vers les camps de travail et les chambres à gaz, les équipes ont pu parvenir à la conclusion que le témoignage de l’accusé était inexact. Les perspectives et la construction même du camp ne mentent pas : s’il n’a pas tué, Reinhold Hanning a été témoin des agissements de ses supérieurs lors des massacres.

Jurés, procureurs et experts ont pu le constater par eux-mêmes en enfilant à leur tour un casque de réalité virtuelle. Du jamais vu dans un procès de cette envergure.

Condamné à 5 ans de prison, Reinhold Hanning avait aussitôt fait appel mais avait trouvé la mort en 2017, avant que la Cour suprême ne puisse délivrer son verdict.

homme avec un casque de réalité virtuelle

Réalisé par David Freid, le web-documentaire a été partagé gratuitement fin 2017 par la maison de production MEL Films.

Au-delà du procès, le film s’intéresse à la manière dont la VR a été décisive en salle d’audience et insiste sur la finesse de son apport. Pour chaque scan réalisé dans un environnement donné, « environ 30 millions de points de mesure sont calculés », explique un expert interrogé. Ce nouvel outil permettrait donc aux autorités de revisiter des scènes de crime et d'investiguer, même des décennies après les faits. 

À terme, et une fois que tous les criminels de guerre auront été jugés, la police judiciaire de Munich pense à léguer ses reconstitutions au mémorial de l’Holocauste Yad Vashem, à Jérusalem, ou à celui d’Auschwitz.

statue avec un casque de VR

Si l’affaire Reinhold Hanning semble faire figure d’exception, elle pourrait ouvrir à la VR un usage pérenne dans les cours de justice.

Margaux Dussert

Diplômée en marketing et publicité à l’ISCOM après une Hypokhâgne, Margaux Dussert a rejoint L’ADN en 2017. Elle est en charge des sujets liés à la culture et la créativité.
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