
La littérature de fantasy regorge d’hommes féeriques, de vampires ou d’anges immortels qui passent leur temps à séduire des jeunes femmes à peine adultes.
Depuis 2015, la saga de quatre romans A Court of Thorns and Roses (Un palais d’épines et de roses), écrite par Sarah J. Maas, fait un carton dans les librairies du monde entier avec plus de 37 millions d'exemplaires vendus en 38 langues. Sur TikTok, des milliers de lectrices alimentent l’univers à coups de discussions et de théories à propos des personnages principaux, à savoir Feyre Archeron, une femme de 19 ans, et Tamlin, son ravisseur et son amoureux qui est une fée masculine… de 500 ans.
Passion « relation abusive» ?
Identifié par l’expression « age gap » (différence d’âge), ce trope voulant qu’une jeune fille tombe amoureuse d’un homme ou d’une créature magique bien plus âgée qu’elle est extrêmement répandue dans la littérature fantastique et fantasy. On se souvient des débats moqueurs sur l’écart de 92 ans entre l’adolescente Bella et le vampire Edward dans la saga Twilight. Mais loin de freiner ce genre de romance, la génération Z ainsi que les millennials semblent embrasser ces scénarios.
Dans un article consacré à la question, le New York Times évoque donc la figure de ces « shadow daddies » , ces « papas des ténèbres » qui hantent la littérature jeune adulte. On les retrouve dans des séries comme Le sang et la cendre de Jennifer L. Armentrout, ou The Familiar de Leigh Bardugo. Des leçons semblent toutefois avoir été retenues depuis Twilight. Les jeunes femmes des romans plus récents sont plus souvent dans le début de la vingtaine et non des lycéennes comme Bella. La gestion du déséquilibre de pouvoir entre l’héroïne et son « shadow daddy » doit aussi être millimétrée pour ne pas rendre la relation complètement abusive.
Ras-le-bol des hommes enfants
En plus de représenter un enjeu littéraire, ces personnages masculins semblent aussi attirer les lectrices pour des raisons plus symboliques. « 200 ans, c’est à peu près l’âge que les hommes ont besoin d’atteindre pour se synchroniser avec la maturité des femmes », peut-on lire dans des commentaires Reddit qui évoquent ce vieux débat sur l' « age gap ». Cette question de maturité n’est pas seulement posée pour la blague. D’après Elisabeth Wheatley, 29 ans et auteure de la saga Daindreth's Assassin, les « shadow daddies » sont vus comme des êtres bien plus expérimentés et avenants que les hommes « classiques ». D’après elle, les lectrices de 20 à 40 ans ont envie de se confronter à une histoire d’amour avec un homme de 600 ans qui « n’a pas besoin d’apprendre à souscrire une assurance maladie ou à remplir une carte grise ». Tout est dit.
Participer à la conversation