Capture logiciel DJ Traktor Pro 3

Notion, PI.FIY, Are.na... Ces nouvelles plateformes qui misent sur une esthétique branchée

© Native Instruments

Mais alors, le software serait-il une culture à part entière ?

« We're in the era of modern software companies as lifestyle brands » , tweetait récemment sur X l'utilisateur Robjama (à traduire par : Nous sommes à l'ère des éditeurs de logiciels modernes en tant que marques de style de vie). Selon lui, « nous avons dépassé la phase d’utilité basique (des softwares), il s’agit désormais de proposer une expérience et de forger une identité qui résonne avec les aspirations et les valeurs de votre audience. L’UX (expérience utilisateur) est devenu un « fashion statement », et les produits qui sortent du lot ont du style. » Selon lui, nous verrons donc bientôt, « du software haute couture, du software de luxe, du software DIY, une software economy, du software indé. » En 2024, il faut se démarquer, car tout le monde propose le même produit, et il n’est alors plus question d’espérer attirer des utilisateurs avec une interface au design aussi plat que celui d’une chaîne de tacos. Mais alors, va-t-on vers une ère du software élégant ?

Décorer son bureau numérique

Alors qu’on nous annonce la fin de la monoculture au profit d’hypercultures de niches, on voit en effet une myriade de nouvelles interfaces se développer. On peut citer la plateforme de recherche collaborative Are.na, la boîte mail de luxe Superhuman qui coûte 35 dollars par mois, le réseau social anti-algos PI.FIY, créé par les fondateurs de la newsletter indé Perfectly Imperfect, ou encore l’outil de gestion le plus branché de la Silicon Valley, Notion.

À propos de ce dernier, on trouve sur YouTube des vidéos du type « Comment rendre son tableau de bord Notion plus esthétique », ou encore « Comment j’organise ma vie, mon travail, mon argent (sur Notion) ». Ce n’est pas pour rien qu’on appelle "bureau" l’écran d'accueil de nos ordinateurs, car ce sont bien nos salons ou bureaux numériques, sur lesquels on passe une partie de nos vies. Et qui aurait envie de travailler sur un bureau en plastique face à un mur gris dans une pièce à l’éclairage blanc chirurgical ? Personne.

HTML energy

Si le software de demain devrait avoir plus de caractère et se muer en marque de lifestyle à part entière, le phénomène existe déjà dans les logiciels des secteurs de la musique ou des jeux vidéo. On peut citer la suite Native Instruments et ses plug-ins musicaux à l’esthétique futuriste, et le moteur de jeux vidéo Unreal Engines avec son logo tribal. Mais il semble aussi que le software d’hier, voire d'avant-hier, puisse aussi servir à créer des interfaces plus désirables. C’est le cas avec le mouvement HTML energy, qui se positionne contre l’extrême standardisation des sites internet actuels, et prône un retour à des sites faits maison façon Web 1.0, avec une personnalité, un côté imparfait, des easter eggs, etc. Bref, un parent du software DIY dont parlait Robjama sur X, duquel ressort beaucoup plus de personnalité qu’un site créé sur Wix.

Frutiger Aero

Mais au-delà encore de l’expérience utilisateur, le rétro-software est aussi devenu une inspiration pour la culture alternative d’Internet. On l'a particulièrement vu avec la montée en tendance de l’esthétique Frutiger Aero, inspirée des navigateurs Windows XP, des menus de la Wii ou de la première Xbox. Frutiger est une police de caractère, Aero est le nom d’un thème Windows. Elle se caractérise par des matériaux translucides, des couleurs vives, des effets mouillés, et un rapport particulier à la nature. Mais Aero est aussi un acronyme (Authentic, Energetic, Reflective, Open), traduisant bien l’intérêt des branchés du Net pour cette esthétique. Ce qu’ils trouvent-là, c’est le goût d’une époque où nos écosystèmes numériques n'étaient pas aussi dysfonctionnels qu’aujourd’hui, mais encore porteurs de grands idéaux permettant d’envisager la technologie avec enthousiasme. Sur Tik Tok, le hashtag Frutiger Aero cumule plus de 28 millions de vues, et le trafic sur le subreddit affilié a fait un bon de plus de 400 % en quelques mois. Qui l'eut cru, mais le software n’a pas fini de s’affirmer en tant que culture à part entière.

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