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La Creator Economy : quand les créateurs deviennent des moteurs de croissance

Avec Bpifrance
© FB via Ideogram

La Creator Economy transforme la manière dont les créateurs de contenu, startups et grands groupes génèrent de la valeur. Entre marketing d’influence, cocréation et stratégies data-driven, les marques réinventent leur croissance en s’appuyant sur des communautés engagées et des partenariats durables avec les créateurs.

Ceux que l’on appelait autrefois « influenceurs » sont aujourd’hui de véritables entrepreneurs 2.0. De leur chambre à leur start-up, ces créateurs réinventent les règles de la croissance et bouleversent les modèles économiques traditionnels. Car, si la création de contenu a longtemps été perçue comme un simple outil marketing, un nouveau paradigme émerge : la Creator Economy. Aujourd’hui, créateurs, startups et grands groupes collaborent pour générer de la valeur, fédérer des communautés et redéfinir les modèles économiques traditionnels.

Le 14 octobre 2025, c'est au Hub de Bpifrance, en partenariat avec la Paris Creator Week et La French Touch, qu'une table ronde animée par Anaïs Lala, Consultante communication et événements pour Bpifrance Le Hub, se tenait pour explorer ces nouvelles dynamiques. La question sur toutes les lèvres : comment les créateurs changent-ils le visage de l'innovation et de la croissance ?

Un marché en plein boom

Ce qui n’était autrefois qu’un hobby ou un passe-temps est devenu un véritable moteur économique. Le choix même du terme « Creator Economy » illustre ce passage à la vitesse supérieure : la création de contenu n’est plus marginale. Selon Marc Lessage Moretti (plus connu sous le pseudo Jokariz, créateur de contenu et co-fondateur de la Paris Creator Week), le marché mondial représentait 250 milliards de dollars en 2022, sans compter les revenus des plateformes ou services annexes. L'Europe, elle, pesait 27,5 milliards d'euros, la France représentant 6,8 milliards en 2024. « Une croissance de 25 % par an, ça veut dire que tous les 3 ans, on double », précise Jokariz. « En 2031, on atteindra 31 milliards en France, soit quasiment le chiffre d'affaires de BNP Paribas, un groupe qui emploie 200 000 personnes. »

En France, 300 000 créateurs sont actifs, dont 166 000 nano-créateurs (1 000 à 10 000 abonnés). Même les petites communautés génèrent des revenus significatifs : environ 1,2 milliard de dollars pour les nano-créateurs, avec un revenu annuel moyen allant de 7 000 à 50 000 dollars, selon la taille de la communauté. Désormais, les collaborations commerciales représentent 44 % des revenus, dépassant la publicité classique, et l'économie des créateurs soutient 1,5 million d'emplois dans l'Hexagone.

Collaborations : startups et grands groupes réinventent leurs stratégies

Pour les startups, se faire connaître est un défi majeur. Deux solutions émergent : créer son propre média, ou s'associer avec un créateur en échange de parts d'entreprise. « Plutôt que de céder 20 % pour 3 millions d'euros à un venture capital et tout dépenser en Facebook Ads, pourquoi ne pas proposer ces 20 % à un créateur de contenu qui devient directement mon CMO ? », illustre le créateur de contenu.

Les grands groupes, eux, privilégient l'employee advocacy. LVMH Corporate, par exemple, mise sur la cocréation pour atteindre des audiences inaccessibles par les médias traditionnels. « Nous n'avons pas du tout envie de toucher à leur ligne éditoriale, explique Lana Seoud, Corporate Media Manager. Dans le brief, on donne du contexte et les messages clés, mais on ne demande jamais "faites cette vidéo exactement comme ça". Ça n'a aucun sens de travailler avec un créateur si on ne le laisse pas faire son contenu. »

De son côté, La Fourche, une chaîne de magasin bio en ligne, a choisi la performance et l'authenticité. « 95 % de nos collaborations se font sur le long terme, précise Charlotte de Labrouhe, Head of Growth. Une fois qu'on a construit la confiance, on les laisse faire ce qu'ils veulent, parce que c'est comme ça que ça marche le mieux. » Une vidéo défile sur grand écran : un reel de Zoé Reich, spécialisée dans le contenu sans gluten, en train de cuisiner avec les produits de La Fourche. « Elle va inscrire sa prise de parole dans son contexte personnel et parler de la valeur que ça lui apporte », détaille Charlotte.

Mesurer l’impact et créer de la valeur

Pour réussir leurs collaborations avec les créateurs, les marques et startups utilisent différentes méthodes pour mesurer l’impact de leurs actions. La Fourche, par exemple, évalue la performance de ses partenariats via le coût d’acquisition client et la valeur à vie de ces clients. LVMH s'intéresse surtout à la notoriété et l'image de marque. « Il y a aussi la brand equity, la valeur de la marque, souligne Antoine Khaitrine, CEO de Licter, cabinet de conseil spécialisé dans l'exploitation des données des réseaux sociaux. On va regarder quelles conversations ont été déclenchées à la suite d’une activation. Quel(s) impact(s) en termes de notoriété, de considération ? On va regarder le sentiment, les communautés, les audiences. »

Car l'analyse des données publiques des réseaux sociaux permet d'identifier les sphères d'influence et d'adapter le contenu aux algorithmes des plateformes. « Si vous ne prenez pas la parole, quelqu'un d'autre va la prendre pour vous, prévient Antoine. Ces informations sont disponibles partout sur Internet, on est tous le plus grand panel du monde de consommateurs. Des marques se servent de cette data pour améliorer leur produit. » Dans ce contexte, la tendance actuelle du Pay-to-Play encourage à sponsoriser les contenus qui performent déjà naturellement.

Côté créateurs, les sources de revenus se diversifient : publicités, collaborations commerciales, création d’entreprises et synergies entre projets. Les formats sont variés : intégration limitée, vidéo dédiée ou production en marque blanche. L’exemple de « 2 Licornes », émission co-créée par Jokariz et sponsorisée par Qonto, illustre parfaitement ce modèle : un partenariat aligné sur l’audience et la marque, tout en offrant une liberté créative totale.

Une économie qui redéfinit les règles

La Creator Economy transforme les relations entre investisseurs, marques, startups et communautés. Elle offre de nouvelles opportunités : collaborations efficaces, mesure précise de l’impact, identification de niches rentables et échanges stratégiques avec des acteurs clés. « Ce mouvement ne se limite pas au financement, il crée un dialogue entre tous les acteurs de l’écosystème créatif », souligne Yona Panazol, coordinatrice de La French Touch pour Bpifrance. Avec la croissance exponentielle du marché et les stratégies innovantes de collaboration, les créateurs deviennent des acteurs stratégiques de l’innovation et de la croissance.

Bpifrance Le Hub organise chaque année une vingtaine d’événements gratuits et ouverts à tous, mettant la Creator Economy au cœur de ses initiatives.

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