Créatifs, designers, graphistes, développeurs, penseurs… les meilleurs pointures du design et de la culture « post-numérique » se sont retrouvés à Milan à l'occasion des Digital Design Days 2018.
Environ 2 000 personnes et près de 50 nationalités se sont réunies pour écouter et espérer rencontrer les personnalités (une trentaine de speakers au total) qui forgent les contenus et interfaces que nous consommons au quotidien. En bref, ceux qui font des nouveaux médias leur principal medium d’expression. Dans un complexe industriel de 9 000 mètres carrés, à la croisée de la culture analogique et de la tech, entre food trucks et tables en bois rudimentaires, se côtoyaient des installations numériques en tous genres.
« Technology is not an excuse »
Hilare en arrivant sur scène, hilare en sortant, l’homme décrit son parcours avec autant d’humour que de nonchalance. Connu pour son style grunge et ses typographies expérimentales, l’ancien directeur artistique du magazine Ray Gun est considéré comme une légende du graphisme (et du surf, accessoirement). Et s’il ne conchie pas Photoshop, il regrette toutefois l’époque où rien n’était parfait, où tout n’était pas aussi millimétré et où l’audace nourrissait l’imaginaire des designers.
D’ailleurs, lui s’est toujours tout permis. Dans un numéro de Ray Gun datant de 1994, l’homme tombe sur une interview molle et ennuyeuse de l’artiste Bryan Ferry. Il décide de réécrire l’intégralité du texte avec la police Dingbat, une typographie qui ne contient pas de lettres mais uniquement des symboles.
Expérimenter, prendre des risques et surtout, penser avant la machine, trois éléments qu'il juge aujourd’hui plus qu'essentiels.
« La vue qui se trouble, l’incapacité d’entendre clairement ce qui leur est dit, le sentiment de malaise, la vision qui se distord, la lumière qui s’intensifie, les couleurs qui changent… Nous avons passé plus de 20 heures avec des enfants autistes pour tenter de comprendre ce qu’ils ressentent, en particulier lorsqu’ils traversent une période de crise », explique-t-il sur scène. Car rien n’est jamais aussi immersif que ce que l’on emprunte à la vie réelle.
« We shape our tools and, thereafter, our tools shape us » - John Culkin
« Nous avons commencé à peindre avec les doigts, avant de comprendre qu’un bâton pourrait nous permettre d’accentuer certains détails et d’être plus précis. Puis nous avons découvert que le pinceau pouvait aussi donner plus d’épaisseur à un trait… ce que je dis est absolument faux historiquement, mais fondamentalement vrai empiriquement. Aujourd’hui nous avons la possibilité de créer ces outils beaucoup plus rapidement et facilement, et ce sont ces outils qui contribuent à forger ce que nous sommes », affirme-t-il.
Parmi les « outils notoires » déployés par PARTY, l’Alma Music Box, un tourne disque capable de traduire les données d’une étoile mourante à 950 années lumières de notre planète... en musique.
Cet article fait partie d'une série dédiée aux Digital Design Days 2018 de Milan.
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