Fuite sur les réseaux : un document interne révèle la recette du succès des vidéos de MrBeast

Vous voulez connaître les secrets de fabrication du youtubeur le plus suivi du monde ? On les a trouvés.

« Votre objectif ici est de créer les meilleures vidéos YouTube possibles. C’est l’objectif numéro un de cette société de production. Il ne s’agit pas de faire les vidéos les mieux produites. Pas de faire les vidéos les plus drôles. Pas de faire les plus belles vidéos. Pas des vidéos de la plus haute qualité. Il s’agit de créer les meilleures vidéos YOUTUBE possibles. »

Ce petit laïus est extrait du document d’intégration issu de la boîte de production de MrBeast, le youtubeur le plus regardé de la plateforme. Diffusé sur X le 14 septembre dernier par l’entrepreneur Pat Walls, ce texte de 36 pages donne les principaux axes de fonctionnement du vidéaste et la manière dont il perçoit YouTube, qui est pour lui l’avenir de la production vidéo.

Être l’employé du mois chez MrBeast

Après quelques considérations sur ce qu’il attend de ses employés, à savoir des gens obsédés par le contenu YouTube, Jimmy Donaldson donne sa manière de gérer les ressources humaines dans son entreprise. Ce dernier les divise en trois catégories : les joueurs de niveau A, « obsessionnels, apprennent de leurs erreurs, sont faciles à coacher…, voient la valeur de cette entreprise et sont les meilleurs au monde dans leur travail » ; les joueurs B, qui sont nouveaux et ont vocation à devenir des joueurs A ; et les joueurs C, qui « ne sont que des employés moyens » ,et dont la « toxicité » fait qu’ils sont immédiatement virés. Outre son caractère impitoyable, on comprend que la méthode de management de MrBeast consiste à demander à ses collaborateurs de se mettre en mode d'apprentissage constant, une posture nécessaire quand on travaille sur une plateforme aussi fluctuante que YouTube.

La suite du document décrypte en profondeur les notions de viralité sur la plateforme. Jimmy Donaldson indique avoir passé plusieurs années à décrypter les clés de cette viralité, allant dans des détails aussi précis que « l’éclairage du début des vidéos » ou « les expressions exactes à utiliser dans les accroches et les miniatures ». Le CRT, ou taux de clic, est l’une des données les plus scrutées par l’équipe, car cet indicateur valide ou non une miniature et son accroche. Perdre 21 millions de spectateurs dans la première minute après 60 millions de clics initiaux est considéré comme un résultat plutôt bon. Les minutes 1 à 3, 3 à 6 et 6 jusqu'à la fin ont toutes leurs propres fonctions. La troisième minute est ainsi appelée moment de « réengagement », un segment qui dévoile généralement une surprise que « seul MrBeast peut mettre en place ».

« Non », ça ne veut pas dire non

Dans un deuxième chapitre, le youtubeur revient sur les conseils de production des contenus, tout en indiquant que chaque nouvelle vidéo est plus difficile à créer que la précédente. Outre les conseils de management, qui consistent à éviter ce qu’il nomme les « goulots d’étranglement » et permettre à toute son équipe d’avancer dans les processus de préparation des tournages, il met aussi en avant le concept de « composants critiques », des éléments sans lesquels il ne peut y avoir de vidéo. Il faut particulièrement les soigner. « Si je veux installer 100 personnes sur une île et la donner à l’une d’entre elles, alors sécuriser une île est un élément essentiel », explique-t-il. Peu importe la qualité de la planification des défis sur l’île, la qualité de la météo, etc. Sans cette île, il n’y a pas de vidéo. Il s’agit donc d’un composant critique. »

MrBeast explique que ses employés ne doivent jamais prendre une réponse négative pour acquise. « Ne vous arrêtez pas simplement parce qu’une personne vous a dit non, arrêtez-vous lorsque toutes les options imaginables sont épuisées. » Pour ce faire, il recommande aussi de faire appel régulièrement à des consultants, qu’il surnomme « des codes de triche », en référence aux jeux vidéo. « Vous avez besoin de prendre la plus grosse part de gâteau du monde ? Commencez par appeler la personne qui a fait la précédente plus grosse part de gâteau du monde, mdr. Il a déjà fait d'innombrables tests et peut vous épargner des semaines de travail. » Donaldson rappelle enfin qu’il veut que l’argent dépensé soit visible à l’écran : « Si vous dépensez plus de 10 000 $ pour quelque chose et que cela n'est pas montré à la caméra, réfléchissez-y sérieusement. »

Record du monde ou rien

La dernière partie du document consacrée aux processus créatifs donne un élément important pour comprendre ce que veut le youtubeur. « Le but de notre contenu est de m’exciter, explique-t-il. Cela peut paraître bizarre à certains d’entre vous, surtout si vous êtes nouveau, mais pour moi, c’est ce qui est le plus important. Si je n’ai pas hâte de me mettre devant cette caméra et de filmer la vidéo, cela n’arrivera tout simplement pas. » Plus loin, il explique que n’importe quelle idée peut devenir un bon contenu si l’on respecte quelques règles simples. Il faut que ce soit simple pour être compris par le plus grand nombre, que cela dure plusieurs minutes et donc que cela raconte une histoire qui tienne en haleine. Dans cette optique, Donaldson explique qu’il existe plusieurs formats efficaces. Le premier, c’est celui du défi avec une grosse récompense à la clé. Ce genre de vidéo assure, d’après lui, une rétention maximale des spectateurs. Il évoque aussi le format de l’escalade, des vidéos où le youtubeur essaie des objets ou des expériences de plus en plus chers ou dangereux à réaliser. Dans cette optique, le youtubeur n’hésite pas à viser le dépassement de records mondiaux, un argument qui incite les gens à regarder. Le troisième format est celui de la course-poursuite, un type de vidéo où MrBeast doit échapper à un policier, un chasseur de primes ou un chasseur. Bien entendu, il précise que toutes ces formules ne sont pas éternelles et qu’il faut régulièrement les changer pour garder un sentiment de fraîcheur pour le public.