
Maltraitances, viols, contenu scato ou gore : les algorithmes qui recommandent des vidéos générées par IA à destination des enfants dégénèrent trop souvent vers des contenus choquants.
Un papa chat extrêmement musclé se retrouve blessé après avoir protégé son bébé. Pour pouvoir payer son opération, le bébé chat chasse des rats qu’il transforme en brochettes dans un grand hachoir avant de les vendre aux autres chatons. Grâce à l’argent, il peut payer l’opération de son père. Seulement voilà : les clients du bébé chat vomissent les brochettes à cause d’une intoxication alimentaire. La vidéo se termine sur le papa chat qui pleure en voyant son fiston menotté par la police, sur une reprise de musique mélodramatique faite à partir de miaulements. Et n’oubliez pas de liker et de vous abonner. Merci.

C'est l'Elsagate qui continue
On le sait, scroller dans le YouTube des jeunes enfants s’apparente à un trip psychédélique totalement absurde. Entre deux comptines addictives de la chaîne Cocomelon, on trouve bien souvent des contenus étranges, produits par des fermes de contenus sans scrupule, dont l’objectif est de faire le plus de vues possible. En l’espace de dix ans, on aura vu passer plusieurs tendances : des adultes déguisés en Elsa et Spiderman se livrant à des pantomimes malaisantes, aux mises en scène fétichistes de personnages de Minecraft, en passant par des copies cheap et gores de dessins animés populaires comme Peppa Pig ou Bluey.
Mais depuis un an, et l’arrivée des générateurs de vidéos par IA, la section Shorts de la plateforme est envahie par du contenu slop qui, bien souvent, dérape vers des visuels ou des narratifs perturbants. La plupart de ces vidéos fonctionnent avec des personnages récurrents, devenus des figures familières dans le zeitgeist des enfants. On trouve bien évidemment les personnages du brainrot italien comme Tung Tung Sahur ou la tasse de café Ballerina Cappuccina, très présents sur TikTok. Le trio de chanteuses du dessin animé K-pop Demon Hunter est aussi de la partie, souvent mis en scène en train de faire des pranks ou de sauter dans un lit rempli de fruits ou de chocolat.

Les tristes aventures du chat musclé
Vient s’ajouter à cela un bestiaire secondaire récurrent, principalement composé de chats anthropomorphiques à qui il arrive des aventures dramatiques. Parmi eux, on retrouve bien souvent Super Cat Papa, un chat blanc extrêmement musclé accompagné de son fils chaton, confrontés à des malfrats, des accidents d’avion ou des notes médicales particulièrement salées.

Diffusées par plusieurs comptes YouTube dont certains cumulent plus de quatre millions d’abonnés et des centaines de millions de vues, ces vidéos proposent de manière aléatoire une imagerie et des scénarios non adaptés à un jeune public : grossophobie, vomissements, blessures sanguinolentes ou survalorisation constante de l’argent. Certains épisodes mettent carrément en scène des actes de maltraitance (enfants frappés ou mis à la rue), voire des scènes d’agression ou de viol. Dans d’autres vidéos, les dérives choquantes vont encore plus loin : chats décapités et suspendus à des crocs de boucher, bébés maquillés et habillés de manière suggestive, ou blagues scatophiles (un sous-genre habituel des vidéos pour enfants).

L'IA plus forte que la modération
Découverte par les internautes américains au début de l’année 2025, cette niche de contenus perturbants a déjà fait l’objet d’une enquête du magazine Wired en mai dernier. L’article explique que, malgré les signalements et la réactivité de la plateforme pour supprimer ce type de vidéos, la facilité de création via les outils de génération IA fait que ce contenu est constamment renouvelé et remis en ligne.
Si la journaliste nuance le nombre de vues et d’abonnés réels de ces vidéos – indiquant qu’une grande partie de l’audience pourrait être générée par des bots – l’expérience montre qu’une session de scroll de quelques minutes suffit pour tomber sur du slop perturbant.






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