Un jeune femme rousse effrayée par un cafard qui se dirige vers elle

Sur X, les bots utiles ou fun ont disparu, mais les bots nuisibles sont toujours là

© Mart production

Elon Musk cherche à éliminer les bots de son réseau social. Mais tous les comptes automatisés ne sont pas des arnaques, on trouvait aussi des outils pratiques ou amusants. Ils ont presque tous disparu en 2023.

Jusqu’à l’année dernière, si vous vous posiez une question en naviguant sur Twitter, il existait certainement un bot capable de vous répondre automatiquement. À quel pays correspond l’émoji drapeau dans ce tweet ? @BotTheFlag peut vous le dire. Quelle est la musique dans cette vidéo ? Demandez à @SongFinderBot. Certains étaient amusants, d’autres avaient un but militant comme @PayGapApp. Ce compte suivi par plus de 232 000 personnes tweetait depuis 2021 l’écart salarial entre hommes et femmes de toutes les entreprises qui utilisaient le hashtag de la Journée internationale des droits des femmes.

Mort aux Bots

Ce 8 mars 2024, le « Gender pay gap bot » est resté muet. Comme la majorité de ces comptes automatisés, il a cessé de fonctionner à l’été 2023, après que l’accès à l’API de Twitter est devenu payant. L’API, c’est l’interface de programmation d’une application, un outil indispensable pour coder un bot capable de répondre à des tweets ou de réagir à des hashtags.

En février 2023, Elon Musk a annoncé qu’il faudrait bientôt payer pour accéder à l’API de la plateforme. Désormais, l’abonnement le plus restrictif coûte 100 dollars par mois (92 euros), un accès « pro » 5 000 dollars, et un abonnement « entreprise » 42 000 dollars par mois.

Bugs et mauvaises surprises

« Je me suis mis à payer, le cran à 100 dollars par mois était ce dont j’avais besoin », se souvient Paul-Louis Hery, un ingénieur logiciel qui a créé plusieurs bots dont @UnfollowMonkey, qui vous prévient quand un compte arrête de vous suivre. « Mais tous les mois, il y avait de nouvelles limitations. Il a fallu retravailler mon code plusieurs fois, jusqu’à ce que les restrictions deviennent trop fortes et ne permettent plus à mes bots d’exister », détaille-t-il.

Après s’être mis à faire payer ses utilisateurs 3 dollars par mois pour compenser l’abonnement, Paul-Louis Hery a décidé de tout arrêter en juin 2023 et a remboursé ses clients. « Pour beaucoup de développeurs, créer ces bots reste de l’ordre du hobby. Je donne déjà beaucoup de mon temps, je ne vais pas en plus donner 1 200 dollars par an à Elon Musk… », déplore-t-il.

Les bots nuisibles survivent grâce au scrapping

Les bots n’ont cependant pas tous disparu. Déjà, ceux qui se contentent de tweeter des messages programmés, sans interaction, peuvent toujours le faire sans abonnement. D’autres ont pu être rachetés par des entreprises qui paient déjà l’abonnement, c’est le cas de @MakeItAQuote.

Il existe aussi une méthode pour coder un bot sans utiliser l’API, le « scrapping », ce que Paul-Louis Hery définit par : « Se faire passer pour un humain et naviguer sur un navigateur web, mais de façon automatique. » C’est ce que les sites Internet tentent de bloquer en nous faisant cliquer sur des Captcha, et c’est comme ça que fonctionnent les faux comptes qui spamment, qui s’abonnent en masse ou retweetent à la chaîne. X les traque et les suspend quand il les détecte.

L’API de Threads arrive bientôt

Pour l’instant, il n’existe pas de plateforme où l’on retrouve l’équivalent de tous les bots autrefois populaires sur Twitter. Paul-Louis Hery a vu « quelques bots migrer vers Mastodon », le concurrent créé par un développeur allemand. Mais c’est peut-être vers Threads, le nouveau réseau de Meta, que pourraient se tourner les développeurs. Un ingénieur de Meta, Jesse Chen, a en effet annoncé le 1er mars que l’API de Threads serait « largement disponible à partir de fin juin ». On ignore encore si ce sera payant.

Avec 130 millions d’utilisateurs actifs mensuels revendiqués fin 2023, Threads pèse bien plus lourd que Mastodon et son million d’utilisateurs par mois. « J’espère que Threads sera plus ouvert que X », confie Paul-Louis Hery, qui souligne que longtemps, Twitter a été un lieu d’ « expériences » pour les développeurs.

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