Avec la multiplications des canaux de diffusion - du mobile, aux tablettes tactiles, sans oublier la télévision connectée - les éditeurs sont-ils devenus, selon ce nouveau vocable en vogue... "des fournisseurs de contenus" ?
Le Geste a organisé le vendredi 8 avril dernier une journée de prospective sur l’avenir des télévisions connectées et des tablettes tactiles. Sur ce marché, la France a une longueur d’avance en termes d’usages comme de taux d’équipement. En effet, en 2012, ce sont près de 60% de nos télévisions qui devraient être connectables (contre 25% en moyenne dans le monde) mais seront-elle pour autant connectées ? Si oui, à quoi et par qui ? Tous les acteurs réunis se sont accordés à dire que l’usage généralisé d’internet, accompagné des dernières avancées en termes de couverture, de débit et de possibilités de connexion à tout type de terminal, vont permettre, ensemble, de faire rapidement sauter les dernières cloisons. L’approche stratégique est forcément globale. D’ici quelques années il n’existera plus qu’un seul et unique marché composé d’une multitude de terminaux, de la télévision, au téléphone à la chaîne hi-fi en passant par la tablette jusqu’au réfrigérateur, tous connectés et interconnectés.
Eric Scherer, directeur de la Prospective, de la Stratégie et des Relations Internationales de France Télévisions précise : «D’ici deux ans, plus de 80% des flux internet dans le monde seront occupés par de la vidéo mais la valeur ajoutée se situera sur toutes les offres de services annexes et complémentaires qui encourageront l’interactivité avec les utilisateurs. Tous les marchés sont en train de se décloisonner et se rejoindre.»
Pour Arnaud Brunet, directeur Relations Extérieures chez Sony France : « Nous sommes à une période charnière de multiplication des écrans, des services et des contenus. Les lignes bougent sous la pression de la technologie. Aussi nous testons tout et l’on ne s’interdit rien. Et nous travaillons avec tous afin qu’à terme chacun trouve sa place dans la nouvelle chaîne de valeur ».
« La multitude des acteurs et la demande très diversifiée des utilisateurs nécessite la création d’un écosystème complexe dont la plupart des règles restent encore à définir et où un équilibre entre les différents acteurs de la chaine de valeur doit être trouvé», commente Edouard Benroubi pour la BBC, chez qui il développe les propositions multiplateformes IPTV et mobile, pour couvrir en particulier les Jeux Olympiques de 2012.
Selon une enquête Médiamétrie, dont les résultats ont été divulgués à l’occasion de cette journée, le marché français sur ces terminaux est encore en gestation en 2011, entre les mains des early adopters. « Ce sont principalement des hommes, CSP+, en activité et sans enfants qui constituent actuellement le profil type des utilisateurs de tablettes mais l’usage se développe à très grande vitesse et devrait rapidement se démocratiser à toute la famille. » indique Tiphaine Goisbeault, directeur du pôle Telecom et Equipement de Médiamétrie.
Selon Médiamétrie, 31,5% des Français déclarent préférer les tablettes aux ordinateurs pour la lecture de journaux (1). Sur l’ensemble des usages étudiés, il semble que les tablettes encouragent avant tout la consommation de vidéos, de jeux vidéo et de contenu éditorial d’information sous forme de
journaux ou de magazines.
En termes d’usages, l’étude Médiamétrie nous apprend que les tablettes tactiles semblent avoir rapidement trouvé leur place entre l’ordinateur et le téléphone, en complément et non pas en remplacement (2). Ainsi la tablette est un écran supplémentaire, particulièrement apprécié à la maison car il est transportable partout, convivial et avec une taille d’écran plus confortable que celle d’un téléphone portable.
Pour Thierry Bardy, Directeur open innovation, R&D chez Orange : « Les tablettes ont encore énormément de champs de développement à explorer. Nous pouvons aisément imaginer une tablette tactile servant à diffuser des photos sur sa table de nuit le soir, se transformer en réveille-radio le matin puis vous suivre dans votre voiture comme GPS, et continuer à vous servir ensuite tout au long de la journée comme télévision, écran de démonstration, assurant le lien entre usage personnel et usage professionnel. »
En conclusion, le GESTE s’inquiète de la multiplication des « couches » entre l’éditeur et le client final. En effet, si ces nouveaux marchés sont bien d’enthousiasmants paris pour les éditeurs de contenus et de services en ligne, il est aussi clair que le lien entre le consommateur et l’éditeur pourrait devenir de plus en plus distendu, avec le risque de voir l’opérateur, ou le constructeur lui-même, « éditorialiser » et « hiérarchiser » les contenus en fonction d’impératifs exclusivement marketing.
(1) Source : Médiamétrie TSM / MCI – Q3 2010 / Q1 2011
(2) Source : Médiamétrie– Etude Screen 360 – Phase qualitative – Mars 2011
Participer à la conversation