
« Clic clic clic, mon cerveau est tout engourdi ». En partenariat avec la CNIL, Hally lève les dessous de la gouvernance algorithmique dans un projet éducatif et militant.
Non, ce n’est pas là qu’un jargon destiné aux pros du web : tous les internautes que nous sommes sont formatés par les algorithmes. Mais au fait, c’est quoi un algorithme ? Comment ça marche ? A quoi ça sert ? Pour qui ?
En résidence à la CNIL pendant plusieurs mois, Victoria met au point Hally, « l’oracle du net » qui, non content de se délecter de cookies à l’heure du goûter, explique en détail la façon dont les algorithmes structurent et influencent nos interactions numériques.
Grâce à une analyse structurelle, elle a pu découvrir les schémas qui existent au travers des différents services. « C’est assez révélateur de leur manière d’interagir avec les utilisateurs, et on découvre des aspects qui ne sont pas forcément visibles dans les "à propos" ».
En parallèle, sur le site, une partie dédiée aux « tendances web » permet d’accompagner l’internaute sur des sujets tels que la gouvernance algorithmique, l’économie de l’attention, la quantification de soi, l’effet de foule, les bulles filtrantes, les revenus générés par les données… En plus d’une présentation complète de chaque tendance, on trouve des modes d’action pour récupérer un peu le contrôle. Pour « échapper » à la gouvernance algorithmique, rien de tel qu’un check-up de sa privacy Google, ou de désactiver les annonces personnalisées. Pour s’assurer de la sagesse de la foule plutôt que de l’effet mouton, l’extension des Décodeurs du Monde peut être un précieux allié. Vous voulez comprendre comment des tiers se font de l’argent sur vos données ? Ghostery est là.
Le projet est expérimental. « C’est un témoignage de ce que la CNIL essaye de faire en termes de design : le design a des implications éthiques ». A l’heure où l’enjeu est primordial dans le numérique, on minimise trop souvent l’impact du design dans la façon dont on oriente l’utilisateur. « Or un même service peut être plus éthique en changeant la façon dont il propose des interactions ». Victoria précise : « on réduit souvent l’éthique d’un produit à la partie ingénierie, mais il faut prendre le temps de bousculer les codes, de repenser l’intérêt humain au-delà de l’intérêt économique ».
Bousculer les codes demandera du temps, mais la prise de conscience qui s’opère chez les grands (Facebook ou la CNIL) comme chez les plus petits (studios indépendants et internautes) laisse à penser que l’on pourra, pas à pas, avancer sur un terrain où chacun trouve un peu plus son compte… « Il faut questionner ce que l’on a généralisé trop rapidement ».
Vous souhaitez contribuer ? Le projet est accessible en open-source. « Si une communauté a envie d’appliquer Hally à d’autres services, ce serait super ». Instagram, prochain sur la liste ?
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