Un petit pas pour l’homme, un grand pas pour les marques. Quelle raison nous pousse à traduire l'inaudible en pistes SoundCloud ? Une tribune signée Laurent Cochini, Directeur Général de Sixième Son.
Pour les aspirants Thomas Pesquet (premier DJ en apesanteur) ou les nostalgiques de Space Oddity, la NASA nous offre une expérience aérospatiale via le son. Sur le profil SoundCloud de l’agence spatiale, on réécoute les message-radios cultes ( « Houston, we have a problem ! » ) mais pas que. On plonge aussi dans l’univers sonore des météorites, des satellites, des planètes. Pourtant, « écouter l’espace » est une expression qui sonne faux aux oreilles des scientifiques, même les moins aguerris : au-delà de l’atmosphère, pas d’air, et donc pas de son. En effet, qu’est-ce que le son, sinon une propagation de frottements de molécules d’air ?
La NASA a donc fait l'effort de traduire d’autres ondes - électromagnétiques - qui parcourent le vide intersidéral en bandes-son audibles. Vénus, Mars, Saturne, à chaque planète sa bande-son, son « identité sonore ». Le résultat : des Objets Sonore Non Identifiés, peu musical, mais passionnant.
La musique est un moyen de répondre à la quête universelle de sens et d'appropriation
Comment expliquer notre fascination commune pour ces vacarmes stridents ? Certainement parce que donner à entendre ces "sons" rend palpable ce qui nous dépasse. Ces traductions sonores - aussi bidouillées soient-elles - répondent à une quête universelle de sens et d'appropriation. Nous ne connaissions de l’espace que des images. Confrontés à nos cortex reptiliens, ces sons puisent en nous des émotions d’un autre ordre, peut-être plus intimes. L’immersion dans ce bain sensoriel nous permet de prendre conscience que l’espace est incroyablement tangible.
« One small sound for a man, one giant leap for a brand »
La vue et l’ouïe sont les deux sens principalement sollicités pour la compréhension de ce qui nous entoure. L’information auditive apporte à la vue seule une dimension plus sensible et émotionnelle. Le son, la musique, la voix, la prononciation, sont autant de paramètres sonores à maîtriser avec le plus grand soin. Ils ne sont pas moins que la moitié du couple linguistique “signifiant-signifié” qui donne sa valeur au message.
À l’image des planètes, les marques aussi peuvent être inaudibles et les découvrir peut parfois ressembler à une rencontre du troisième type. Comme le disait Platon, « la musique est le langage des émotions », et a cette capacité fantastique à créer du lien, à rassembler les familles et les voisins, à rapprocher des gens vivant à des milliers de kilomètres en quelques secondes, et même à nous faire entendre les planètes… Bref un langage universel.
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