
Sur TikTok et surtout sur Threads, la rumeur selon laquelle Kamala Harris va exposer les preuves d’une fraude électorale massive est en train de monter.
Il y a comme une petite impression de déjà-vu qui flotte sur les réseaux depuis l’annonce des résultats du scrutin présidentiel américain. Sur Threads ainsi que sur TikTok, on parle de plus en plus de fraude électorale, de plan secret et de personnalités politiques qui devraient bientôt se retrouver derrière les barreaux. Ces rumeurs plutôt fumeuses qui avaient largement dominé les discours de Donald Trump et de ses soutiens lors de la précédente présidentielle de 2020 se retrouvent à présent dans la bouche des supporters de Kamala Harris.
Fraude électorale et procès attendus
Sur les réseaux de Meta, les arguments s’enchaînent et vont du simple doute quant au décompte des voix à la théorie selon laquelle Elon Musk aurait piraté l’élection par l’entremise de sa société Starlink, qui connecterait les machines à voter. Cette théorie a d’ailleurs été démentie par les responsables électoraux.
Une autre variation de ces théories, visible sur TikTok, assure que Kamala Harris préparerait, avec une équipe d’avocats chevronnés, de gigantesques poursuites judiciaires à l’encontre de Donald Trump et de son entourage. Dans une vidéo récente, un tiktokeur prévient ses views que « la merde va bientôt toucher le ventilateur », une manière imagée de dire qu’une gigantesque machine judiciaire va se mettre en marche.
La réalité de la post-vérité
D’après la journaliste spécialisée sur la culture numérique Taylor Lorenz, une bonne partie de ces théories complotistes trouve sa racine dans la déception et le manque d’explication logique derrière la victoire de Donald Trump. Dans un univers médiatique dominé par la « post-vérité » et où les gens ont de plus en plus de difficultés à partager une réalité commune, la montée de ce type de rumeur semble inévitable. S’ajoutent à cela plusieurs facteurs aggravants.
Le premier d’entre eux est la réaction jugée un peu trop calme du duo Biden et Harris. Comme l’indique le tiktokeur anonyme Alamodal, qui commente la politique américaine, ce manque de dramaturgie autour de la défaite laisse entendre aux soutiens des démocrates les plus désespérés qu’un autre plan est en train de se dérouler dans l’ombre.
Merci Meta
L’autre facteur est la diffusion à grande échelle, sur Threads, des théories échafaudées par Stephen Spoonamore, un complotiste que certains surnomment « le Q libéral » en référence au mouvement QAnon, traditionnellement situé à l’extrême droite. Très présent sur le réseau Spoutible, il a théorisé l’idée selon laquelle les machines électorales allaient être piratées afin de permettre « une prise de contrôle fasciste à grande échelle ». Même si ce discours n’est repris que par des utilisateurs plus ou moins influents de Threads, et non par les personnalités démocrates, ce dernier peine à être débunké, en partie à cause de la faible présence journalistique au sein de la plateforme de Meta. Pour rappel, Meta supprime ou rend invisibles sur l’ensemble de ses réseaux, les contenus liés à la politique, incluant le travail des journalistes.
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