
Depuis maintenant trois ans, les étudiants de l'université d'Alabama voulant intégrer des sororités du campus documentent leurs efforts sur TikTok et fascinent l'Amérique.
« Bonne journée à tous ! Réveillez-vous ! Aujourd'hui nous sommes le premier jour de l'Alabama Rush. Je suis super excitée, et j'espère que vous allez passer une super journée et pas seulement une bonne journée ». Sur TikTok, Kilan Darnell est l'archétype de la parfaite étudiante blonde que l'on voit dans les teen movies. Cette jeune fille enjouée explique à ses 751k abonnés comment bien vivre la nouvelle saison de Bama Rush. Et le sujet semble passionner puisque le hashtag correspondant dépasse les 4 milliards de vues. Mais au fait…, c'est quoi le Bama Rush ?
Bama quoi ?
Chaque année, les universités américaines remettent ça. Le « rushing » se déroule à la fin du mois d'août et pendant environ une semaine. Pendant cette période, les étudiants postulent à l'entrée dans des fraternités ou de sororités, ces clubs étudiants qui sont le ciment de la vie sociale du campus. En fonction des universités, l'appartenance à ces organisations permet d'asseoir sa classe sociale et de tisser un réseau solide qui servira tout au long de la vie – professionnelle surtout. Pour entrer dans ces clubs, il faut donc montrer qu'on est motivé et surtout qu'on est digne de faire partie du club.
Le Bama Rush désigne le rushing de l'université d'Alabama. Car dans cet État du sud des Etats-Unis, le rushing est pris très au sérieux par les étudiantes qui documentent sur TikTok leurs tenues du jour (comptez plus de 5 000 dollars), les maquillages, le CV (car oui, on est aussi recruté sur CV) ou les chorégraphies des sororités qu'il faut apprendre et performer à la perfection pour espérer entrer dans ces cercles élitistes. Du fait de cette intense compétition, le Bama Rush est raconté mais aussi suivi façon TV réalité, fascinant de filles blanches et riches. On parle désormais de « saisons » et sur TikTok, on vient de terminer la troisième.
Une certaine idée de l'Amérique...
Sur les vidéos de Bama Rush, l'immense majorité des filles qui participent sont issues de classes sociales élevées et sont toutes blanches. Si l'université d'Alabama a attendu une requête spéciale en 1962 pour autoriser les étudiants de couleur à s'y inscrire, il faudra attendre 2013 pour que les sororités soient obligées d'appliquer la loi. Beaucoup de viewers regardent ce show avec un œil critique tandis que des tiktokeurs évoquent des aspects moins reluisants comme le concept de « basement girls », ces filles intégrées dans une sororité, mais considérées comme trop moches pour être filmées dans les chorégraphies.
Ce système de sélection atteint son apogée avec l'existence de « La machine », qu'on évoque par allusion uniquement. Derrière ce nom, se cache une société secrète qui recrute ses membres influents dans les différents clubs du campus pour pouvoir orienter la politique de l'université. Des filles, du scandale, une organisation secrète... autant de caractéristiques qui expliquent sans doute le spectaculaire succès du Bama Rush.
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