4 jeunes étudiantes en forêt avec des sacs pour ramasser les déchets

« Travailler avec les jeunes à un futur engagé et désirable est capital »

© Ron Lach

L’association Banlieues Climat a inauguré sa première École Populaire du Climat à Saint-Ouen. Une première et un projet d’ampleur.

Réputée pour son travail de sensibilisation auprès des jeunes de quartier, l’association Banlieues Climat veut démocratiser l’éducation climatique « par et pour les premiers concernés ». Former pour mieux répondre aux défis imposés par le réchauffement planétaire, c’est le pari de cette École Populaire du Climat de Saint-Ouen. Et l’occasion de revenir sur le rôle de l’éducation dans l’action climatique avec Simon Klein, médiateur à l’Office for Climate Education (OCE), une organisation qui tente d’insuffler une approche pluridisciplinaire aux enjeux du climat.

Une école populaire pour le climat : une initiative significative ?

Simon Klein : Dans l’engagement climatique en milieu scolaire, il y a quelque chose d’un peu élitiste. Certaines classes d’élèves vont pouvoir accéder à cet engagement parce que les professeurs sont sensibilisés ou qu’ils croient en une éducation transformatrice, mais il ne s’agit que d’une minorité. Ce genre d’initiative est super, il s’agit d’une réponse directe au mouvement Youth for Climate, aux grandes marches pour le climat, souvent perçues comme étant des mobilisations de jeunes privilégiés.

L’éducation est donc indispensable à l’action climatique ?

S.K. : Les études démontrent que la compréhension "cognitive" est nécessaire, mais insuffisante. Il faut y ajouter une dimension reliée au cœur, à la main. À l’OCE, nous interrogeons beaucoup les jeunes sur leur anxiété, soit un enjeu très lié à une pédagogie du cœur, mais aussi de la main – qui rend les jeunes actifs et acteurs. Et c’est un élément essentiel : donner le pouvoir d’agir.

Est-il possible de mesurer l’impact de l’éducation climatique sur les comportements ?

S.K. : La littérature n’est pas tranchée. En revanche, la pensée prospective a des effets positifs sur nos actions. Les élèves ont un besoin très fort de role models. Ils sont très influencés par les logiques néolibérales et n’arrivent pas à penser la transition, puisqu’elle n'est pas montrée. Travailler avec les jeunes à un futur engagé et désirable est capital.

Le manque de formation des enseignants est-il un frein ?

S.K. : On parle de transition, mais une transition pédagogique est aussi nécessaire. Le système scolaire français est sclérosant, centré sur les fondamentaux, et il reflète un certain déni politique des enjeux climatiques et de biodiversité. À mon sens, oui, il n’y a pas assez de professeurs engagés. Parce que ce n'est pas donné à tous d’aller à contre-courant de ce qui est imposé. Cela passe par libérer du temps de qualité pour les profs, pour qu'ils puissent se former et échanger entre eux.

La médiatisation de l’engagement des jeunes ne leur met-elle pas une pression supplémentaire ?

S.K. : Il existe plusieurs populations de jeunes. Ma crainte, c’est que la question du climat devienne plus politique, plus de l'ordre de la posture que de la logique scientifique. La surexposition des jeunes comme ceux qui régleront le problème, comme si cela dédouanait les générations actuelles, m’agace. On entend souvent dire : « Il faut éduquer les générations futures. » Non, il faut éduquer tout le monde et donner à chacun les moyens d’agir.

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