Serge Zaka devant un ciel orageux

À quoi sert Agroclimat, la plateforme de Serge Zaka ?

© Raychel Sanner et @sergezaka sur Instagram

Le spécialiste de l'agroclimatologie, Serge Zaka, a mis en ligne un outil nommé Agroclimat. Son objectif : aider les agriculteurs à protéger leur production et à organiser leur avenir face aux changements climatiques à venir.

Il a contribué à faire découvrir l'agroclimatologie, l'impact des changements climatiques sur les cultures au grand public et combat les climatosceptiques sur X : le chercheur Serge Zaka a lancé récemment une plateforme en ligne intitulée Agroclimat. Son but : cartographier les risques climatiques par région et par espèce. Le site se présente sous la forme d'une simple carte de France. Vous pouvez choisir une espèce végétale (abricotier, pommier, vigne…), un stade d'évolution (gonflement, repos hivernal, floraison…) et un modèle climatique parmi deux. Le résultat donne un pourcentage de risque de perte pour chaque espèce avec les variables sélectionnées.

« Le grand public doit y avoir accès »

Pour le grand public, l'intérêt reste limité, car à moins d'avoir d'importantes parcelles de culture à disposition, ces informations ne concernent pas tout le monde. Cela dit, il est tout de même important de les trouver ici. « C'est intéressant de porter à connaissance du plus grand nombre ce type de risques, considère Thierry Castel, agroclimatologue à l'institut Agro Dijon. Ce sont des données ouvertes, produites par les scientifiques, donc avec nos impôts. Le grand public doit pouvoir y avoir accès. »

Effectivement, le site repose en totalité sur les données brutes produites par Météo-France. D'ailleurs, les professionnels de l'agriculture ont déjà accès à ce type de diagnostic, mais sous d'autres formes, puisqu'ils doivent faire appel à des bureaux d'études ou à des services d'assurance (payants) afin de connaître les risques potentiels sur leurs plantations. Ici, tout est gratuit et ouvert.

Les modèles climatiques utilisés, eux, sont aussi utilisés par Météo-France. AROME, fruit d'une collaboration internationale, est utilisé pour améliorer la prévision à court terme. L'idée est de pouvoir prévoir d'importants orages, ou encore des épisodes cévenols ou des canicules jusqu'à 24 heures avant qu'ils ne se produisent.

ARPEGE est utile sur le plus long terme, et donne des informations sur les changements climatiques plus globaux avec des prévisions jusqu'à cinq jours.

Un manque de transparence

« Le problème, soulève Thierry Castel, c'est que ces modèles ne sont, par nature, pas extrêmement précis. Tout dépend des données que nous rentrons au début, il peut y avoir d'importantes variations sur plusieurs jours. » Le chercheur regrette l'opacité de la plateforme Agroclimat : « Il n'y a pas de références bibliographiques, d'explications sur la manière dont ça fonctionne, de métadonnées… Le problème, c'est que n'importe qui pourrait prendre ça, changer quelques petites choses, et raconter une tout autre histoire. »

Le site précise tout de même : « Ces prévisions sont issues de données brutes (...). Elles n'ont pas subi d'expertise humaine, ne présentent aucun caractère officiel et ne sauraient être en mesure d'assurer la protection des biens et des personnes. Ces données vous sont seulement fournies à titre indicatif et informatif. »

Malgré ces incertitudes, le chercheur salue la démarche de Serge Zaka : « L'agroclimatologie a longtemps été mise de côté car on ne pensait pas qu'il y avait des changements à long terme. Désormais, les agriculteurs en tiennent compte, ils voient que les bouleversements climatiques impactent leur rendement. Ce type d'initiative contribue à mettre la lumière sur ce problème. »

Serge Zaka a ouvert un Tipeee pour récolter des fonds afin d'améliorer le modèle. Parmi ses projets, ajouter d'autres espèces agricoles, d'autres types de risque, et d'autres modèles climatiques, afin d'avoir une plateforme plus complète et versatile.

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