
Des écosystèmes fragilisés ou détruits, des marins ruinés, les océans pollués qui ont rendu les poissons mauvais par notre santé. Et si on mettait un coup de frein à notre surconsommation ?
L’augmentation de la consommation de poisson de ces dernières décennies a des conséquences directes et néfastes sur la faune et la flore marine : surpêche, pollution, destruction des fonds marins, etc. Dans son ouvrage Manger du poisson ? (Actes Sud, collection Je passe à l’acte, 2025), Claire Sejournet nous invite à réfléchir à nos habitudes changer notre regard sur le monde marin.
Vous notez dans votre ouvrage que la consommation de produits de la mer a explosé en quelques décennies. Quelles en sont les conséquences ?
Claire Sejournet : À la fois cause et conséquence, il y a d’abord la surpêche qui consiste à pêcher plus que ce que nous devrions prélever pour laisser les populations se renouveler. S’il n’y a pas ce renouvellement, les poissons finissent par disparaître. La dégradation des écosystèmes, notamment à cause des techniques de pêche très agressives, est également un grave problème – les chaluts, en raclant les fonds marins, détruisent des environnements qui ont mis des années à se construire. Mais la surpêche a également des conséquences sociales. On le constate par exemple sur les poissons pêchés près des côtes africaines qui sont ensuite envoyés et consommés en Europe, ce qui prive les populations locales.
L’aquaculture devrait encore croître de 37 % d’ici 2030 selon la FAO. Est-ce une solution pour lutter contre la surpêche ?
C. S. : Ce n’est pas parce que l’on produit plus de poissons en ferme d’élevage que l’on pêche moins. L’offre de poissons d’élevage s’ajoute à celle des poissons sauvages. L’aquaculture a seulement pour effet d’augmenter l’offre. Par ailleurs, elle crée de nouveaux problèmes : les poissons étant enfermés dans des filets, toutes leurs déjections se concentrent au même endroit et polluent l’eau. La santé et le bien-être des poissons sont dégradés - ils sont massivement traités avec des antibiotiques. Les saumons, espèce très représentée dans les élevages, sont des animaux migrateurs qui parcourent plus de 6 000 km dans leur vie ; mais en aquaculture, ils tournent en rond dans des bassins.
Sur 148 boîtes de thon analysées par l’ONG Bloom, toutes présentaient un taux de mercure excessif. Au-delà de la raréfaction des poissons, la pollution devrait nous empêcher d’en consommer ?
C. S. : Dire que l’on ne pourra plus manger de produits de la mer à cause de la pollution est un propos sombre, mais crédible. Et les poissons près des côtes ne sont pas plus épargnés que ceux de haute mer, car ils vivent dans des eaux qui récupèrent toutes les eaux usées provenant des rivières. La pollution de l’océan est un réel problème, pas seulement pour la consommation de poissons, mais aussi car les mers et les océans jouent un rôle essentiel dans l’écosystème mondial.
Le problème est international : nos pays imposent des réglementations qui visent à empêcher de consommer du poisson trop contaminé, mais, dans certains pays où le poisson est la seule source de protéines, les populations n’ont pas d’autre choix que de le consommer, malgré les risques.
La surpêche dégrade également les conditions de vie et de travail, pouvant aller jusqu’au travail forcé sur les navires de pêche. Comment peut-on mettre fin à ces pratiques ?
C. S. : Cette question relève du droit et de la volonté des États. Les associations tirent la sonnette d’alarme, mais nous sommes bien moins informés sur ce marché que sur d’autres, comme la fast fashion par exemple. À l’échelle des individus, on peut consommer différemment : quand on habite près de la côte, il est possible d’aller à la criée pour favoriser les circuits courts et l’activité locale. Il y a également des structures – comme Poiscaille – qui livrent du poisson frais et local, issu de la pêche artisanale, dans toute la France. En supermarché, les labels ne sont malheureusement pas une garantie de respect des travailleurs, des poissons et des océans.
Comment retrouver un rapport sain à cette consommation ?
C. S. : Nous ne nous rendons pas compte de la quantité de produits de la mer que nous mangeons. Nous n’avons que rarement un poisson entier devant nous, mais un filet, une tarte aux noix de Saint-Jacques, un canapé au saumon, etc. Le poisson est très présent dans les produits transformés, et tous ces aliments additionnés font que nous mangeons plus souvent des produits de la mer qu’on ne le croit. D’un point de vue statistique, il faudrait manger 8 kg de produits de la mer par personne et par an en France pour que chacun, à l’échelle de la planète, puisse également y avoir accès. Nous sommes à 35 kg, soit 3 fois plus que ce que nous devrions consommer. Par ailleurs, ce problème touche toute l’alimentation.
Alors Vive Poiscaille ! Le poisson durable sur toute la ligne !
Ça fait plusieurs années que j'achète 2 fois par mois un casier à Poiscaille ou accessoirement à des petits producteurs locaux.
J'ai lu un ouvrage consacré à Sea Shepherd, l'association de défense du monde marin de Paul Watson. Tous ses membres embarqués dans leurs opérations sont végétariens et ne mangent aucunement du poisson même lorsqu'ils sont en haute mer. Bel exemple de fidélité à ses idéaux.
Que peut on manger ou faire manger à ses enfants sans avoir une arrière pensée qu'on est en train de les empoisonner tout doucement...
Que ce soient les viandes, les légumes , les fruits, le poisson , les médocs , tous sont à mettre dans le même sac, questions des gros sous , dans les Pubs , on ne vous dira jamais ; ne mangez pas ceci ou cela !!!
J'essais de manger le minimum de ce que je ne peux pas produire moi même.