
Le CRIA G20, le G20 des créateurs de contenu, a rassemblé 4 000 curieux à Rio de Janeiro, en parallèle du sommet mondial. Youtubeurs, activistes digitaux et politiques se sont penchés sur la question des fake news sur l’environnement.
Madonna qui cause une tempête à Rio de Janeiro ? Des antennes américaines responsables des inondations monstres qui ont touché le sud du Brésil en mai dernier ? Aussi invraisemblables soient-elles, ces fake news sur le climat ont été partagées en masse sur les réseaux sociaux brésiliens, dans un pays où leur consommation est particulièrement intense. Le sujet était parmi les principales préoccupations du CRIA G20, un sommet de trois jours réunissant créateurs de contenu, influenceurs et activistes, en parallèle du G20, qui s’est achevé le 19 novembre à Rio de Janeiro.
Le gratin de l’activisme digital brésilien – et mondial, s’est réuni pour réfléchir sur le bon usage des réseaux sociaux comme outil de lutte contre la désinformation. Scrollant assidûment sur son smartphone, Léticia Sarturi, immunologiste et vulgarisatrice scientifique, a fait le déplacement depuis São Paulo. Frappée par la quantité de fake news circulant pendant l’épidémie de Covid-19, la chercheuse a décidé de les combattre. Une mission qu’elle juge « d'utilité publique », alors que près de 90 % des Brésiliens admettent avoir déjà cru à de fausses informations, selon une enquête d’avril 2024 de l'Institut Locomotiva.
Fake news et vrais drames
Dans le cas de catastrophes climatiques, fréquentes au Brésil, la diffusion de ces fausses informations peut aller jusqu’à avoir des conséquences dramatiques. « Lors des inondations qui ont touché notre région, ça a perturbé et entravé les actions de recherche et de sauvetage », alerte Matheus Gomes, député de l’État Rio Grande do Sul, suivi par 160 000 personnes sur Instagram. Aliments périmés envoyés par l’État aux victimes, pluie de poissons, détournement de dons, déni du réchauffement climatique : selon un rapport de l'Institut Democracia em Xeque, entre le 7 et le 13 mai, sur les 7,7 millions de posts concernant les inondations sur les réseaux sociaux, 4,3 millions, soit plus de la moitié, étaient des fake news. 75 % de ces contenus provenaient de l'extrême droite. Une dynamique qui a également été observée plus récemment, lors des pluies torrentielles qui ont frappé Valence, en Espagne. Comment endiguer le phénomène ? Les créateurs de contenu présents au CRIA G20 entendent assumer leurs responsabilités.
Les influenceurs mobilisés contre la désinformation
Invité star de l’événement, le youtubeur Felipe Neto, 46 millions d’abonnés sur la plateforme, exhorte ses confrères et consœurs à « user de leur influence pour combattre les fake news ». Un grand pouvoir – celui de parvenir à hypnotiser et capter l’attention en ligne – implique de grandes responsabilités. « Là où ils endoctrinent les jeunes, il faut que nous les inspirions », continue celui qui compte parmi les dix plus gros youtubeurs mondiaux. En s’impliquant sur ses réseaux, Felipe Neto a récolté près de 800 000 euros pour les victimes des inondations à Rio Grande do Sul.
Pour lui, si les réseaux sociaux font partie du problème en répandant les fake news, ils peuvent aussi faire partie de la solution. Un constat partagé par la scientifique Léticia Sarturi, qui l’écoute attentivement depuis le fond de la salle. « C’est avec des informations scientifiques accessibles qu’on peut combattre le négationnisme. Il ne faut pas hésiter à créer de l’empathie pour que le public s’identifie à nous » , souligne-t-elle. Afin d’enrayer la machine conspirationniste, « il faut l'exposer et dénoncer ceux qui y contribuent » , explique Mitzi Jonelle, militante philippine pour le climat. Dans l’attente d’une législation et de mécanismes de contrôle plus efficients, elle invite les créateurs de contenu présents dans le public à « développer coûte que coûte l’esprit critique de leur audience ». Connaître les stratégies de la désinformation, pour s'immuniser.
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