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Un pyromane trahi par son pacemaker

Après avoir mis le feu à son domicile, il se fait trahir par les données de son pacemaker auprès des assurances. C'est le fait IoT du jour.

Dans l’Ohio aux Etats-Unis, Ross Compton risque deux condamnations : l’une pour fraude à l’assurance, l’autre pour incendie volontaire. En effet, en septembre dernier, l’individu expliquait à la police avoir remarqué un début d’incendie à son domicile. Vraisemblablement, les flammes auraient été aperçues vite par Ross Compton. L’Américain aura juste eu le temps de sauver quelques affaires, jetées par une fenêtre préalablement brisée, dont son ordinateur, intact. Il faudra nous en donner la marque.

Bilan de l’opération : 400 000 dollars de dégâts.  Mais la police a des doutes, du fait de la forte odeur d’essence qui se dégage sur le lieu de l'incendie et après la détection de plusieurs départs de feu répartis autour du site. Elle décide alors de demander un mandat de perquisition pour étudier les datas du pacemaker de Ross Compton qui souffre d'une maladie cardiaque. Dès lors, le résultat est incontestable : le sexagénaire n’aurait jamais pu casser une vitre et transporter ses affaires si vite, sa version des faits est donc invalide.

 

« Il est plus qu’improbable que Ross Compton ait pu être en mesure de collecter, emballer et retirer le nombre d’éléments de la maison, quitter la fenêtre de sa chambre à coucher et transporter de nombreux objets volumineux et lourds à l’avant de sa résidence pendant cette courte période de temps en raison de son état de santé »

Cardiologue de Ross Compton

Une mauvaise foi dérisoire face à l’exactitude technologique

Interviewé par 5WLWT, chaîne locale, il se dit innocent et s’exprime : « La situation est devenue incontrôlable, je n’ai jamais voulu brûler ma maison. C’est de la folie ». L’homme a, par ailleurs, plaidé non coupable aux accusations auxquelles il doit faire face devant un grand jury. Réponse le 21 février.

La EFF (Electronic Frontier Foundation), n’a pas tardé à réagir à la situation vue comme une atteinte au droit au respect des données personnelles des individus.

 

 

Les objets connectés, un monde sans légifération

Les objets connectés ou « IoT », déjà nombreux, seront présents, demain, partout dans notre quotidien, mais aussi dans notre propre corps. Comme l’EFF le sous-entend, le cas Ross Compton s’avère dangereux. Elle dénonce les manques d’une société tout sauf préparée à la révolution du maillage technologique. La police est, par exemple, déjà intéressée par des conversations entre particuliers, à l'origine simplement écoutées puis analysées par le service grand public Echo d’Amazon. Les hackers, eux, préviennent des failles informatiques des pacemakers. De quoi nous inquiéter au sujet d’objets qui deviennent indispensable mais aussi exploitables.

Si ces petits dispositifs dans notre corps veillent à notre santé, prennent dans une certaine mesure soin de nous, ce fait divers nous rappelle qu'ils font office de véritables mouchards. Une mise à mal pour les simples citoyens que nous sommes et une opportunité pour les assureurs, notamment, qui voient venir doucement mais sûrement les contrats personnalisés. Datas relatives à notre consommation d'alcool, de drogue, de sucre, seront autant de repères sur lesquels les assurances pourront capitaliser. Notre système de santé égalitaire, équitable et solidaire se verrait anéanti par l’ère de la santé personnalisée. L’un paiera plus à cause d’un taux de sucre trop élevé, l’autre paiera moins pour son abstinence vis-à-vis de l’alcool ou de la cigarette. Ces affaires se multiplient depuis quelques années et posent ainsi la question de la bioéthique face à l'innovation. Un sujet abordé sous toutes ses formes la semaine dernière au Forum européen de la bioéthique, l'homme augmenté est-il encore humain et doit-il être respecté, et l’urgence d’imposer des barrières à une technologie qui évolue vite sans être maîtrisée.

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