Ascendance-Flight-tech

Taxis volants, drones… Comment nos villes voleront-elles ?

Avec Bpifrance
© Ascendance Flight Technologies

Décarbonées, sûres, silencieuses, et dans le futur, peut-être même téléguidées… Les nouvelles mobilités aériennes urbaines (NMAU) émergent dans le paysage des transports français. Pour quels usages ? La réponse avec Arnaud Despoisse, directeur de participations chez Bpifrance Investissement.

Ils décollent et atterrissent verticalement comme des hélicoptères, mais sont plus silencieux. Ils se déplacent rapidement grâce à de l’énergie électrique ou hybride. Ils volent en zone urbaine, parfois à la campagne. On les appelle les nouvelles mobilités aériennes urbaines (NMAU). Mais à quoi servent-elles ? Et que peut-on espérer de ces objets volants bien identifiés ? 

« Les NMAU représentent l’une des grandes promesses du futur de la mobilité urbaine », explique Arnaud Despoisse, directeur de participations chez Bpifrance Investissement. Rayonnant sur le pays toulousain – terre riche en industrie et projets aéronautiques –, Arnaud Despoisse a co-piloté la matrice Demain de Bpifrance dédiée à ces nouvelles mobilités aériennes innovantes. Avec elle, ce sont près d’une cinquantaine d’acteurs des filières drones et eVTOL (electric vertical take-off and landing) qui ont été interviewés afin d’appréhender l’état de ces marchés émergents à l’aube de 2025. 

Mais au fait, qu’est-ce qu’une NMAU ? Sont considérés comme NMAU tous les engins qui « permettent de transporter des marchandises ou des personnes, en milieu urbain, périurbain ou rural, sur des distances courtes ou moyennes, avec ou sans pilote, tout en ayant un impact moins important sur l’environnement », explique Arnaud Despoisse, c’est-à-dire à la fois les aéronefs de décollage et atterrissage vertical (eVTOL) et les drones. On pourrait ainsi imaginer transporter dans ces véhicules aux lignes élégantes des personnes en urgence médicale, mais aussi les clients plus classiques de l’aviation d’affaires, de manière plus décarbonée que l’avion ou l’hélicoptère. Demain, volera-t-on comme on prend un Uber ?

Un marché français qui a du mal à décoller

Le transport de personnes par eVTOL, « ce n’est pas pour tout de suite en Europe », temporise Arnaud Despoisse. Les Jeux olympiques et paralympiques devaient être l’occasion de sonner le coup d’envoi des aéronefs à décollage et atterrissage vertical de l’acteur allemand Volocopter. En vain. Après plusieurs semaines d’aller-retour avec l’Agence européenne de sécurité aérienne (EASA) pour faire certifier son appareil, le promoteur de taxis volants électriques a dû laisser la clé sur le contact et renoncer à la vitrine offerte par les Jeux. 

Pour Arnaud Despoisse, la société allemande s’est surtout heurtée à un « frein social » : « Si le régulateur - Direction générale de l’aviation civile (DGAC), Agence de l'Union européenne pour la sécurité aérienne (EASA) - prend en compte le risque humain, les législateurs (gouvernement, mairies) prennent aussi en compte le risque sociétal, notamment celui lié à la pollution sonore et visuelle ». Une résistance institutionnelle notamment illustrée par le contentieux initié par la Ville de Paris contre l'arrêté ministériel de juillet 2024, qui validait l'installation d'un vértiport à Austerlitz. 

Contrairement à des villes comme Sao Paulo – « la ville où circulent le plus d’hélicoptères au monde » – ou New York, Paris semble tenir à un ciel vierge de pollution sonore et visuelle à basse altitude. Le transport à la demande par les airs, même décarboné, n’est donc pas pour tout de suite. En tout cas, pas en Europe. « La Chine est moins regardante d’un point de vue réglementaire et sécuritaire », précise Arnaud Despoisse. Volocopter vient ainsi d’être racheté par le groupe chinois Wanfeng et l’acteur EHang de décrocher l’autorisation d’opérer des vols commerciaux dans certaines provinces chinoises

Au-delà de la législation, se pose la question de la viabilité du modèle économique des eVTOL, qui repose exclusivement, tout du moins dans un premier temps, sur une clientèle d’affaires, des virées à vocation touristique pour des passagers fortunés, ou du transport médical.

Drones des villes, drones des campagnes

Pour l’heure, en France, c’est plutôt le chant des drones qui a le plus de chances de séduire. D'une part en raison d’un savoir-faire historique en aéronautique, rappelle Arnaud Despoisse, mais aussi des faibles coûts d'infrastructures associés. « La France est précurseur, tant dans l’écosystème de conception et de production de drones que dans l’interopérabilité de ces technologies. Dans les zones rurales, les drones, mais aussi les eVTOL représentent une opportunité pour le transport de biens et de personnes sur une courte distance. Le frein social, étroitement corrélé au risque humain, y est moindre. Cela joue en faveur de l’émergence des cas d’usage : urgences médicales et mobilité d’affaires, notamment.  ».

Pour émerger, ces NMAU misent sur une empreinte carbone moins importante que les modes de transport actuels. Pour cela, elles ont vocation à opérer avec une motorisation électrique ou hybride, à l’instar des véhicules développés par le français Ascendance Flight Technologies. 

Attention tout de même : « Le secteur doit se poser les mêmes questions que l’industrie automobile avec la voiture électrique, en examinant le cycle de vie complet des appareils ». Comprendre : la performance environnementale des NMAU reposera sur la maîtrise de l'ensemble de leur chaîne de valeur - de l'extraction des terres rares nécessaires aux batteries jusqu'aux défis substantiels que pose la recyclabilité des matériaux composites utilisés pour l'optimisation aérodynamique. « Nous n’avons pas encore le recul suffisant à date pour apprécier l’impact carbone sur l’intégralité du cycle de vie de ces NMAU. Pour autant, en ce qui concerne la phase de vol, la valeur ajoutée ne fait aucun doute, à condition que l’électricité utilisée soit décarbonée », pointe Arnaud Despoisse, ce qui est heureusement le cas en France. Armées de réponses à ces enjeux – c’est sûr – les nouvelles mobilités aériennes urbaines pourront tout à fait décoller.

Discutez en temps réel, anonymement et en privé, avec une autre personne inspirée par cet article.

Viens on en parle !
commentaires

Participer à la conversation

  1. Avatar Yuropp dit :

    Comment gérer les bouchons ?

Laisser un commentaire