Pour exister dans un paysage médiatique saturé de discours de plus en plus similaires et séduire un consommateur dont les attentes ont explosé, les marques multiplient les actions et déclarations démontrant leur engagement pour de grandes causes...
Une tribune de Axel Julien, Strategic Planner chez Sensiogrey.
« Sex doesn’t sell anymore, activism does. »
Mais du militantisme à l’opportunisme il n’y a qu’un (faux) pas que le consommateur ne manquera pas de remarquer. A l’heure du smartphone et des réseaux sociaux, il faut garder en tête quatre grands principes qui régissent le contexte dans lequel évoluent désormais les marques :
- L'incertitude engendrée par l’hyper-connectivité qui a fait perdre au marque le contrôle sur leur communication. Les risques, externes ou internes sont démultipliés. À tel point qu’il est impossible d’anticiper tous les scénarios.
- L'horizontalité des relations créée par les réseaux sociaux. Consommateurs, marques, CEOs et homme politiques sont maintenant au même niveau d'accessibilité et d'exposition.
- L'immédiateté due au mobile qui fait que quelques minutes suffisent pour qu’un événement néfaste pour la marque se retrouve partagé sur les réseaux sociaux. Fake news ou pas, si la marque ne réagit pas assez vite, d’autres le feront pour elle.
De la politisation à l’activisme de marque
Le vrai activisme de marque nécessite de repenser son modèle d’entreprise afin d'intégrer les engagements au cœur de l’activité et développer des actions concrètes. Poule House, première marque d’œufs engagée dans le respect des animaux, a créé un refuge et finance des projets innovants sur le sexage IN OVO pour stopper le massacre des poussins mâles. Une démarche beaucoup plus lente et coûteuse mais qui permet de reprendre le contrôle sur l'écosystème de la marque et de réduire les risques en renforçant sa légitimité.
A mi-chemin entre politisation et activisme, on retrouve les campagnes autour de sujets de société et les campagnes de brand utility. C’est l’approche de Carrefour qui a récemment lancé son “Marché Interdit” pour dénoncer l’atteinte à la biodiversité d’une loi interdisant la commercialisation de certaines semences paysannes.
Sur quel territoire s’engager ?
Sur quel sujet ma marque est-elle légitime pour prendre la parole ?
Possède-t-elle un savoir-faire qui permette d’apporter des solutions concrètes au problème ?
A-t-elle les moyens de s’engager et d’agir sur le long terme ?
Dans le cas du “Marché Interdit” de Carrefour, la légitimité de l'enseigne a été questionnée au lancement de la campagne par une partie de l’audience sur les réseaux sociaux. En tant que principal acteur de l’agroalimentaire en France, la marque n’a-t-elle pas largement contribué à la création du système qu'elle dénonce ? Certains consommateurs crieront au greenwashing, d’autres diront que la démarche est louable et que c’est une belle remise en question. De son côté, Carrefour peut s’appuyer sur le fait qu’elle est engagée dans l’agriculture biologique en France depuis 25 ans et détient un partenariat de 5 ans avec deux groupements de producteurs.
En vendant ces “fruits & légumes interdits” et en lançant une pétition pour changer la loi, Carrefour montre qu'elle apporte des solutions concrètes. La polémique elle-même finit par servir la marque qui monte en épingle un micro-événement dans ses rayons (40 magasins concernés, 10 espèces concernées). Carrefour se retrouve ainsi au coeur des conversations en suivant le conseil de ce bon vieux Bill Bernbach : "If you stand for nothing, you will find nobody against you, and nobody for you.”
Chiffres
1ère : 79% des consommateurs pensent que les entreprises ont le devoir d’agir pour la société.
2ème : 64% des consommateurs pensent que c’est une bonne chose que les entreprises prennent part au débat public pour défendre les valeurs auxquelles elles croient.
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