Combien d’entre nous se posent désormais la question de la detox digitale (et surtout social media & mobile, les plus chronophages)?
Une question qui nous habite, comme on peut se poser la question d’un break sans alcool ou de cigarettes pour retrouver son bien-être, au présent.
Et quels sont les premiers symptômes, Docteur ? Une difficulté à laisser son portable dans la pièce d’à côté, l’incapacité à regarder un film, lire, déjeuner en tête à tête sans saisir son téléphone ne serait-ce une seule fois… En bref, c’est ne pouvoir s’empêcher de s’extraire de ce que l’on fait, le temps d’un « shoot » de réseaux sociaux. Mais c’est aussi l’angoisse (on capte ? on a la 4G ? ) de ne pas avoir de connexion suffisante pour partager des images de ce plat, de cette soirée, de cette jolie vue, de ce chien « cro mignon ». Ne pas partager un événement à ses contacts onlines reviendrait alors à ne pas le vivre pleinement ? Sans public, on n’est désormais rien, seul avec ses souvenirs.
Quelques marques ont déjà su tirer profit de ce besoin émergeant de déconnexion qui trotte dans nos têtes, mais que l’on repousse toujours à demain. De la marque Durex et sa découverte géniale pour favoriser l’intimité des couples («le OFF button, magique et gratuit dans tous les téléphones et mis en scène dans une campagne de brand content à destination des couples) à la compagnie Lufthansa et son « flight mode » (une campagne mettant en avant une app qui comptabilise le temps passé déconnecté pour le mettre au profit d’une bonne action), les campagnes (souvent déployées sur le social media, ironie du sort…) se multiplient et vont être de plus en plus nombreuses. Car la tendance est bien là.
Car les accros en attente de détox sont désormais une cible et celui qui trouvera la « vaporette » pour les aider fera fortune. En attendant une telle invention, ce sont les secteurs du voyage et de l’hôtellerie qui - de manière assez évidente - ont développé des offres détox. Des bars sans iPhone aux chambres qui brouillent la connexion réseau jusqu’aux week-ends désormais brandés « digital détox ». Après le « gluten free », le 4G « free » ? Pour les plus aventuriers ou joueurs d’entre vous, un restaurant londonien, « The Bunyadi », offre la possibilité de diner en se débarrassant dès l’entrée de son téléphone et de ses vêtements pour découvrir un cadre sans électricité, éclairé par des bougies et où même les serveurs sont dans le plus simple appareil (et même pas de possibilité de partager un #foodporn ! ).
Au-delà de l’anecdote, ces motivations et occasions de détox offrent surtout aux marques l’opportunité de nouer de nouvelles relations avec les consommateurs. Innocent a été une marque pionnière avec son festival « Unplugged » qui va entamer sa seconde année en 2016 et de nombreuses marques ou médias se tournent à nouveau vers des éditions print pour revaloriser leur propos au milieu du bruit blanc des réseaux sociaux.
C’est évidemment ce sentiment d’oppression par la sur-sollicitation permanente, ainsi que la prise de conscience des traces que nous laissons en data qui créent une tendance lourde et un public sensible à des propositions alternatives qui peuvent les séduire si elles ne sont pas rabat joie ni moralisatrices. Un créneau pour les marques intéressées (et légitimes) pour accompagner ces publics par des campagnes autour du bien-être et du slow life.
Directeur du Planning stratégie et social media, Nurun Paris.
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