Un téléphone de 100 grammes contient environ 25 milligrammes d'or… or près de 100 millions de téléphones usagés dorment dans nos tiroirs. Un véritable trésor caché, ou un gâchis inestimable…
Les déchets liés à la téléphonie mobile sont assez méconnus. Selon le dernier rapport d’information remis au Sénat par Marie-Christine Blandin (Ecologiste) et Jean-François Longeot (UDIC-UC), avec l’avènement et la multiplication des téléphones mobiles, ce sont près de 100 millions d'appareils usagés qui sont gardés par les particuliers sans être recyclés. Un chiffre effrayant qui s’explique notamment par l’obsolescence rapide de ces objets et d’autant plus effarant lorsqu’on sait que 200 grammes d'or sont contenus dans une 1 tonne de carte électronique (contre 5 gramme dans une tonne de minerai). Recycler ces appareils permettrait de constituer de nouveaux gisements de matières premières et de créer des emplois.
23 millions de téléphones sont vendus chaque année en France et seulement 10% sont recyclés. Le rapport s’intéresse de près à l'absence d'écoconception, aux différents aspects de l'obsolescence programmée, à l'insuffisante collecte des appareils usagés, au devenir des déchets issus des téléphones et au potentiel de développement d'une filière de recyclage.
Sur la base de ces différents constats, le rapport demande la responsabilisation des fabricants de téléphones portables ; la lutte contre l’obsolescence programmée (demander aux opérateurs une garantie d’au moins 4 ans) ; l’augmentation de la collecte de téléphones portables usagés, notamment par le biais d’une meilleure information donnée au consommateur sur le geste de tri; le soutien aux acteurs du réemploi, notamment issus de l’économie sociale et solidaire, et la clarification des circuits des filières parallèles à la filière réglementaire; enfin la définition et la mise en œuvre d’une stratégie nationale de recyclage des métaux soutenant les projets de recherche et d’unités de traitement.
Parmi les freins au recyclage, la quasi-impossibilité de remplacer les batteries : « Les batteries thermocollées représentent un frein technique important. Les constructeurs se tournent tous vers des batteries intégrées, extrêmement difficiles à démanteler. Les démanteleurs classiques vont se retrouver avec des batteries broyées. Si on veut les introduire dans un process thermique, il faut les extraire, pour ne pas endommager les installations. Désosser un téléphone prend beaucoup de temps. Si la batterie est thermocollée, c'est pire ! Je ne comprends pas que l'on accepte que les constructeurs fassent ce genre de choses. » , précise M. Serge Kimbel, fondateur de la société Morphosis lors d’un entretien avec Marie-Christine Blandin.
En outre, le recyclage des téléphones portables pourrait créer de l’emploi. Il faut 10 minutes pour tester un appareil ; pour 20 millions de téléphones, cela représenterait 2 000 emplois... Sur la partie recyclage, une fois la phase de test et de tri faite, le nombre d'emplois en jeu est plus faible : 22 millions d'appareils équivalent à 2 000 tonnes ; il n'est pas nécessaire d'employer beaucoup plus de personnes qu'actuellement. En termes financiers, on estime qu'il s'agit d'un marché de 150 millions d'euros pour les tests et de 15 millions pour le recyclage.
Autre argument et pas des moindres, recycler les téléphones permettrait de constituer nos propre fonds de matières premières. Cela constitue aussi de la matière première : hormis l’or, sont contenus dans un téléphone de 100 grammes, environ 250 milligrammes d'argent et 2 milligrammes de palladium (25 milligrammes d'or).. Un avantage non négligeable, lorsque sait que les ressources risquent à terme de se raréfier et que certaines sont extraites dans des conditions environnementales, sanitaires ou sociales problématiques.
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