Les programmes d’intrapreneuriat qui concilient business, transition écologique et sociétale se multiplient, mais à quoi servent-ils ? C’est pour répondre à cette question que L’ADN et BNP Paribas ont organisé un webinaire le 13 avril 2023.
Mesurer les programmes d’intrapreneuriat pour apporter la preuve qu’ils ont un impact direct et indirect à la fois sur la performance mais aussi sur la transformation positive des entreprises. Des données indissociables du temps-long puisque selon le livre blanc réalisé par MakeSense et l’Institut de l’intrapreneuriat auprès de 29 programmes d’intrapreneuriat, trois années sont nécessaires pour qu’un projet intrapreneurial porte ses fruits. Patience donc.
Pourtant, les bénéfices sont nombreux : innovation, performance, transformation sociétale et environnementale. La mesure d’impact de ces programmes est donc indispensable pour les mesurer, valoriser et légitimer. Mais quels outils mobiliser ? Que faut-il vraiment mesurer ? Pour en discuter, L’ADN et BNP Paribas ont organisé le 13 avril 2023 un webinaire intitulé « Intrapreneuriat : comment mesurer son impact ? » en compagnie de Maribelle Mendanha, responsable programme du People’sLab4Good de BNP Paribas, Marielle Zieds, responsable des programmes d’accompagnement au sein de l’Accélérateur 21 de la Croix-Rouge française et de Nexem et Claire Greco, head of digital offers chez Veolia.
Mesurer l’impact : une étape indispensable pour s’assurer que l’on remplit sa mission
Qu’est-ce qu’un programme d’intrapreneuriat au juste ? Véronique Bouchard, professeure en management stratégique et intrapreneuriat à l’EM Lyon Business School en donne la définition suivante : « un ensemble de ressources, d’actions, de processus, d’outils managériaux et de formes organisationnelles mis en place pour favoriser l'adoption d’approches entrepreneuriales au sein d’entreprises établies. »
Pourquoi est-il important de mesurer l’impact d’un programme intrapreneurial ? « Pour s’assurer que l’on remplit nos missions, il faut mesurer leur impact. Comme nous pensons aux gens avant de penser aux solutions, nous allons définir les impacts en fonction des attentes des bénéficiaires. Mais nous voulons aussi mieux comprendre les attentes de nos collaborateurs », précise Maribelle Mendanha du People’sLab4Good. Toutefois, la mesure d’impact au sein du programme de BNP Paribas n’était pas la même lors de sa création en 2018. « Cela n’était pas aussi professionnalisé : on mesurait le nombre de collaborateurs accompagnés, la répartition homme-femme, les pays francophones participants, la contribution aux Objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU », précise la responsable du programme. 4 ans plus tard, la mesure d’impact s’est professionnalisée et le programme de BNP Paribas sort son premier rapport d’impact.
Même chose du côté de l’Accélérateur 21 qui existe depuis 2019 mais dont le programme d’intrapreneuriat s’apprête à sortir sa toute première mesure d’impact cette année, en 2023. « Nous n’avons pas mis en place dès le départ une démarche de mesure d’impact du programme car notre premier enjeu était de faire de l’innovation en partant du terrain. Aujourd’hui on a besoin de convaincre de la pérennité de ce programme en démontrant l’impact concret », indique Marielle Zieds. Concrètement, Marielle et son équipe comptent mesurer trois aspects : l’impact de l’accompagnement à l’intrapreneuriat sur le développement des projets, l’impact des projets sur les bénéficiaires de l’action, les personnes accompagnées ou les salariés, et enfin l’impact de 21 sur la Croix-Rouge française et Nexem.
Chez Veolia, Claire Greco, head of digital offers de la multinationale française, monte un projet de programme d’intrapreneuriat sur la base de sa propre expérience d’intrapreneuse. De fait, de nombreuses réflexions et actions sont déjà en place. Le but de ce futur programme ? Développer des projets digitaux et construire des projets au service de la transformation écologique. « On a peu de temps pour atteindre des objectifs très ambitieux. Le digital a un rôle d’accélérateur, la mesure d’impact est essentielle », précise-t-elle. Réfléchir à son impact et apprendre à le mesurer dès le début est donc indispensable dans l’élaboration de cet ambitieux projet.
« L’objectif n’est pas de se lancer des fleurs mais de mesurer l’impact que l’on a produit »
Très concrètement, que trouve-t-on dans une mesure d’impact d’un programme intrapreneurial ? Dans le rapport 2022 de mesure d’impact du People’sLab4Good, l’accent est mis sur l’impact direct du programme. A l’intérieur sont précisés les ODD auxquels contribue le programme, les métiers qui bénéficient des projets et la façon dont ils vont être transformés. « On ne peut pas tout mesurer, ajoute-t-elle, il faut se donner une mission à remplir et la suivre dans le temps, sinon cela n’a pas d'intérêt. » Pour récupérer l’ensemble des données nécessaires à la mesure d’impact, le People’sLab4Good envoie un questionnaire aux parties prenantes avec des questions à la fois qualitatives et quantitatives. Mais Maribelle met en garde : « attention à ne pas tomber dans la communication pure. L’objectif n’est pas de se lancer des fleurs mais de mesurer l’impact que l’on a produit. »
Du côté de l’Accélérateur 21 qui est en train de préparer sa première mesure d’impact, plusieurs axes vont orienter la question évaluative. Il y a d’abord la question de l’impact du programme sur le porteur du projet, mais aussi la valorisation du travail, l’engagement des volontaires de la Croix-Rouge française et des salariés de Nexem. Sans oublier la montée en compétence du porteur de projet. « Sous quel format recueillir ses informations, à travers un entretien individuel, un questionnaire ou même un focus groupe à plusieurs ? », s’interroge Marielle Zieds. Des interrogations en lien à la mesure d’impact, Claire Greco aussi en a plusieurs. « Il faut arriver à avoir des résultats sur du très court terme. Nous n’aurons pas trois ans ! », rappelle-t-elle.
Marielle Zieds recommande aux responsables de programmes d’intrapreneuriat qui s’intéressent à la mesure d’impact « de bien définir sa question évaluative et de passer du temps sur le cadrage. » Maribelle Mendanha confirme : « la notion de mission est indispensable pour savoir quoi mesurer ! ».
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