Faire œuvre d’innovation et susciter le changement grâce aux collaborateurs, c’est le pari de l’intrapreneuriat à impact. Un impact positif sur le business et la planète, qui émerge au cœur des entreprises ! La preuve par l’exemple avec les témoignages de responsables de 2 programmes d’intrapreneuriat à impact, celui de BNP Paribas et celui de la Croix-Rouge française et de Nexem.
Né dans les années 1970, l’intrapreneuriat se veut la preuve qu’il est possible pour les grandes structures de fonctionner de façon aussi agile et créative que les startup. Mieux encore : ces projets innovants ne servent pas qu’à développer le business mais peuvent contribuer aux enjeux sociétaux et environnementaux à travers les projets des collaborateurs. C’est ce que l’on appelle l’intrapreneuriat à impact.
C’est la voie qu’a choisi d’embrasser le People’sLab4Good, le programme d’intrapreneuriat «à impact 100% positif» du groupe BNP Paribas créé en 2018. Chaque année, depuis plus de 5 ans, une douzaine de collaborateurs développent pendant 20 jours répartis sur 6 mois leur projet à impact. Ces derniers doivent répondre aux besoins des clients bien sûr, mais aussi s’appuyer sur les fameux Objectifs de Développement Durable (ODD) des Nations Unies : économie circulaire, transition vers la neutralité carbone ou encore épargne et finance durable. L’enjeu ? « Que les intrapreneurs repartent avec un nouvel état d’esprit, des connaissances et des compétences nouvelles, propices à l’innovation durable pour agir et penser autrement », indique Nathalie Crosnier, directrice du People’sLab4Good.
L’impact positif est inscrit lui aussi dans l’ADN du programme d’intrapreneuriat de l’Accélérateur 21 de la Croix-Rouge française et de Nexem qui a vu le jour en 2019. «La totalité des projets que nous accompagnons sont à impact positif de par la nature de l’association. Il est important de lier l’action sociale et l’écologie, les deux sont indissociables», précise Martijn Pineau, responsable du programme d’intrapreneuriat de l’Accélérateur 21. Projets en lien avec la précarité énergétique, l’alimentation saine et durable ou boutique de bricolage solidaire, « le programme permet aux initiatives les plus innovantes de changer d’échelle et d’avoir le cadre d’action pour se développer », rappelle-t-il.
«La naissance d’un projet peut venir d’une frustration au quotidien»
Les collaborateurs qui présentent leur projet sont animés par cette double envie : participer à l’innovation de leur entreprise ou association, et permettre un impact positif sur la société et la planète. Barbara Feaugas est Strategic Account Manager pour Arval, une filiale du groupe BNP Paribas. Elle a fait partie de la promotion 2022 du People’sLab4Good. « J’étais avant tout motivée par une envie d'agir et de changer le monde. Mais cela répondait aussi à une volonté de donner plus de sens à mon travail, de me dépasser pour servir le bien commun. J’ai foncé ! », explique l’intrapreneuse. Le programme d'intrapreneuriat de BNP Paribas s’est lancé l'an dernier à l’occasion de ses 5 ans dans la mesure de son impact et d'en partager les résultats. Il en ressort que pour plus de 40% des intrapreneurs, l'un des enjeux en intégrant le programme était de pouvoir participer à leur façon à la résolution de problèmes sociaux et environnementaux via leur entreprise.
Un constat que partage Martijn Pineau, les intrapreneurs de la Croix Rouge française veulent eux aussi agir pour la transition écologique et sociale tout en améliorant le fonctionnement global de la première association de France. « La naissance d’un projet peut venir d’une frustration au quotidien. Si une solution manque, je vais l’inventer pour proposer de nouvelles solutions afin d’aider les gens dans leur vie quotidienne », souligne-t-il. C’est ainsi que pendant 10 mois, les intrapreneurs de l’accélérateur 21 consacrent 30% de leur temps de travail à leur projet. C’est au manager de libérer suffisamment de temps aux collaborateurs pour qu’ils puissent mener à bien leur mission parallèle. « Au départ certains managers n'étaient pas très convaincus, mais ils ont vite compris l’intérêt que le projet peut avoir sur leur structure, ils ont changé alors de perspective », rappelle Martijn.
Une aventure itérative qui nécessite un investissement total
La réalité de l’intrapreneuriat correspond-elle aux idéaux de celles et ceux qui se lancent dans l’aventure ? Barbara Feaugas le reconnaît, il faut une sacré dose de volonté pour aller au bout du programme. « On a un peu le sentiment d'être schizophrène, parce qu’on doit poursuivre son métier tout en étant complètement sur autre chose. C’est parfois vraiment difficile, on vit avec l’impression de devoir en permanence rattraper le train, côté travail comme côté projet », se souvient-elle.
La gestion du temps est en effet un facteur clé de la réussite d’un projet d’intrapreneuriat à impact, apprendre à prioriser les tâches est une absolue nécessité. Nathalie Crosnier confirme : « Il ne suffit pas d’appuyer sur le bouton pour que tout soit transformé, surtout dans un grand Groupe. C'est une aventure itérative, qui nécessite du temps, dont les objectifs évoluent en permanence. » Les intrapreneurs de l'Accélérateur 21 se confrontent aussi aux procédures complexes de l’association, Martijn Pineau est là pour leur venir en aide. « On essaie d’avoir un maximum de souplesse par rapport au cadre mais il y a des choses sur lesquelles on ne peut pas faire l’impasse. Il faut avoir une vision d’ensemble sur le juridique, sur les systèmes d’information, s’adresser aux bonnes personnes », indique-t-il.
Il n’y a pas que les intrapreneurs qui doivent sans cesse s’adapter, les programmes intrapreneuriaux aussi. « Chaque année, on fait évoluer la maquette d’accompagnement en fonction des projets et des intrapreneurs. Si la promotion est orientée tech, on va mettre en place un module d’accompagnement spécifique », souligne le responsable du programme d'intrapreneuriat. Nathalie Crosnier complète : « il s'est passé cinq ans qui nous ont permis de grandir en même temps que le programme. Nous y avons de plus en plus inclus la notion d'impact, de cohérence entre les modules mais aussi la préparation des coachs en amont. C’est l’envers du décor que les intrapreneurs ne voient pas ! ».
Un impact positif sur l’envie de changer les choses et le monde
Et après l’incubation, que deviennent les projets ? Au sein du People’sLab4Good, environ un tiers des projets qui sortent de l’incubateur sont ensuite repris par les entités métiers comme c’est le cas du projet de Barbara Feaugas. Des projets qui ont un impact sur le fonctionnement de l’entreprise, sur son business model mais aussi sur les collaborateurs. « Les intrapreneurs repartent avec un nouvel état d'esprit, de nouvelles connaissances, de nouvelles compétences et une nouvelle culture propice à l'innovation durable. Avec ce bagage, ils sensibilisent leurs pairs, leurs équipes, et diffusent l’envie d’agir, de penser autrement la conduite de leurs projet », insiste Nathalie Crosnier.
Et les chiffres le prouvent, selon la mesure d’impact du programme intrapreneurial de BNP Paribas, 80% des participants de la promotion 2022 se sentent plus engagés dans leur entreprise et trouvent plus de sens à leur travail. Mieux encore, 90% des intrapreneurs 2022 « ont repris leur activité en y intégrant leurs nouvelles compétences et plus d’impact positif. »
Les entreprises ont donc tout à gagner à développer les programmes d’intrapreneuriat à impact puisque leurs effets sont multiples : développer la création de valeur, impacter positivement la planète comme la société et surtout fédérer les collaborateurs autour de valeurs nouvelles.
Si vous souhaitez retrouver l'intégralité des échanges, le replay de la conférence est accessible sur ce lien
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