
Dans un article du mois dernier, le journal Les Echos annonçait la mort des applications mobiles. De quoi faire réagir Nicolas Boisseleau, Digital Evangelist chez Tapptic France.
« Plus personne ne télécharge d’applications », le titre a le mérite d’être accrocheur. Sur le fond, l’article se contente cependant d’énumérer des chiffres tous plus alarmants les uns que les autres pour démontrer une hypothétique fin des applications. Le récit se conclut finalement sur un paradoxe en évoquant le fait que 90% du temps passé sur son smartphone était dédié aux applications. Tâchons d’éclaircir tout cela.
Le marché des applications ne meurt pas, il se transforme. Que ce soit en surface ou en profondeur, de nombreux points sont à étudier pour expliquer cette situation.
Des stores vieillissants
Il est vrai qu’elle date l’époque où les nouvelles applications apparaissaient sur les stores trustant tour à tour les podiums des différentes catégories en engrangeant des milliers de téléchargements et se donnaient par la même occasion le moyen d’exister et de se développer. Pour prendre l’exemple de l’AppStore, tout le monde s’accorde à dire qu’il n’est plus optimisé comparé à ses concurrents. Les géants du web monopolisent les premières places en permanence, tout cela grâce à des simples mises à jour quasi-hebdomadaire, leur permettant d’avoir des dizaines de milliers de téléchargements quotidiens. Il y a quelques années, je me souviens que mes amis et moi avions le réflexe d’aller jeter un œil au top du classement pour faire des découvertes, ce temps-là est révolu, c’est certain. Cependant, les choses bougent. Pour continuer sur l’exemple de l’AppStore, suite aux nombreux articles raillant l’ergonomie archaïque de ce dernier, Apple prévoit une refonte en profondeur. À noter qu’une simple mise à jour via l’ajout d’une catégorie à part du type « les classiques » permettrait de regrouper tous les géants du web et de laisser respirer les jeunes pousses sur un classement exsangue de mastodontes.
Une application, qu’est-ce que c’est ?
C’est dans cette question que réside la principale explication du paradoxe. Si l‘on s’arrête à la conception basique du mot « application » en se référant à l’image d’il y a 8 ans, qui consiste en effet à aller faire la démarche de télécharger une icône qu’on finit par oublier sur son dashboard… Alors oui, dans ce cas, il y a moins de téléchargements. Cependant, là encore les choses bougent. Une application peut dorénavant prendre des formes bien différentes à commencer par celle d’un SDK (comprendre « kit de développement » ou « Software Development Kit » - une brique de code qui peut être ajoutée à n’importe qu’elle autre app) pour s’intégrer plus facilement, à moindre coût, dans de nombreux services partenaires. Pour prendre un exemple parlant, on peut citer Uber qui est maintenant accessible directement depuis Google Maps, ce qui permet à l’utilisateur de s’affranchir du téléchargement de l’app dédiée. De nos jours, nombreux sont les business florissants qui s’appuient sur cette logique. L’utilisateur, sans le savoir, se sert de plus en plus d’applications mais tout cela se fait de manière transparente et fluide, sans forcément passer par le téléchargement fastidieux sur un store d’applications.
Bots, Réalité Virtuelle et bientôt Augmentée.
Dans la continuité du paragraphe précédent, les « bots » (http://bit.ly/Botstoutcomprendre) monopolisent l’attention de nombreux secteurs depuis quelques mois maintenant et vont très probablement bousculer encore une fois les usages. Les bots sont aussi des applications ; il s’agit juste d’une façon d’interagir et d’une interface différente. Par ailleurs, quid des révolutions à venir (ou déjà bien présentes) à l’instar de la Réalité Virtuelle et bientôt Augmentée ? Toutes ces applications déferlent et vont bientôt attirer à leur tour de nombreuses entreprises et des millions d’utilisateurs. Il est certain que ce nouveau phénomène entrainera son lot de téléchargements…
B2B/B2E, l’essor des apps pour les entreprises.
Totalement écarté de l’article initial, le marché des applications pour entreprise est en pleine ébullition. Après quelques années d’ancienneté, les applications sont maintenant connues de tous ou presque. Les entreprises en profitent et ont compris que ces dernières avaient le pouvoir d’optimiser grandement leur fonctionnement en interne : aide au force de vente, animation de communautés en interne pour les grands groupes, partage d’informations etc.. On peut notamment citer les « compagnon-app » déployées pour gérer la logistique du quotidien ; de la location de salles aux contrôles des dépenses en passant par le report des infrastructures à maintenir… Des milliers de téléchargements sont générés chaque jour par ces acteurs, mais tout cela se passe sur des stores privés afin de conserver le niveau de confidentialité requis.
Pour conclure, le marché des téléchargements d’applications n’est pas mort, il se transforme. Les opportunités n’ont jamais été aussi nombreuses, il faut cependant savoir les saisir. Considérant une application non plus comme une finalité mais comme un bloc parfaitement intégré à un éco-système plus complet et complexe, avec l’expérience utilisateur comme mantra, nombreux de ces bouleversements sont transparents pour l’utilisateur mais bien présents. Rassurons-nous donc, le marché des applications se porte plus que bien.
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