
L’appli cartonne auprès des étudiants. A l’instar de Snapchat, elle permet de partager des stories géolocalisées, par université. Sauf qu’ici, aucune modération. Nudité et drogues sont au programme…
Fleek, c’est un peu un plagiat revendiqué des « Campus Stories » de Snapchat. Les utilisateurs partagent des photos à durée de vie éphémère, géolocalisées par établissement, afin de contribuer à l’histoire de leur université. Sauf que ces stories qui permettent parfois à Snapchat de générer des revenus impliquent une modération… qui est inexistante sur Fleek, le business model étant différent.
« Ici, il n’y a pas de réseaux d’amis. Il s’agit simplement d’alimenter des stories », explique Nicolas Boisseleau, Digital Evangelist chez Tapptic France. Pas besoin d’identification : il suffit aux utilisateurs de choisir une université à laquelle ils seront affiliés et ils peuvent télécharger tout leur contenu sur la plateforme. « Ça se transforme implicitement en petite guerre : quel sera le meilleur campus ? ». Et pour se différencier et vanter la coolitude de leur école, les étudiants n’hésitent pas à parler de drogue et de nudité, sans aucune censure de la part de ce nouveau réseau. C’est d’ailleurs l’un des arguments principaux de Fleek : il est possible de publier toute sorte de contenus qui serait, en temps normal, bannis par Snapchat... Même s'il s'y trouve aussi de belles « tranches de vie », comme le souligne Nicolas Boisseleau.
Ce manque de contrôle soulève plusieurs problèmes. D’une part, les universités renvoient des images qu’elles n’ont pas choisies. D’autre part, l’application étant a priori totalement anonyme (pas besoin de pseudo, de rentrer son numéro de téléphone ou d’obtenir un code), les plaintes sont difficiles à adresser. « Si une photo gênante est publiée, il est compliqué de se retourner contre son auteur, puisqu’il n’est pas possible de savoir qui c’est ». Certes, les contenus ont une durée de vie limitée… Mais, comme le rappelle Nicolas Boisseleau, il est très facile de faire une capture d’écran et de transformer une photo éphémère en contenu viral.
Ce prétendu anonymat pose aussi la question de la sécurité des données : qu’il s’agisse du site de rencontres Ashley Madison ou même de Snapchat, qui affirmaient tous deux leur capacité à protéger les données de leurs utilisateurs, les fuites ne sont pas à exclure… « On se dit qu’il est très possible que, de la même façon, l’application se fasse pirater. Avec le type contenus qui y est partagé, cela peut vite dégénérer ».
« Stolen a dû cesser son activité lorsque les dérives possibles pour harcèlement social ont commencé à être soulignées, il ne serait pas étonnant que Fleek subisse les mêmes reproches ». A noter : l’application est indépendante… Elle ne se base pas sur un autre média social, qui pourrait l’obliger à réglementer son contenu… « Il ne pourra pas y avoir de menaces directes concernant une éventuelle utilisation d'API car l'application est indépendante ; ce n'était pas le cas de Stolen avec Twitter. Mais il peut très bien y avoir des menaces sur l'aspect copie / plagiat, et cela m'étonnerait d'ailleurs assez peu ». Affaire à suivre…
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