
Le service de paiement sans contact, Apple Pay, est disponible en France depuis le 19 juillet, un an et demi après sa sortie aux États-Unis. Est-ce l’annonce d’une révolution qui répond à nos nouvelles habitudes de consommation, ou d’une solution douteuse quant à la sécurité de nos données bancaires ?
Après les cartes bancaires permettant un paiement sans contact, l’étape suivante était logiquement l’arrivée du paiement via smartphones où, sur le même principe, le simple fait d'apposer le smartphone au terminal de paiement le validait automatiquement. Comme à son habitude, Apple avait déjà ouvert la voie dès 2014 avec Apple Pay, un système de paiement via iPhone ou Apple Watch. Après avoir été lancée aux Etats-Unis, au Royaume-Uni ou en Chine, l’arrivée d’Apple Pay en France était attendue et a été annoncée lors de la keynote de la WWDC 2016. Forte de son succès notamment aux Etats Unis ou au Canada, il était logique que cette avancée technologique s’exporte dans le reste du monde.
À l’heure actuelle, en quelques chiffres, l’Apple Pay est disponible dans près de 10 millions de commerces dans le monde dont plus d’un tiers est situé aux États-Unis, et il compte un million de nouveaux adeptes toutes les semaines.
Parmi eux, nous pouvons citer quelques groupes bancaires français comme BPCE (Banque Populaire, Caisse d’Epargne) qui a accepté l’accord avec Apple, ainsi que Carrefour Banque, mais également de grandes enseignes comme Bocage, Le Bon Marché, Dior et bien évidemment Apple.
Bien que frileuses, d’un premier abord, de s’affilier avec le géant américain, certaines banques ont bel et bien pris conscience de l’importance que pouvaient représenter cette innovation pour les utilisateurs. En effet, ANZ, une banque australienne aurait connu une sensible augmentation de nouveaux clients en proposant ce moyen de paiement à leurs clients. D’autre part, que ce soit pour les banques ou les marques, d’un point de vue marketing, s’affilier avec Apple ou proposer l’Apple Pay est une valeur sûre pour se digitaliser et paraître plus « modernes ».
D’autre part, pour certaines enseignes, pactiser avec Apple engendre également le partage des données de leurs utilisateurs, Apple ayant déjà plusieurs millions de possesseurs d’iPhone à son actif et plus de 200 millions de cartes de paiement référencées. C’est pourquoi certains groupes préfèrent garder leur propre système en place.
Apple Pay : vers le début d’une démocratisation ?
Apple n’est pas la seule entreprise à s’être lancée dans le domaine du paiement via smartphones. En septembre 2015, Samsung a également lancé sa propre solution avec Samsung Pay tout d’abord aux Etats Unis, puis en Chine, en Espagne, en Australie, à Singapour et au Brésil. Ce service a convaincu plus de 440 banques dans le monde et notamment American Express et China UnionPay. Sa croissance surpasse donc celle de l’Apple Pay notamment grâce à sa sécurité, plus conséquente qu’avec Apple, mais aussi avec une double comptabilité des systèmes (NFC Terminal et POC Systems). Il faudra également surveiller Google avec Android Pay, destiné aux développeurs pour insérer plus facilement un bouton de paiement, et Paypal avec Paydiant, pour permettre aux commerçants d’ajouter des fonctions de paiement sur leurs applications.
Un autre géant, français cette fois, comme Orange, s’est également prêté au déploiement de cet outil. Mais, d’après un sondage mené par OpinionWay et Tilder, 81% des sondés ne souhaitent pas faire usage de leur mobile pour effectuer un paiement via Orange Cash, contre 19% qui se disent prêts. Cette méfiance risque probablement de s’atténuer avec l’arrivée sur le marché de générations plus jeunes qui seront d’ores et déjà habituées à utiliser leur smartphone dans toutes leurs situations quotidiennes.
Concrètement, qu’est-ce que cela va changer pour les utilisateurs ? En soit pour l’instant, peu de choses. La fluidité des paiements avait déjà été optimisée avec l’arrivée des cartes de paiement sans contact qui avait déjà facilité les opérations dans une limite de 20 euros. Une fois ce cap passé, la suite logique serait de pouvoir valider un paiement en ligne via Apple Pay, toujours par une simple vérification de l’empreinte digitale. C’est ainsi que la fluidité du paiement atteindra son apogée, avec un véritable gain de temps pour les consommateurs.
Aujourd’hui, il paraît encore trop tôt pour juger de l’avenir du nouvel outil déployé par le géant Apple en Europe. À première vue, il devrait donner un coup de fouet au paiement via smartphone dans une société qui n’est pas entièrement familière avec cette nouvelle pratique, et qui attache encore toute son importance à la carte bancaire et à la monnaie. Le but étant bel et bien de faciliter les transactions et non pas de remplacer la carte bancaire telle qu’on la connaît ou encore le cash. De nouvelles habitudes vont progressivement s’implanter grâce aux générations futures, et viendront effacer les premiers doutes qui surgissent autour de la sécurité des données…
Participer à la conversation