Il a déjà fait don de 1463 oeuvres et en a vendu 47 autres au M+ Museum de Hong Hong. Interview de Uli Sigg, le plus grand collectionneur d'art contemporain chinois au monde.
Vous êtes le plus grand collectionneur d'art contemporain chinois au monde, pourquoi avez-vous choisi de vous consacrer à cet art en particulier ?
Il s'agissait là de l'une des trois portes dont je disposais pour entrer en Chine. La première était mon travail de businessman grâce auquel j'ai mis en place la première entreprise commune entre la Chine et l'Ouest. La deuxième était mon oeuvre en tant que diplomate et la troisième, en commençant à collectionner l'art contemporain chinois. Et c'est de loin c'est la plus gratifiante quand j'explore mon sujet d'étude ultime qui est la Chine. Sans mentionner le fait que la Chine compte de nombreux et excellents artistes.
THE CHINESE LIVES OF ULI SIGG - Bande-annonce
Y a t'il des artistes qui ne soient pas chinois qui seraient susceptibles d'intégrer votre collection ?
Oui, j'ai d'ailleurs commencé à collectionner des oeuvres bien avant d'aller en Chine à la fin des années 70. J'ai débuté ma collection avec quelques artistes suisses puis allemands comme Richter et d'autres. Je collectionne toujours aujourd'hui l'oeuvre d'artistes suisses qui mériteraient une attention bien plus grande comme Christine Streuli et Rémy Markowitsch... Et si aujourd'hui je me concentre sur la Chine, je m'intéresse aussi beaucoup au travail d'artistes coréens, japonais et d'autres pays de l'Asie du Sud- Est car cette région fait partie de ma vie et que je tire un immense bénéfice dans cette recherche de sa création artistique. J'ai aussi quelques très belles toiles de la Corée du Nord issues du mouvement du réalisme socialiste dans sa tendance la plus émotionnelle...
Vous avez fait don de 1463 oeuvres et vendu 47 autres au M+ Museum de Hong Hong. Le choix de cette ville n'a pas été fait au hasard, pensez-vous qu'elle soit vraiment libre de toute censure ?
Mon idée originelle était de donner la collection à des musées de Pékin ou Shanghai. J'étais en discussion avec les musées et les autorités de ces deux villes pendant deux ans. Cependant, les musées de la Chine continentale ne sont pas parvenus à répondre à des questions telles que "Combien de pièces de la collection pourront être exposées au public et combien ne le pourront pas ? "
Je comprends bien sûr que politiquement il y a de nombreuses contraintes en Chine continentale mais j'avais besoin que quelqu'un m'expose ces règles et personne n'a su le faire de façon satisfaisante. Or il n'y a pas d'autre collection dans ou en dehors de la Chine continentale qui puisse raconter l'histoire de l'art contemporain chinois depuis son commencement à aujourd'hui, je devais donc faire le bon choix.
J'ai l'espoir qu'il n'y aura pas d'impact sur la liberté d'expression et artistique à Hong Kong qui pourrait changer la situation de ma collection ou restreindre la façon dont elle pourrait être montrée. J'ai passé beaucoup de temps à négocier avec le gouvernement précédent et ils ont insisté sur le fait que je devrais donner la collection à Hong Kong car la liberté d'expression y est beaucoup plus importante qu'ailleurs en Chine et ça, c'était essentiel pour moi. J'espère que cela ne changera pas d'ici l'ouverture du musée en 2019. Nous verrons bien, rien ne sert de spéculer aujourd'hui...
CultureSecrets vous invite à la projection en avant-première du film "Les Vies chinoises d'Uli Sigg" à la foire Asia Now le jeudi 19 octobre à 17h. La projection sera suivie d'une conversation entre Uli Sigg et Pi Li, curateur du Musée M+ à Hong Kong, qui ouvrira ses portes en 2019.
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