
Entre jeunes hommes et femmes, les valeurs idéologiques n’ont jamais été aussi opposées.
Dans son rapport 2025, le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes se voulait catégorique : si les jeunes femmes sont de plus en plus progressistes et féministes, les hommes de la même tranche d’âge seraient de plus en plus conservateurs voire masculinistes. Un constat partagé par l’European Social Survey de 2023, qui observait un glissement de la France à droite entre 2002 et 2022 : un basculement porté par les 40-54 ans, mais surtout par les jeunes hommes de moins de 40 ans ; tandis que les jeunes femmes évoluent davantage vers la gauche.
Une étude approfondie du CEPREMAP (le Centre pour la recherche économique et ses applications), placé sous la tutelle du ministère de la Recherche, détaille ce grand écart. Entre jeunes hommes et femmes, les valeurs idéologiques n’ont jamais été aussi opposées. En se basant sur les données de l’European Social Survey, les chercheurs ont tenté de comprendre les différents positionnements politiques des plus jeunes autour de sujets clés.
La redistribution n’attire plus, et l’homophobie enfle
Dans cette étude du CEPREMAP, l’un des éléments de mesure concerne l’adhésion des moins de 40 ans aux politiques de redistribution des richesses, « élément central de l’identité politique de gauche ». Entre 2002 et 2023, ce soutien a diminué en France : la part de personnes « tout à fait d’accord » avec les politiques de redistribution est passée de 47 % en 2002 à 34 % en 2022. Une diminution très notable chez les moins de 40 ans, où seulement 26 % des jeunes hommes soutiennent la redistribution, et 33 % des jeunes femmes.
Autres sujets clés de mesure : si la perception de l’immigration en France s’est améliorée dans toutes les classes d’âge, la « tolérance envers l’homosexualité » a augmenté dans toutes les tranches d’âge à l’exception des jeunes hommes de moins de 40 ans. En cause, selon l’étude : la montée du masculinisme un peu partout en Occident.
Un altruisme à géométrie variable pour les hommes, une insatisfaction pour les femmes
De même, quand le CEPREMAP se penche sur les questions d’ouverture à la différence et à la notion d’altruisme, le fossé entre les genres se creuse : « les jeunes femmes accordent une importance croissante à la compréhension des personnes différentes d’elles (...) À l’inverse, les jeunes hommes semblent moins enclins à intégrer ces préoccupations dans leur vision du monde. »
En ce qui concerne les facteurs de défiance et d’insatisfaction dans la vie, là encore, on observe un écart grandissant. Si les moins de 40 ans affichent les niveaux de satisfaction les plus élevés sur leur sentiment de bien-être, les jeunes femmes se déclarent légèrement moins satisfaites en 2022 que celles ayant répondu à l’étude en 2002. « L’une des explications majeures réside dans une prise de conscience accrue des violences sexistes et sexuelles dont elles sont les premières victimes. Cette évolution se traduit par des perceptions d’inégalités et d’injustice persistantes, dans la carrière, le contexte médical, et l’insécurité dans l’espace public », écrivent ainsi les chercheurs de l’étude. Et pour les jeunes hommes alors ? De leur côté, on retrouve davantage de défiance interpersonnelle : la méfiance envers les autres a augmenté, passant de 29 % en 2002 à 32 % en 2023.
Un grand écart politique qui se gomme autour de la confiance envers les institutions. En 2023, les jeunes de moins de 40 ans affichent un niveau de confiance supérieur aux autres générations vis-à-vis des institutions en France. Une perception plus positive que leurs aînés des autorités publiques, des institutions politiques nationales, européennes et même internationales… Sur ce point, hommes et femmes semblent tomber d’accord.
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