13-05-Frst-Elon

Frst, le fonds d’investissement français qui rêve d’un Elon Musk à l’Élysée

© FB via ideogram

La startup nation, pour de vrai ? Un fonds de capital-risque propulsé par le milliardaire Pierre-Édouard Stérin milite pour l’avènement d’un président-CEO pour la France en 2027. 

« Elon Musk est indéniablement le plus grand entrepreneur de notre temps. » C’est ce qu’on lisait encore en janvier 2025 sur la page d’accueil de Frst (prononcez : first). Ce fonds, spécialisé dans les startups, a un credo : dénicher les futures pépites de la tech française avec la trempe d’un Musk, et financer leurs premiers pas.

À la recherche du Musk français

Pierre Entremont et Bruno Raillard travaillent ensemble depuis 10 ans sur le projet. La startup de ces deux associés s’appelait autrefois Otium Venture. Elle faisait en effet partie d’Otium Capital, un family office fondé et dirigé par Pierre-Édouard Stérin, milliardaire dont le plan est d’installer l’extrême droite au pouvoir. Indépendant à partir de 2019, Frst a depuis investi plus de 150 millions d'euros dans divers projets d’entreprise, tels que le logiciel de paie Payfit ou la startup de codage IA Poolside. Mais derrière les levées de fonds et les pitchs, la startup défend une “vision” très politique. 

Parmi ses initiatives, le Elonscore : un indice construit sur mesure pour évaluer le taux de popularité d'Elon Musk en France et en Europe. Début 2025, cet étrange baromètre établissait que 36 % de Français avaient une bonne image du chef du D.O.G.E. Dans le même esprit, Frst a commandé un sondage toujours à Harris Interactive en posant cette question : « Que penseraient les Français de la candidature d’un entrepreneur lors de l’élection présidentielle ? » Résultat : 7 Français sur 10 accueillent favorablement l’idée qu’un entrepreneur soit candidat à l’élection présidentielle en 2027, selon l’étude. En tête : Michel-Édouard Leclerc (40 %), Bernard Arnault (33 %), Xavier Niel (28 %) ou encore Vincent Bolloré (26 %). De quoi ravir Pierre-Édouard Stérin qui partage fièrement l’initiative sur LinkedIn : « Merci et bravo à Pierre Entremont pour l’étude réalisée par Frst, écrit-il. Je suis bluffé par le résultat. » Signe que le cordon n’est peut-être pas tout à fait coupé ?

Make Europe Great Again

Dans le milieu du capital-risque, la démarche interroge. « Quel est l’intérêt pour un fonds de VC [Venture Capital, ndlr] comme Frst de financer ce genre de sondage ? », demande un investisseur sur LinkedIn. « Make Europe Great Again : ) », répond Pierre Entremont. Un clin d’œil au mouvement “MEGA” de Musk, déclinaison directe du MAGA de Trump. Un slogan que l’entrepreneur français utilise souvent. 

Bruno Raillard, l’autre cofondateur, affiche quant à lui son admiration pour Javier Milei, le président argentin libertarien, adepte de la tronçonneuse pour alléger les dépenses publiques. Un positionnement radicalement anti-État qui n’empêche pas Frst de bénéficier de fonds publics. Bpifrance, la banque publique d'investissement, fait partie des partenaires financiers de Frst. Tout comme le Fonds européen d’investissement, qui a injecté 12,8 millions d’euros en 2021, puis 30 millions en 2023 dans l’entreprise de capital-risque.

Un lobby efficace

Le travail de lobbying de Frst semble porter ses fruits. L’Elonscore est notamment relayé par Le Figaro, mais également dans Les Échos. Sur BFMTV, on interroge Michel-Édouard Leclerc en reprenant l’étude commandée par Frst. Avez-vous vu les résultats de ce sondage ? », demande-t-on au PDG présent sur le plateau. « 2 Français sur 3 estiment que ce serait une bonne chose qu’un entrepreneur soit élu président de la République. Ça vous donne des idées ? » « Je suis disponible pour la nation », répond en souriant le patron de Leclerc, de manière lapidaire.

Selon Le Monde, la possible candidature d’un PDG aux prochaines élections donne effectivement des idées à des figures du CAC 40. En 2022, Xavier Niel enfilait déjà le costume de président de la République pour faire sa pub. « Liberté, égalité, prix inchangés », blaguait le patron de Free… La fiction se fera-t-elle rattraper par la réalité ?

Discutez en temps réel, anonymement et en privé, avec une autre personne inspirée par cet article.

Viens on en parle !
commentaires

Participer à la conversation

  1. Avatar Anonyme dit :

    Ca ne tiens pas la route. Un PDG est entouré de gens qui abondent dans son sens. Un président est entouré de gens qui ne rêvent que de le faire tomber pour prendre sa place.
    Et sans parler des hommes: Pour un PDG c'est coûts minimum pour vente au meilleur prix. Pour un président: si c'est trop cher augmentons les impots.
    Conclusion: politique n'est pas gestion

Laisser un commentaire