une jeune fille qui se baigne dans un bain de sang

Chéri-e, fais-moi peur : prêt pour le gore à corps ?

Faux sang en guise de maquillage, looks tout droit sorti d’outre-tombe…Boosté par le succès des fictions d’horreur, le gorecore est une tendance qui, au pire, fait mourir de peur (ou de rire ? ), au mieux, soustrait au male gaze.

« Pourquoi voulons-nous baiser des monstres ? » Avis aux tératophiles, cette question a été posée sérieusement par le média Dazed & Confused, qui face à la prolifération d’êtres aussi maléfiques qu’hideux sur nos écrans, voit nos désirs mutés vers l’abominable dans toute sa splendeur. Pour illustrer le propos, quoi de plus adéquat que la scène finale de Nosferatu, où – attention spoiler – la belle Ellen interprétée par Lily-Rose Depp se donne corps et âme au comte Orlock, sous les traits métamorphosés de l’acteur Bill Skarsgard, plus affreux tu meurs. Cet épiphénomène qui rappelle le genre du shokushu zeme (ou « tentacules érotiques ») japonais vient nourrir une fascination plus générale pour tout ce qui est monstrueux. Pas de surprise sur son étymologie, le gorecore est un mot-valise dans lequel on vient fourrer tout ce qui est dérangeant, terrifiant, horrible, avec option hémoglobine si possible, sous des appellations aussi diverses et variées telle que #cutegore, #pastelgore, #cottagegore… bref, les combinaisons qui voient le mal partout sont infinies.

Et ça continue, en gore et encore

Taous Merakchi, spécialiste du genre et autrice (son prochain livre portant sur le monstrueux sortira en octobre aux éditions La Ville brûle), n’est pas surprise de notre appétence collective soudaine pour le gore. La faute aux récents succès critiques et populaires du body horror The Substance avec Demi Moore ou encore de la trilogie de slasher –X, Pearl et MaXXXine. Et dans un contexte mondial qui n’est pas à la grosse marrade, se vautrer dans un imaginaire pas franchement porté par la joie de vivre peut paraître contre-productif : « Et pourtant, à chaque période difficile, l’horreur connait une résurgence. Nos sources de trouille sont multiples et plus l’époque est angoissante, plus elle devient un terreau fertile. C’est cathartique. C’est un moyen de canaliser nos peurs dans un environnement contrôlé. Et psychologiquement, ça fait du bien ! »

Ce petit côté feelgood à fort potentiel ASMR se retranscrit dans les tendances mode et make-up qui restent les manifestations les plus polarisantes du gore. Ce n’est pas Halloween tous les jours et pourtant on pourrait facilement se prendre pour une mariée toute en bandelettes ensanglantées, se glisser dans une minijupe « écorchée vive », opter pour des accessoires corporels comme faits de viscères – on appelle ça du « contemporary haute macabre », pardon du peu, ou se lancer dans un tuto make-up FX, tiré de Beauty of The Beast, un manuel de transformation pour apprendre à créer une cicatrice ou ressembler à un cadavre, et publié par le studio de production A24 derrière les films d’horreur Hérédité et Midsommar, dont on ne s’est toujours pas relevés.

Un mal pour un bien

Un phénomène qui n’a pas échappé aux popstars du moment comme Sabrina Carpenter qui, dans Taste, s’écharpe à coups de tronçonneuse avec l’actrice Jenna Ortega (alias Mercredi Addams) ou encore Lady Gaga qui avec son clip Disease mettrait presque en PLS l’Institut Pasteur.

Quant aux « it-girls » Julia Fox et Gabbriette, leur dégaine varie entre le goth, le flippant et le WTF. Si ces personnifications du gorecore prêtent parfois à sourire tant elles peuvent verser dans le grand-guignolesque, leur sous-texte est plus subtil, comme le souligne Jess Slash’her, membre de l’association S’Horrorité et maquilleuse FX : « Ce n’est pas un hasard si les femmes investissent autant le gorecore. Modifier son apparence en allant à l’encontre des standards de beauté, c’est une façon de se soustraire au male gaze. » Une volonté d’empouvoirement féministe qu’incarne à la perfection la figure de la Final Girl - aka la dernière survivante qui viendra à bout du méchant, « non sans une bonne thérapie derrière… », ajoute Jess Slash’her. L’horreur, ça fait toujours un malheur.

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