Un jeune homme qui fait le signe fuck sur fond aux couleurs Instagram

I F**K Insta ! Ces tendances visuelles qui prennent l'esthétique des réseaux à contre-pied

Certains utilisateurs veulent nager à contre-courant du « tout instagrammable ». Au programme : toujours plus d’authenticité, de spontanéité et même d’anonymat.

Le Random Photo Dump en mode pause pipi

Apparu dès 2020 sur le réseau préféré des millennials et instantanément entré dans nos us et coutumes, le photo dump jongle se situe entre l’album photo perso et le best of compilant les meilleurs moments de la journée, de la semaine, du mois. Avec la possibilité de mettre jusqu’à 20 photos dans le carrousel depuis l'été dernier, Insta offre la structure idéale pour s’adonner au personal branling et à l’oversharing. Mais c'était sans compter sur l'esprit taquin des internautes qui préfèrent détourner ce doomscrolling chronophage pour le transformer en outils de trolling. Le but est d’abrutir son public à coups de photos « random » (comprendre banales, absurdes, chiantes) : pause pipi, fond de tiroir poussiéreux, foodporn peu ragoûtant, citation inspirationnelle bancale… Un dégueulis visuel sans aucune recherche de style ni de goût, qui frôle l’humour meta et la private joke, et qui a le don d’effacer tout repère spatiotemporel.

Le Landscape Mode ou ma vie à l'horizontal

Aussi appelé « sideways », soit le fait de tourner son smartphone à l’horizontale en mode « paysage ». C’est peut-être un détail pour vous, mais pour TikTok et Insta ça veut dire beaucoup, puisque ces applis ont habitué leurs utilisateurs à tenir leurs téléphones à la verticale, conformément au format « écran » imposé pour rentrer dans le moule. Ce que l’on en déduit ? Ce geste est indissociable du retour de l’appareil photo numérique et de ses clichés tout en longueur, surexposés au flash. Il traduit aussi une sorte de nostalgie : celle de se constituer un véritable album photo imprimé, plutôt que de laisser à la carte mémoire la seule responsabilité de nos souvenirs.

L’esthétique de la surveillance qui fuck le système

Souriez, vous êtes vidéosurveillé ! L’esthétique panoptique ou panopticoncore se répand comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux. On adore par exemple les photos faussement paparazzées, ou celles prises alors qu’on est filmé en direct par la caméra de surveillance de notre supermarché du coin… Basé sur la théorie du philosophe français Michel Foucault en 1975, le panoptisme 2.0 repose sur l’idée que l’internaute, conscient d’être observé, adapte son comportement en fonction des attentes de ses followers. On peut y voir une manière plus que cynique de dénoncer le problème de l’intérieur, en phagocytant cette esthétique visuelle qui verse dans l’ultra-voyeurisme, propre à Big Brother. Preuve qu’on tient là une tendance durable : le gouvernement français a validé la prolongation jusqu’en 2027 de la vidéosurveillance algorithmique (VSA).

Photos floues pour sembler plus vrai que nature

Si les célébrités, en tête de gondole le clan Kardashian-Jenner, ont fortement contribué à façonner les canons de beauté des années 2000 à coups de selfies filtrés et photoshopés comme jaja, elles ont aussi inconsciemment préfiguré les normes esthétiques sur lesquelles l’IA se calque pour générer les physiques sexy de ses fausses influenceuses. Le revers de la médaille ? C’est peut-être cette trend du « blurry effect » qui fait des émules et ce, même parmi les principales accusées, de Hailey Bieber à Kim K, justement. Une façon de certifier son authenticité sur les réseaux sociaux, mieux que le fameux badge bleu, c'est d'injecter un max de spontanéité qu'on suggère par le manque de netteté et de précision des photos. Plus radical encore, les « faceless influencers » (ou « influenceurs sans visage » ) poussent la logique encore plus loin tout en engendrant 1 milliard de vues sur TikTok. C’est ce qui s’appelle « taper dans l’œil ».

Le glitching effect pour nous faire buguer

Appelé aussi glitchcore, il s'agit d'une esthétisation volontaire des bugs numériques et distorsion d’images. Si on le confond souvent, et à tort, avec le vaporwave également enraciné dans l’esthétique rétro numérique, le glitchcore en dit un peu plus sur l’état du monde : ces déformations d’images chaotiques et ultra-saturées ne traduisent rien de moins qu’une angoisse face à l’hégémonie technologique. Il est indissociable de l’hyperpop, ce genre musical hyperénergique tout en voix d’avatar numérisées suraiguës et sons distordus.

@garmsgoblin

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♬ 9PM in Shibuya - ADTurnUp

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