
Les créateurs de contenu « famille » fuient-ils la Californie pour échapper aux nouvelles lois sur le travail des enfants ? Si la question agite TikTok, il semble que la réponse soit plus complexe.
À l'image d'Alexa PenaVega (ex-star de Spy Kids reconvertie en influenceuse famille) ou de la famille LaBrant, ils sont nombreux à quitter la Californie pour s’installer dans des États plus conservateurs comme le Tennessee ou le Texas. Officiellement, leurs déménagements seraient motivés par des raisons personnelles. Mais sur TikTok, les spéculations vont bon train. Évasion fiscale, désaccord politique ou simple coïncidence ? Décryptage d’un phénomène qui agite les réseaux.
Les influenceurs familles à la recherche d'un environnement fiscal favorable
Parmi les figures de cet exode, Brittany Xavier, influenceuse mode reconvertie en créatrice de contenu familial. Suivie par 1,45 million d’abonnés sur YouTube et 5,1 millions sur TikTok, elle a récemment annoncé son déménagement de la Californie vers le Tennessee. En cause ? Un problème de moisissure dans sa maison de location. Une explication qui laisse sceptiques de nombreux internautes, qui y voient davantage des motivations mercantiles. « Smart! Beaucoup moins cher de déménager et d’acheter une nouvelle maison que de payer tes enfants pour leur travail », ironise un commentaire TikTok. Un autre, plus frontal, questionne : « La Californie était trop bleue pour toi ou c’est parce que tu dois désormais mettre 65 % de ce que tu gagnes grâce à tes enfants sur un compte en fiducie ? » À l'instar de ces deux internautes, ils sont nombreux à soupçonner ces familles d'influenceurs de vouloir échapper à l’Assembly Bill 1880 et au Senate Bill 764 aussi appelé « Child Content Creator Rights Act ». Deux lois qui ont pour objectif d'offrir aux mineurs impliqués dans la création de contenu numérique des protections similaires à celles des enfants acteurs. L’Assembly Bill 1880 redéfinit ainsi la notion de « travailleur du divertissement » en y incluant les créateurs de contenu et prévoit qu'une partie des revenus générés par les enfants influenceurs soit placée sur un compte bloqué jusqu’à leur majorité. Plus contraignant encore, le Senate Bill 764 impose quant à lui que 65 % des revenus bruts générés par un mineur mis en avant dans au moins 30 % des contenus soient placés sous fiducie, jusqu’à sa majorité.
Une hypothèse réfutée par la journaliste Fortesa Latifi de Rolling Stone, qui note que certains des influenceurs incriminés avaient annoncé leurs projets avant même que cette loi ne soit en discussion. C'est le cas de Brittany Xavier qui, face à la polémique, a tenu à clarifier sa position dans une vidéo : « Nous avions prévu ce déménagement depuis l’été dernier. J’en parle dans un épisode de podcast. L’idée était de partir en juin 2025, après la remise de diplôme de Jadyn, mais la moisissure dans notre maison nous a obligés à anticiper. » Elle poursuit en indiquant que son activité n’est pas dépendante de ses enfants : « Mon revenu ne change pas, qu’ils apparaissent ou non dans mes vidéos. Mais on a toujours veillé à les mettre à l’abri financièrement. D’ailleurs, j’ai publié une vidéo YouTube en 2021 expliquant comment Jadyn [sa fille aînée] est rémunérée quand elle apparaît dans mes contenus. »
C'est également le cas des LaBrant, la famille de youtubeurs la plus suivie des États-Unis (12,8 millions d'abonnés YouTube) qui avait annoncé son projet de déménagement dans le Tennessee via un post Instagram il y a deux ans.
Nashville, le «Hollywood conservateur »
Si certains voient dans ces exils la recherche d'un environnement fiscal favorable, d'autres avancent des motivations d'ordre idéologique et politique. La Californie, bastion démocrate, ne serait plus en phase avec les valeurs conservatrices de ces influenceurs qui lui préféraient Nashville, rebaptisée par le New York Times le « Hollywood des conservateurs ».

Une hypothèse crédible si on se fie aux déclarations de la famille Labrant, qui avait dans l'une de ses vidéos comparé le nombre d'avortements en Amérique à celui de l'Holocauste, et indiqué que « Dieu appelait la famille » dans le Tennessee.

Répondant à un commentaire lui faisant remarquer qu'elle s’installait dans un « État rouge » (couleur des Républicains), Brittany Xavier a quant à elle répondu : « La gestion de la Californie est un désastre en ce moment. Espérons que le Tennessee ait un leadership plus compétent. » En outre, à un utilisateur pointant ses abonnements Instagram à Charlie Kirk et Candace Owens, deux figures de la droite conservatrice et soutien de Donald Trump, la jeune femme avait déclaré : « Si JD Vance se présente en 2028, je serai à ses meetings. J’ai adoré son discours de Munich. Je regrette d’avoir voté Biden en 2020. » Le commentaire rapporté par l'influenceuse Spill Sesh a depuis été supprimé.

Simple déménagement, évasion fiscale ou politique ? Quelles que soient les motivations réelles de ces influenceurs, leur départ illustre une tendance plus large : celle d'une Amérique facturée.
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