
Un rapport scientifique sur l’état de la nature aux États-Unis a été annulé par l’administration Trump. Pour lutter contre cette censure, les chercheurs cherchent à le publier hors du cadre gouvernemental.
Le National Nature Assessment (NNA), une évaluation sans précédent de l’état des terres, des eaux et de la biodiversité aux États-Unis, devait être finalisé en février. Porté par plus de 150 experts, ce rapport aurait fourni une vision détaillée de l’état de la nature américaine et de son rôle dans l’économie, la santé et la sécurité du pays. Mais l’administration Trump a brutalement mis fin au projet par décret.
Une offensive politique contre la science environnementale
Ce n’est pas la première fois que l’ex-président républicain attaque les travaux scientifiques en lien avec l’environnement. Lors de son premier mandat, Donald Trump avait déjà réduit les financements de l’Agence de protection de l’environnement (EPA), empêché certaines agences de publier des données sur le climat et favorisé l’industrie des énergies fossiles. Son slogan « Drill, baby, drill » résume bien cette approche : privilégier l’exploitation pétrolière et gazière aux dépens des études sur la biodiversité et le changement climatique.
Le rapport NNA était particulièrement vulnérable car il ne découlait pas d’une loi votée par le Congrès, mais d’un décret signé par Joe Biden. Son annulation s’inscrit dans une série de décisions visant à démanteler les politiques environnementales de l’administration précédente. En quelques jours, Trump a révoqué plusieurs règlements écologiques, gelé les financements liés au climat et supprimé la page Web fédérale du projet NNA. Au-delà de l’environnement, le rapport insistait sur l’impact économique de la biodiversité. Selon le professeur Rajat Panwar, « la dépendance de l’économie à la nature est sous-estimée, sous-étudiée et sous-évaluée ». Agriculture, industrie pharmaceutique, tourisme : de nombreux secteurs dépendent des ressources naturelles, mais sans données officielles solides, les décisions politiques et économiques continueront d’ignorer ces liens cruciaux.
Un combat pour la diffusion des connaissances
Les scientifiques mobilisés autour du NNA veulent désormais trouver un moyen de publier leur travail en dehors du cadre institutionnel. Mais l’absence d’un appui gouvernemental pose un défi : comment garantir la même crédibilité et la même portée à un rapport sans l’aval officiel des agences fédérales ? Des solutions sont à l’étude : publication dans des revues scientifiques, diffusion par des universités ou des ONG, création d’un rapport parallèle validé par un comité indépendant. Mais l’objectif reste le même : que ces recherches influencent les politiques publiques et sensibilisent la population. « Ce travail est trop important pour disparaître », insiste Phil Levin, l’ancien directeur du projet. Dans un contexte où la crise environnementale s’aggrave, l’abandon de cette évaluation serait une perte majeure pour la science, mais aussi pour la société américaine dans son ensemble.
Il en est de ce cas comme pour bien d’autres où l’obstruction est désormais à l’œuvre, tout l’espoir réside maintenant dans l’attitude que la société civile américaine leur répliquera. J’ai peu d’espoir qu’un sursaut prochain viendra contrecarrer ces destructions, ayant une expérience personnelle de la société américaine.
Dans le cas de cette étude espérons qu’elle sera rendue publique malgré les obstacles. Elle est attendue !