
Sur les réseaux, les toutes jeunes mamans sont des influenceuses comme les autres.
Aucun détail n’est omis. « Je suis enceinte, j’ai 17 ans, je m’appelle Naomi et on va vous présenter notre projet de naissance avec mon compagnon » – « Je suis enceinte, j’ai 17 ans et, au bout de 6 mois (de grossesse, ndlr), je ne pouvais plus porter les habits que je portais habituellement. Donc je vais vous montrer mes habits de grossesse » – « Une minute pour se préparer avec un 16 mois (j’ai 18 ans) » ou encore « Un mardi dans ma vie de maman à 18 ans ». Sur TikTok, les comptes accompagnés des hashtags #teenmom (145 millions de publications à ce jour) ou encore #teenpregnancy (grossesse chez les adolescentes) abondent.
Tout, tout, tout, vous saurez tout sur mon bébé
Tout, absolument tout, est raconté en détail : le début de la grossesse, les aliments à ingérer ou non pendant la grossesse, les vêtements à porter… Parfois, des extraits d’accouchements sont partagés. Ce sont les jeunes mères, mineures ou tout juste majeures, qui s’affichent avec l’enfant, celui-ci ayant parfois le visage flouté. Les pères, eux, sont quasi inexistants, secondaires.
La tendance n’est pas nouvelle. Rappelons-nous la série américaine 17 ans et Maman (TeenMom) diffusée sur MTV entre 2009 et 2012 et cumulant au total 169 épisodes de 42 minutes. Mais dans la réalité, cela ne concerne qu’une minorité : l’âge moyen du premier enfant chez les femmes n’a de cesse de reculer, passant de 24 ans en France en 1974 à 28,5 en 2018. Selon l’Insee, en 2018, moins de 2 % des nouveau-nés ont une mère de moins de 20 ans. Mais les réseaux sociaux sont devenus une caisse de résonance du phénomène #teenmom et permettent aux toutes jeunes femmes concernées d’en faire un business.
Des vidéos qui rapportent gros
Comme le rappelle le média Teen Vogue, sur TikTok, les mamans sont leurs propres productrices. Quand MariClare MacLamroc tombe enceinte à 15 ans, « ma vie était limitée », confie-t-elle au média américain. Jusqu’à ce que l’adolescente commence à partager du contenu sur sa grossesse. En quelques mois, la jeune Américaine atteint le 1,6 million de followers avec des vidéos dépassant facilement le million de vues, lui permettant alors de gagner entre 10 000 et 30 000 dollars par mois. Elle a pu acheter un appartement, se payer une voiture cash et bientôt prétendre à l’achat d’une maison.
Changer les stéréotypes
Mais faire la promotion d’une maternité précoce n’est-ce pas glamouriser une situation qui peut souvent être mal vécue par les jeunes filles ? Pour MariClaire MacLamroc, il s’agit aussi de changer de narratif. Ne pas être vue comme une personne incapable, ou bien de trop fragile pour endurer la maternité. « Je veux montrer qu'être une maman adolescente ne veut pas dire qu'on est un parent merdique, qu'on ne prend pas soin de son enfant », explique la mère, aujourd'hui âgée de 19 ans.
Nombreux sont les commentaires haineux sous les vidéos. Mais beaucoup de jeunes parents remercient aussi le fait de montrer une réalité qui reste souvent critiquée.
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