
Ils parlent de santé mentale en dansant ou en faisant du sport... Ce sont les psys influenceurs. Mais est-ce que leurs contenus nous font vraiment du bien ?
« Voici comment apprendre à t'aimer », suggère un psy jovial. Tout en moulinant sur des rythmes électro pop, le praticien dispense quelques conseils pour améliorer l'estime de soi. Une autre thérapeute s'adresse directement à « toi » pour expliquer la différence entre le sentiment de culpabilité et l'autoflagellation. Le tout dans un cadre informel. Les psys auraient-ils envahi les réseaux sociaux ?
Ton psy en short sur TikTok
La santé mentale a été érigée grande cause nationale pour 2025. Mais depuis une dizaine d'années déjà, des comptes qui traitent du sujet fleurissent sur TikTok et Instagram. À la pointe de la pratique, on trouve des psychologues diplômés comme @Encoreunepsy (30K followers sur chaque plateforme) qui officie depuis 2 ans sur les réseaux distillant des informations sur la santé mentale, teintées de techno et de queerness. Dans la même catégorie, @Julien.Borloz.psychologue (29,5K sur Insta), le psy suisse dansant ou les stars anglophones @Drjulie (4,7M d'abonnés sur Tik Tok) et @millenial.therapist alias Dr Sara Kuburic (1,7 million de followers sur les deux plateformes). Il y en a pour tous les publics et toutes les tranches d'âges.
« Un contenu fiable et sourcé »
Anxiété, dépression, troubles de comportement alimentaire, TDAH..., sont décryptés en reels et en slides par ces « psys influenceurs ». Ils nous livrent, par exemple, des listes de conseils pour poser ses limites, des mises en scène de crise d'angoisse pour apprendre à la calmer, ou un échange sur le terme « red flag ». Les contenus des professionnels de la santé mentale se veulent ludiques. « Le but est d'apporter une vraie réflexion, assure Isaline Gayraux, @encoreunepsy sur les réseaux, psychologue clinicienne et influenceuse. On met à disposition des conseils et du contenu fiable et sourcé. »
Il n'est pas question de proposer une thérapie en 56 secondes de reels ni de verser dans la psychologie de comptoir. « Il s'agit ici de psychoéducation. Les réseaux peuvent servir de source d'information gratuite, accessible à toutes et tous. La posture en cabinet est différente », ajoute Isaline Gayraud. Toujours selon la psy influenceuse, « il n'y a pas de danger » à recevoir ces contenus, souvent non exhaustifs en raison du format court imposé par les réseaux. « C'est comme une entrée en matière. On encourage à se renseigner ensuite. »
Résistance aux effets des algorithmes
Les réseaux sociaux sont souvent mis en cause dans la crise de la santé mentale chez les jeunes. Parmi les éléments mis en cause, le ciblage des données et les algorithmes de recommandations personnalisées qui peuvent enfermer dans une « spirale » de contenus négatifs, notamment dénoncée par Amnesty International. « Pour tous les contenus, il faut rester très vigilant et garder son esprit critique », rappelle Séverine Erhel, enseignante-chercheuse en psychologie cognitive à Rennes 2.
Les contenus faits par des psys professionnels semblent faire office de résistance face aux contenus toxiques qui peuvent circuler, mais reconnaissons que la science n'a pas encore étudié leurs effets sur les utilisateurs.
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