
Une armée d’internautes s’échangent des personnages virtuels pour chatter, jouer et beaucoup plus si affinité. Voici leurs outils principaux.
Dialoguer, flirter et s'engager dans un jeu de rôle sexuel avec une IA qui incarne un personnage fictif ou historique est devenu un usage courant. La pratique est encore taboue et génère bien des angoisses, notamment depuis le suicide d’un adolescent de 14 ans, qui était entré dans une conversation mortifère avec le chatbot d'un personnage virtuel du site Character.ai. Mais derrière les gros titres qui alimentent la panique morale, tout un écosystème est effectivement en train de se développer afin de permettre aux consommateurs, ainsi qu’aux « dresseurs d’IA », de partager un contenu toujours plus complexe et, bien souvent, très problématique, voire illégal.
Chub, l’alpha et l’oméga
Chub.ai est, de réputation, un service incontournable pour construire un personnage virtuel avec une intelligence artificielle. Les utilisateurs ont le choix de définir certains filtres comme le NSFW (Not safe for work), donc porno, ou bien le « Not Safe For Life », pour des fétiches extrêmes qu’on voit davantage sur le forum 4chan. Une fois les réglages établis, les utilisateurs peuvent choisir leur personnage et commencer à discuter. Mais ce n’est pas tout. Le site fait aussi office de plateforme de création et d’échange de personnages générés par IA, un peu à la manière de cartes Pokémon – « carte » étant d’ailleurs le terme consacré pour un modèle de personnage.
Sur Chub, il est possible de les écrire, de les façonner et de les partager. La pratique ne demande pas toujours d’efforts créatifs conséquents : les créateurs peuvent parfois recopier des pages d’un Wiki dédié. Cependant, pour les utilisateurs cherchant à retrouver la sensation de papoter avec un personnage d’un univers populaire (exemple à la mode : Hazbin Hotel, la série d'animation musicale américaine pour adultes), vous serez au bon endroit. Une fonctionnalité vous permet de partager une discussion que vous jugerez particulièrement « informative » ou de consulter celles des autres.
L'usage de cette plateforme, ne présentant aucune forme de modération, reste toutefois problématique. Les utilisateurs ont créé de nombreux chatbots mettant en scène des personnages de fiction mineurs avec lesquels l'IA se montre totalement permissive. Sur une partie du site permettant de lire les fictions générées par des utilisateurs, on trouve de très nombreux jeux de rôle glorifiant des viols et des abus pédocriminels : une « littérature » interdite par la justice en France.
D'autres plateformes semblent prendre un peu plus de précautions. C'est le cas de Spicychat, qui, malgré son système de classement d'IA par tag – très semblable à ceux que l'on trouve sur les plateformes pornographiques – semble exclure en surface les IA spécifiquement dédiées à la pédocriminalité.
« Un jour, je serai le meilleur dresseur »
Pour les dresseurs d’IA, l’adresse de référence semble être NovelAI et son système « Lorebook ». La plateforme se présente comme une plateforme d’aide à l’écriture, permettant de créer ses propres histoires ou des aventures interactives en collaboration avec ChatGPT. Le système Lorebook est, quant à lui, un outil conçu pour créer et maintenir un univers cohérent au sein des histoires. Il permet notamment de créer des personnages qui sont rattachés à un contexte narratif plus large, ce qui leur donne plus de profondeur. En bref, les cartes créées sur ce site permettent d’avoir des échanges moins répétitifs et superficiels. L’outil reste toutefois complexe à utiliser et demande l’apprentissage d’une grammaire spécifique que de nombreux tutoriels expliquent sur YouTube.
Les créateurs qui veulent joindre l’image au texte pour monter de véritables visual novels (des jeux vidéo qui prennent la forme de nouvelles interactives), trouvent leur bonheur sur le logiciel libre Sillytavern. L’outil permet non seulement de générer des illustrations personnalisées, mais intègre aussi l’écriture collective. Simple d’utilisation, la plateforme rappelle toutefois que ce loisir n’est pas gratuit. En effet, la génération d’image ou de texte est coûteuse en tokens.
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