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Une électricité moins chère et peu polluante vous tend les bras

Avec RTE
© Mike Klokov

Structurellement modifié par l'intégration des énergies renouvelables, le rythme du système énergétique invite à une nouvelle approche de la consommation d'électricité. Une opportunité pour l'ensemble des usagers de profiter d'une électricité abondante, décarbonée et peu chère.

Il y a à peine deux ans, la France traversait une crise énergétique sans précédent depuis les chocs pétroliers dès années 1970. Aux conséquences de la guerre en Ukraine, qui a limité les possibilités d'importation de l'électricité, se sont ajoutés plusieurs facteurs dont l'indisponibilité d'une partie importante du parc nucléaire en raison de problèmes de corrosion et le retard accumulé par la France dans les renouvelables. À l'époque, la situation avait poussé le gouvernement, qui craignait que la consommation n'excède la production d'électricité, à mettre en place un plan de sobriété à l'échelle de toute la société. Objectif affiché : faire baisser la consommation d'énergie du pays de 10 % d'ici à fin 2024. 


Deux ans plus tard, le constat est clair : des particuliers aux entreprises en passant par les industriels et les administrations, les incitations à la sobriété énergétique et aux économies d'énergie ont permis l'enracinement de nouvelles habitudes de consommation. « Il y a eu une prise de conscience à deux niveaux. D'abord, nous nous sommes collectivement souvenus que l'électricité est un bien précieux qui n'est pas disponible en quantité infinie. Ensuite, il y a un marqueur très fort qui a été le renchérissement du prix de l'électricité. Il y a vraiment un avant et un après sur la surveillance que chacun, et pas seulement les particuliers, peut faire de sa consommation » confirme Yannick Jacquemart, Directeur Transformation de l'Exploitation du Système électrique et Intégration des Flexibilités chez RTE, le gestionnaire national du réseau de transport d'électricité.

L'hiver 2022, une page tournée 

Depuis ce fameux hiver 2022, la consommation d'électricité n'est jamais repartie à la hausse, principalement en raison du facteur prix. Un véritable paradoxe alors que la France est entrée dans une nouvelle ère de l'électrification appelée par la nécessaire sortie des énergies fossiles du pays. D'ici à 2050, RTE prévoit une hausse de la demande comprise entre +17 % et + 58 % selon les scénarios. Relance du nucléaire et investissements dans les énergies renouvelables doivent précisément permettre de soutenir l'augmentation attendue du volume d'électricité nécessaire pour alimenter des besoins croissants dans de nombreux secteurs, dont les transports, l'industrie et les bâtiments. 

De fait, la baisse de la consommation d'électricité enregistrée ces deux dernières années n'a pas vocation à être pérenne. Ce point de tension extrêmement particulier qu'a été l'hiver 2022 a en fait représenté une sorte de point de passage entre le monde d'avant-crise et le nouveau. Celui-ci est caractérisé par un nouveau mix du système électrique. « Avec la période qui s'ouvre, on entre dans un moment où les énergies renouvelables et les nouveaux types de consommation viennent changer l'équilibre d'un système qui a été mature et stationnaire pendant une vingtaine d'années » détaille Yannick Jacquemart. 

Vers une nouvelle optimisation de la consommation d’électricité

Face à l'évolution des usages électriques, RTE souhaite encourager le développement d'une nouvelle flexibilité de la consommation. Pas toujours bien connu du grand public, la flexibilité est un mot-clé dans le jargon du gestionnaire des réseaux. « Il s'agit tout simplement des moyens à notre disposition pour moduler la production ou la consommation, à la hausse ou à la baisse, pour garantir l’équilibre du système électrique. C'est quelque chose qui a toujours été utilisé pour gérer un système électrique » explique Yannick Jacquemart. Pour fonctionner, ce système a besoin d'un équilibre parfait entre production et consommation de l'électricité. Or, celle-ci se stocke difficilement. Il est donc nécessaire d'agir sur la consommation pour la faire concorder avec la production. In fine, la flexibilité de la consommation tient tant à la souplesse qu'à la capacité de chacun à faire évoluer ses habitudes pour consommer l’électricité aux meilleurs moments sans impact sur le confort.

Ces enjeux de pilotage de la demande ne sont pas nouveaux pour RTE. Dans les années 1970-1980, le déploiement du parc nucléaire français au cours de la période qui a suivi les chocs pétroliers s'est accompagné de mesures de flexibilité de la consommation. « C'est un moment où il y a eu une vraie stratégie globale nationale entre un nouvel outil de production et le développement des usages. Il y avait beaucoup d'électricité disponible la nuit donc on a mis en place le pilotage des chauffe-eau électriques avec un signal tarifaire et un décalage de fonctionnement sur ces heures-là » illustre Yannick Jacquemart. 

Un nouveau tempo pour rythmer le système électrique

Avec l'intégration des énergies renouvelables, notamment l'éolien et le solaire qui ont contribué à près de 15 % de la production électrique française en 2023, le besoin de flexibilité apparaît renforcé. « Les rythmes du système électrique sont en train de changer sous l'effet de ces nouveaux moyens de production. Avec le photovoltaïque, on a une disponibilité de production décarbonée supplémentaire en milieu de journée. Cela crée une plage d'abondance d'électricité, soit une opportunité pour consommer  » analyse M. Jacquemart. « À cela s’ajoute le vent et la disponibilité des productions éoliennes en France et en Europe, qui se précise au gré de la météo. La prise en compte de ce nouvel équilibre du système électrique appelle donc à de la gestion dynamique et à ce que l'on appelle de la flexibilité d'optimisation » poursuit-il. 

Contrairement à la gestion des difficultés d'approvisionnement en 2022, ces nouveaux besoins de flexibilité n'appellent en rien à des impacts sur le confort des utilisateurs. Pour RTE, l'enjeu essentiel réside bien dans la décarbonation qui conduit à l'électrification et donc à une augmentation des besoins.

« Dans notre rôle d'éclaireur des pouvoirs publics, nous cherchons à montrer comment le système électrique pourrait évoluer de façon optimisée pour limiter la facture et accélérer le mouvement de décarbonation qui consiste à sortir des énergies fossiles, résume Yannick Jacquemart. « Décaler les consommations qui peuvent l'être sur ces plages de production abondante d'électricité décarbonée, soit la journée entre 11 et 17h et la nuit, est un moyen rapide et efficace, au bénéfice du consommateur, de s'adapter à la nouvelle donne de la production » conclue-t-il. En d'autres termes, c’est bien la perspective d'un système gagnant-gagnant généralisé qui s’offre à nous : un nouveau monde dont ressortiront vainqueurs l'équilibre du système électrique, le portefeuille des consommateurs et la planète. 

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