Une jeune femme rousse, regard au ciel avec une sucette

Célibataire ? Non, en cure boysober

Marre des dates ratés et des histoires d’amour décevantes ? Une cure boysober s’impose. Sur les réseaux sociaux, des femmes font part de leur souhait de se sevrer temporairement des relations amoureuses.

Après le Dry January et sa désintoxication d’alcool, voici le boysober. Sur son TikTok @justhopinalong, rassemblant plus de 430 000 abonnés, l’humoriste américaine Hope Woodard liste les règles officielles du mouvement boysober qu’elle a popularisé : pas d’applications de rencontre, pas de dates et de flirts, et pas de relations amoureuses ni sexuelles pendant une certaine durée, décidée par la personne concernée. Cette « cure » s’applique bien sûr à tous les genres et toutes les orientations sexuelles. L’idée ? Prendre soin de soi et utiliser son énergie à se connaître soi-même et à avancer dans sa vie. « C’est l’engouement le plus en vogue en matière de santé mentale cette année », s’enthousiasme auprès du New-York Times une jeune femme venue assister au spectacle de stand-up d’Hope Woodard, intitulé Boysober.

Dating fatigue

L’époque où Bridget Jones cherchait frénétiquement l’amour et redoutait de finir célibataire semble bien loin. En 2019 déjà, l’actrice Emma Watson affirmait au Vogue britannique : « Il m’a fallu beaucoup de temps, mais je suis très heureuse d’être seule. Je suis en couple avec moi-même. J’appelle ça être "autopartenaire". » L’idée que le bonheur passe forcément par le couple est-elle révolue ? Selon les derniers chiffres de l’INSEE, 40,9 % des Français sont célibataires et certaines métropoles européennes comptent plus de 50 % d’habitants solos. Chez les plus jeunes, le bonheur ne rime pas forcément avec la vie de couple : en novembre 2021, 82% des 18-24 ans et 70% des 25-39 ans affirmaient qu’on peut être heureux sans relation amoureuse.

Depuis le boom des applications, la recherche numérique de l’âme sœur a créé de nombreuses désillusions : entre le ghosting (le fait de ne plus donner de signes de vie du jour au lendemain), le roaching (dater plusieurs personnes en même temps), le gophering (annuler une rencontre à la dernière minute), etc., les célibataires enchaînent les déceptions et finissent par se lasser. Une Dating fatigue analysée par la journaliste Judith Duportail, qui va jusqu’au burn-out émotionnel.

« Je peux m’aimer mieux que toi, bébé »

Si Hope Woodard a choisi de faire une cure boysober d’un an, et que la période peut être plus ou moins longue, l’idée n’est pas de rompre définitivement avec le sexe opposé, mais bien de prendre le temps d’apprendre à s’aimer, plutôt que de perdre son énergie et sa confiance en soi dans des dates ratés : « en vivant seule longtemps, j’ai appris […] à être indépendante, à me respecter, à m’aimer », note la journaliste Marie Kock dans Vieille fille (La Découverte, 2022). Une fois bien dans sa peau, on peut repartir du bon pied et se lancer dans une relation qui vaut le coup. « L’expérience célibataire marque les aspirations en matière de conjugalité et les façons de (re)faire couple. De ce point de vue, préserver son espace personnel apparaît comme un idéal fort, qui influence le fonctionnement et le type d’union envisagés », soulignent les chercheuses Marie Bergström, Françoise Courtel et Géraldine Vivier dans un article de l’Ined (Institut national d’études démographiques).

Il faut dire que #metoo a rebattu les cartes et que les notions de « consentement » et de « limites » sont plus intégrées par les membres de la GenZ que par leurs aînés ; et de nombreuses jeunes femmes n’hésitent plus à témoigner de leurs relations malsaines passées. À l’instar de Miley Cyrus qui, en 2023, dans son titre Flowers évoque sa relation chaotique avec l’acteur Liam Hemsworth – qui n’était pas des plus fidèles. En une semaine, le titre était devenu la chanson la plus écoutée de Spotify avec plus de 100 millions d’écoutes. « Je peux m'aimer mieux que toi, bébé », chante-t-elle. Déjà un hymne pour le mouvement boysober !

Flowers, Miley Cyrus

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