un youtubeur mort avec le logo de la plateforme sur lui

Burn-out et pression : et si les créateurs de contenu se syndiquaient ?

Au bord de la crise de nerfs, les créateurs de contenu pourraient bien réclamer des comptes et plus de transparence aux plateformes et aux marques avec lesquelles ils collaborent.

Pour qui suit les youtubeurs américains, ce début d'année 2024 ressemble à une hécatombe. Tom Scott, un vulgarisateur aux 6 millions d'abonnés, Leon Hendrix qui se situe plus dans le coaching de vie, Meat Canyon, le créateur de dessin animé qui parodie YouTube ou MatPat, créateur de la chaîne The Game Theorists ont tous annoncé la fin de leurs chaînes YouTube. S'ajoutent encore CaptainSparklez et stampylonghead, deux youtubeurs spécialisés sur Minecraft avec plus de 10 millions d'abonnés au compteur et le vlogueur Seth Everman. Tous n'arrêtent pas complètement leur activité, mais ils vont se concentrer sur d'autres médias comme le podcast.

Burn-out en série chez YouTube

En France, on peut observer le même phénomène. En 2023, les youtubeurs McFly et Carlito avaient annoncé la fin de leur format classique. Ils sont revenus, quelques mois après, avec une émission beaucoup plus sobre en termes de moyens. En décembre, c'est la chaîne spécialisée sur les cascades en voiture, Vilebrequin, qui tirait sa révérence. Plus récemment le youtubeur et streameur Squeezie, dont le documentaire biographique Merci Internet vient de sortir, a annoncé un ralentissement de sa production. Ce dernier sort actuellement une vidéo, très produite par semaine.

Comme le souligne le journaliste tech Ryan Broderick sur son fil Twitter, la raison principale de ces arrêts et de ces ralentissements, c'est le burn-out des créateurs face à une plateforme de plus en plus exigeante. Avec une mise en valeur des vidéos durant plus de 30 minutes et ultra-produites comme celle de Mister Beast, YouTube a monté la barre tellement haut que même les gros vidéastes situés entre 500 k et 10 millions d'abonnements peinent à suivre. Ils produisent bien des contenus, mais les performances de ces dernières ainsi que leurs revenus sont de plus en plus aléatoires, malgré le nombre des abonnés.

Plus de transparence, et pourquoi pas un syndicat ?

Le rythme intense de YouTube n'est d'ailleurs pas le seul problème auquel sont confrontés les créateurs de contenu. Dans un article de TechCrunch, la journaliste Amanda Silverling évoque le chemin semé d'embûches des vidéastes et leur relation compliquée avec les plateformes. Sur TikTok, l'audience est meilleure, mais la rémunération laisse à désirer et le contenu est facilement récupéré, et reposté sur d'autres comptes. Il est aussi difficile de se projeter dans 5 ou 10 ans quand son compte peut être supprimé du jour au lendemain pour une question de mauvaise modération. Même problème avec Instagram qui malgré son virage très porté sur l'influence et les créateurs professionnels n'a toujours pas un service après-vente capable de répondre aux utilisateurs. Enfin, le manque général de transparence et de barème fixe des rémunérations pose un problème aux créateurs au point que la tiktokeuse Hannah Williams, créatrice de la chaîne salarytransparentstreet, estime que les vidéastes devraient se syndiquer pour faire pression sur les plateformes de la même manière que les acteurs et les scénaristes ont su faire pression sur les studios.

Un début d'organisation se met d'ailleurs en place pour accentuer cette transparence. La tiktokeuse msyoungprofessional a par exemple mis en place un site intitulé Fuck you Pay me dans laquelle elle enjoint les créateurs de contenu à partager les revenus qu'ils tirent des collaborations passées avec les marques. De son côté, Ezra Cooperstein, président d'une startup de gestion pour les grands youtubeurs et notamment MrBeast a lancé un projet d'ONG intitulé Creators.org afin d'organiser et d'unifier les revendications des créateurs de contenu. S'il précise qu'il est difficile pour le moment d'établir une ligne claire, tant les vidéastes veulent des choses différentes, il estime qu'une première étape pourrait être de demander aux plateformes une plus grande transparence sur les modifications des algorithmes, ainsi que des protections juridiques afin de terminer la mue professionnelle de ce métier somme toute assez récent.

David-Julien Rahmil

David-Julien Rahmil

Squatteur de la rubrique Médias Mutants et Monde Créatif, j'explore les tréfonds du web et vous explique comment Internet nous rend toujours plus zinzin. Promis, demain, j'arrête Twitter.

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