Une grande ville américaine désertée

Des milliers de communes américaines pourraient devenir villes fantômes d'ici 2100

© Dimitry B.

Une étude explique ce dépeuplement par le déclin de l'industrie, la baisse des taux de natalité et l'impact du changement climatique.

Les villes de 2100 ne seront pas celles d'aujourd'hui. Selon les résultats publiés dans Nature Cities repris par Scientific American, la population de quelque 15 000 villes, sur les quelque 30 000 recensées aux États-Unis, pourrait fortement diminuer. Une tendance qui devrait affecter les villes dans tous les États, à l’exception d’Hawaï et Washington.

Le dépeuplement et non la croissance

Mandatés par le ministère des Transports de l’Illinois pour analyser la manière dont les villes de l’État devraient appréhender les déplacements dans un contexte de dépeuplement, les chercheurs ont réalisé que leurs résultats pourraient être utiles à de nombreuses villes américaines, et pas seulement aux métropoles comme New York, Chicago et Los Angeles. « La façon dont nous planifions actuellement est entièrement basée sur la croissance, alors que près de la moitié des villes des États-Unis sont en train de se dépeupler », déclare l'un des coauteurs de l'étude, Sybil Derrible, ingénieur urbaniste à l'Université de l'Illinois à Chicago. « Ce qu’il faut retenir, c’est que nous devons abandonner la planification basée sur la croissance, ce qui nécessitera un énorme changement culturel dans la planification et l’ingénierie des villes. »

Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs ont analysé les données collectées entre 2000 et 2020 par le recensement américain. Cela leur a permis d'identifier les tendances démographiques en cours dans plus de 24 000 villes, et de modéliser des projections pour 32 000 communes. Les chercheurs ont ensuite combiné ces projections démographiques à cinq scénarios climatiques couramment utilisés, appelés « Trajectoires socio-économiques partagées » (Shared Socioeconomic Pathways). Ces scénarios modélisent la façon dont la démographie, la société et l’économie pourraient changer d’ici 2100, en fonction de l’ampleur du réchauffement climatique.

La moitié des villes vidées

D'ici 2100, la moitié des villes des États-Unis – dont Cleveland, Buffalo et Pittsburgh – connaîtra probablement un dépeuplement de 12 à 23 %. Certaines de ces villes, comme Louisville, New Haven et Syracuse, ne montrent pas encore de signe de déclin, mais seront probablement concernées à l'avenir. Au niveau régional, le Nord-Est et le Midwest devraient être les plus touchés par le dépeuplement. Et au niveau des États, le Vermont et la Virginie occidentale seront les plus affectés, avec 80 % des villes de chacun de ces deux États qui connaîtront une importante baisse de population. L’Illinois, le Mississippi, le Kansas, le New Hampshire et le Michigan pourraient également voir les trois quarts de leurs villes diminuer en population. Pour Uttara Sutradhar, doctorant en génie civil à l'Université de l'Illinois, « un mélange complexe de variables en jeu qui diffèrent selon les endroits » expliquerait le phénomène. Parmi ces variables : la hausse du coût des logements dans certaines régions, le déclin de l’industrie, la baisse des taux de natalité, les différents niveaux d’impôts de l’État, et l'impact du changement climatique.

« C'est l'occasion d'être créatifs »

« Je n'ai jamais vu une étude nationale qui regardait aussi loin vers l'avenir », affirme Justin Hollander, spécialiste de l'urbanisme à l'Université Tuft, au média américain. Il prévient cependant qu’il est « assez imprudent » de faire des projections précises aussi longtemps à l’avance, étant donné le degré d’incertitude planant sur l’avenir. Il demeure toutefois important à ses yeux de parler du dépeuplement futur : « Le dépeuplement est partout, et l'étude a raison d’exiger que les villes s'emparent du sujet et commencent à se préparer honnêtement à cet avenir possible. » Les auteurs espèrent que leur article servira de signal d’alarme aux décideurs politiques. L'objectif : les inciter à s’écarter d'une planification basée sur la croissance pour élaborer des solutions spécifiques aux villes. « Nous ne devrions pas voir cela comme un problème mais comme une opportunité de repenser notre façon de faire les choses », déclare Derrible. « C'est l'occasion d'être créatifs. »

Laure Coromines

Laure Coromines

Je parle des choses que les gens font sur Internet et dans la vraie vie. Fan de mumblecore movies, de jolies montagnes et de lolcats.

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commentaires

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  1. Avatar A. GEORGES dit :

    Tout le monde devrait savoir qu'il est prévu une baisse de la population d'ici 2040, il suffit d'aller sur internet. Il est inconcevable que nos responsables politiques et autres n'en tiennent pas compte. Mais on trouve impératif de se protéger de tous ces étrangers qui veulent prendre notre place... Comme disait Albert Einstein "il y a deux choses qui sont infinies, la bêtise humaine et l'espace, bien que pour l'espace, on n'en n'est pas certain".

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