
Faire disparaître la technologie dans un monde où elle est omniprésente, c'est le défi de Rand Handi, fondateur de Snips. Le data scientist met de l'intelligence dans nos objets connectés pour diluer notre addiction et simplifier notre vie. Présentation.
C’est lors d’un voyage au Costa-Rica que Rand Hindi a eu l’idée de développer Snips, une intelligence artificielle qui optimise notre temps et améliore notre quotidien. Totalement déconnecté du monde pendant ses excursions, une fois rentré à l’hôtel, il se sentait assailli : push, notifications, réceptions de mails… Rand Hindi parle de compulsive addiction : « Tout comme le chien de Pavlov, nous sommes conditionnés. 9 personnes sur 10 souffrent de « vibrations fantômes » : ils ont l’impression que leur téléphone vibre dans leur poche, alors qu’en réalité, il n’en est rien ».
Aujourd’hui, les possibilités de se connecter sont multiples : mobile, ordinateur, tablette et aucun de ces devices ne reconnait quel est celui que l’utilisateur a privilégié. Résultat ? Les mêmes notifications sont envoyées sur les trois. Nous sommes entrés dans l’ère de l’IoT et notamment de la domotique « Plus de 100 milliards d'appareils seront connectés d'ici 2025, ce qui correspondra à 14 devices par personne. Imaginez juste ce que nous allons subir lorsque nous recevront simultanément des notifications sur ces 14 appareils… ».
Snips qu’il a cofondé en 2013 avec Maël Primet et Michael Fester, était à la base un Innovation Lab dédié aux marques comme La Poste ou la SNCF. Grâce à l’optimisation des datas de ces sociétés, la startup permettait que les services soient optimisés. C’est le cas notamment de l’application Tranquilien mise au point pour la SNCF et qui permet de connaître le remplissage des trains du réseau, afin de mieux organiser le remplissage des rames. Désormais, Rand Hindi concentre son activité sur une intelligence artificielle capable de résoudre cette question : développer un service qui permette, entre autre, lorsque vous êtes en retard à une réunion, d’informer automatiquement toutes les personnes concernées ; quand vous êtes en rendez-vous de désactiver vos notifications non-urgentes... Tous ces services n'ont qu'un seul but : « Permettre aux utilisateurs de retrouver une forme de liberté en privilégiant le monde réel ».
Dans un premier temps, Snips a décidé de se concentrer sur la conception de « briques » intelligentes pour smartphone. Des « briques » capables de faire interagir les différents devices, de croiser leur contenu afin de fluidifier l’information et de simplifier l’expérience utilisateur: « Par exemple, si j’ai l’habitude de me rendre toujours au même endroit le vendredi soir, lorsque j’accède à Google maps, il devrait me proposer directement cette adresse par défaut.». Ainsi, pour rendre nos smartphones plus intelligents, Snips croisera des données types qui touche à l’individu (localisation, calendrier, emails, données santé…), le niveau de relation avec les différents contacts et son environnement (météo, mode transport…). « La technologie sera si profondément intégrée dans nos vies que nous ne la remarquerons plus. L’Intelligence Artificielle saura faire disparaître la technologie de notre conscience, et le monde se sentira à nouveau débranché. »
Rand Hindi, Maël Primet et Michael Fester, sont tous les trois issus du machine learning. En ce moment, ils se concentrent sur la création d’un clavier d’adresses prédictives pour iOS à partir de Google Maps ou Uber, par exemple. Une brique intelligente qui vient se greffer sur l’interface du smartphone et qui évite de devoir jongler entre ses cartes et son calendrier: pour l’instant en version bêta, elle est testée par 1000 utilisateurs.
L’équipe de Snips est composée essentiellement de chercheurs et de datas scientists. Yann Lechelle, confondateur d’Appsfire, en fait partie ; tout comme Renaud Visage, fondateur et directeur de la technologie d’EventBrite. Ils sont respectivement directeur des opérations et membre du conseil d’administration Snips.
La startup francaise a réalisé une levée de fonds de 6,3 millions de dollars (soit environ 5,62 millions d'euros). Ces fonds proviennent majoritairement de The Hive, Eniac, 500 startups pour le côté anglo-saxon, Brent Hoberman, Xavier Niel et Cedric Kutlu, pour les européens.
Rand Hindi a été nommé lauréat l’année dernière du MIT, Innovators Under 35, qui récompense 35 novateurs de moins de 35 ans. Il sera présent au EmTech à Toulouse les 15 et 16 décembre.
@randhindi
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