Homme asiatique utilise l'application chinoise Zao pour s'incruster dans un film

Zao, l'appli chinoise qui vous incruste dans les séries, cartonne autant qu'elle inquiète

© Zao

Depuis quelques jours, l’application Zao caracole en tête des tops téléchargements en Chine. Elle permet aux utilisateurs d’échanger leur visage avec celui d’une star dans un extrait vidéo. Les résultats obtenus sont bluffant, mais les conditions d’utilisation interrogent les utilisateurs.

Vous rêvez de jouer un rôle dans l’une de vos séries préférées ? L’appli chinoise Zao peut vous en donner l’illusion. À partir d’une ou plusieurs photos de l’utilisateur, son algorithme d’intelligence artificielle échange votre visage avec celui d’une star dans une scène de film, de série, d’exploit sportif ou de clip vidéo. Et le résultat est bluffant.

Prendre la place de Leonardo DiCaprio en 8 secondes chrono

Ci-dessous l’exemple d’un utilisateur prêtant ses traits aux personnages de Leonardo DiCaprio dans La Plage, Titanic et Gatsby le Magnifique. La vidéo a été générée en 8 secondes, précise-t-il.

Depuis quelques jours les internautes chinois se passionnent pour cette application, développée par l’entreprise Momo Inc. Deux jours après sa mise en ligne sur l’App Store chinois vendredi 30 août, elle s’est hissée dans le top des applications gratuites les plus téléchargées. Elle occupe actuellement la seconde place. L’application peut être téléchargée sur l’App Store français mais n’est disponible qu’en mandarin.

Une appli aussi téléchargée que critiquée

Une application virale qui fait aussi l’objet de vives critiques de la part de certains utilisateurs, soucieux de la confidentialité de leurs données et de leur image. Beaucoup d'avis sur l'App Store blâment la politique de confidentialité de l'application, rapporte Bloomberg. La première version des conditions d’utilisation avait, en effet, de quoi inquiéter. Celle-ci indiquait que Zao disposait de droits « gratuits, irrévocables, permanents, et transférables » sur tout le contenu généré par l’utilisateur, précise Bloomberg. L’appli a depuis rectifié le tir. Elle indique qu'elle n'utilisera ni photos ni mini-vidéos téléchargées par les utilisateurs à des fins autres que l'amélioration de l'application ou d’autres raisons préalablement approuvées par les utilisateurs. L'application a également tenu à rassurer les utilisateurs avec un message posté sur Weibo.

Cette réponse aux critiques n’a pas empêché WeChat, la messagerie chinoise sur laquelle les utilisateurs s’envoyaient des gifs de leurs vidéos Zao, de rompre ses liens avec l’application.  

Deepfake pour tous ?  

Outre les problématiques de confidentialité, d’autres internautes s’inquiètent de voir des « deep fakes » crédibles à la portée de tous.  « À quoi vont ressembler les prochaines élections ? », ont commenté certains twittos. « Cela signifie que la vidéo ne sera plus une preuve suffisante », s’inquiète un autre.

Ce n’est pas la première fois qu’une application transformant le visage des utilisateurs suscite l’inquiétude. À l'été 2019, l’application russe FaceApp téléchargée des millions de fois en quelques jours, avait également créé la polémique. Cette appli qui permet de se voir vieilli de 40 ans en quelques secondes avait été critiquée pour sa politique de confidentialité. En l’utilisant, vous acceptez de céder la propriété de votre photo d’origine ainsi que sa version modifiée à l’entreprise russe Wireless Lab OOO, qui gère l’application. Ce qui signifie que la société peut notamment exploiter votre photo à des fins commerciales. Mi-juillet, la Cnil avait publié sur son site une mise en garde et des conseils à l’attention des utilisateurs de ce type d’appli.

Zao est une nouvelle illustration de l’ère du « World Wide Face » . Un concept proposé par Olivier Ertzscheid sur son blog Affordance. Pour le chercheur enseignant en sciences de l'information et de la communication, le visage est devenu une monnaie d’échange et un outil de surveillance de masse.

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Marine Protais

À la rubrique "Tech à suivre" de L'ADN depuis 2019. J'écris sur notre rapport ambigu au numérique, les bizarreries produites par les intelligences artificielles et les biotechnologies.

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