
Entre nouvelles modalités - cyber assurance, assurance peer to peer... - et une réglementation contraignante - RGPD - le secteur doit se réinventer. De quoi favoriser l’émergence de nouvelles startups.
Une contrainte, mais une chance également pour un marché qui se structure autour de géants et de startups de l’AssurTech. En 2017, le secteur a recueilli plus de 2 milliards de dollars d’investissements. La valeur de ce marché naissant a ainsi été multiplié par 20 en moins de 5 années rapporte le cabinet Klein Blue…
Le changement est donc profond alors même que le secteur fait déjà des victimes collatérales. Les mutuelles, en santé principalement, font les frais de cette concurrence accrue entre géants. A tel point que les agences de notation s’inquiètent du futur de ces acteurs. Fitch Ratings estime à ce titre que la situation des mutuelles va continuer à se complexifier dans les prochaines années, à cause principalement des changements de réglementation. Et pour cause, Fitch considère que certaines d’entre elles n’auront pas les reins suffisamment solides pour assurer les coûts liés au RGPD et risquent ainsi de souffrir.
L’Assurance 2.0 arrive progressivement, sur fond de transformation numérique, alors même que des enjeux profonds sont à l’œuvre. Pour comprendre cette mutation profonde, voici trois angles de compréhension.
RGPD is coming
Mais le RGPD peut également représenter une opportunité pour le secteur. Face aux risques que pourraient encourir les professionnels qui ne respecteraient pas la loi, les assurances auraient tout à gagner à proposer des cyberprotections en cas de piratage informatique ou d’intrusion dans les bases de données. Un pari risqué mais qui pourrait pousser les entreprises à renforcer la sécurisation de leurs données.
Une utilisation personnalisée grâce à l’IoT
Au Canada, une assurance automobile a déjà pris ce virage. La société Desjardins a développé un service baptisé Ajusto au principe simple : le calcul de la prime de risque est réalisé en fonction de la conduite de l’utilisateur ainsi que fonction du niveau de risque qu’il entreprend lorsqu’il utilise son véhicule. L’application dédiée va ainsi traquer des éléments tels que la vitesse de conduite, les accélérations, les freinages ou virages brusques… L’idée est ensuite que les conducteurs évitent tout débordement et adoptent une conduite propre… et paient ainsi leur assurance moins chère.
En filigrane de cette utilisation des technologies afin de traquer le plus finement possible les utilisateurs s’amorce la fin du régime mutualiste. En France, le système de santé ne fonctionne que par la force de la collectivité. La personnalisation à outrance des risques va donc avoir pour effet de secouer les bases des mutuelles.
Ces dernières doivent donc pivoter en misant notamment sur le système collaboratif également appelé l’assurance peer-to-peer. Le principe est simple, plutôt que de miser uniquement sur la personnalisation d’un assuré, ces coopératives vont regrouper des typologies identiques de personnes. Elles vont ainsi pouvoir s’assurer entre-elles, minimisant les risques et entraînant de fait un cercle vertueux.
Davantage plateformes de mise en relation que réelles mutuelles, ces nouveaux modèles font se rassembler des clients dotés de profils similaires et leur proposent des offres en fonction de leurs habitudes.
L’avenir est-il dans les AssurTech ?
Mais la réglementation actuelle représente encore un frein à leur développement. Actuellement, la loi laisse peu de latitude aux clients professionnels (principales cibles des startups de l’AssurTech) pour résilier leur contrat d’assurance. Ils ne peuvent en effet casser un deal à tout moment et doivent attendre la date de fin de contrat prévue à la signature. Un manque de flexibilité du marché qui nuit aux nouveaux entrants.
Dans ce cadre, le RGPD peut représenter une nouvelle marche à gravir pour les acteurs de taille modeste. A moins qu’ils ne saisissent la balle au bond et créent de nouveaux modèles en utilisant l’éventail des nouvelles technologies disponibles que sont l’intelligence artificielle, les chatbots ou bien encore la robotique.
[…] n’est pas nécessairement la fin de solidarité explique L’ADN, certaines startups de l’AssurTech travaillent en effet sur des solutions collaboratives […]