
« La chose la mieux partagée au lit reste le silence. Nous sommes resté.e.s dans un rapport au sexe mécaniste, très, très loin de la notion de plaisir », comme le perçoit au quotidien dans ses consultations la sexologue Katia Heineken.
Photo : François-Capdevielle
Tour d’horizon de ceux et celles qui proposent d’apprendre à vivre notre sexualité autrement, en y ajoutant des mots et de l’esprit…
SLOW SEX
Attention : modèle déposé. Diana Richardson, originaire d’Afrique du Sud et résidente suisse, a construit son enseignement en puisant dans la tradition tantrique. Le principe est simple : notre vision occidentale de la sexualité met l’accent sur l’orgasme, de l’homme en général, comme le point culminant à atteindre. Or, l’acte sexuel est moins dans le « faire » que dans « l’être ». On rappelle ici que s’il implique le corps, l’esprit s’engage aussi. Nulle question de performance donc, mais d’écoute, de désir, du sien comme de celui de son.sa partenaire. On ne se consomme pas façon plat chaud à emporter, on prend le temps, doucement, longtemps, on déguste, on savoure.
OM
Attention, format pointu ! La méditation orgasmique nous arrive tout droit de Californie. Sa recette a été concoctée par Nicole Daedone et se fonde sur un mélange de yoga et de méditation en pleine conscience. L’objectif est ambitieux : se reconnecter à son plaisir en apprenant à donner, comme à recevoir, sans but, ni jugement, ni comparaison, juste pour partager les sensations et les émotions... en quinze minutes chrono, pas une de plus, pas une de moins. L’OM se pratique à deux. L’un (très généralement une femme) s’allonge tandis que l’autre lui masse le sexe (le clitoris donc) dans un mouvement très lent, presque imperceptible. On se parle un peu avant, on se parle encore un peu après… mais aucune obligation de se connaître au-delà de ça.
TANTRISME
Non ! L’orgasme n’est pas une simple affaire de zones érogènes. Si vous voulez vibrer avec le cosmos, vous découvrirez que l’on n’atteint pas le nirvana en jetant sa culotte à tous les vents. La tradition nous vient d’Inde. Parcours spirituel, le tantrisme veut capter les forces du désir qui président à l’énergie du monde. Ici l’union du féminin et du masculin est non seulement sacrée, mais elle est aussi la voie d’accès à la libération. Pour l’atteindre, une pratique quotidienne du yoga et de la méditation s’impose. Bon. L’Occident a largement assoupli les règles mais les pratiquant.e.s sont extatiques quand ils et elles racontent comment ils et elles peuvent atteindre le plaisir avec leur partenaire sans même avoir besoin de le.la toucher.
BONDAGE
Des liens qui libèrent ! Le shibari (ou bondage), l’art japonais qui consiste à attacher son.sa partenaire, a longtemps été catalogué dans les pratiques sadomasochistes. Mais, en Europe, il existe désormais dans une version plus douce. « On entre dans le domaine de la sensualité pure, parce que tous les sens sont en éveil, toute notre attention est concentrée et magnifie l’instant. Cela te connecte avec une intensité folle à toi-même, à des facettes que tu n’exploites pas nécessairement au quotidien. Tout devient particulièrement vivace », explique Cyril Grillon, fondateur de la Place des cordes, un lieu un peu à part, où l’on peut s’initier à la technique.
MANKIND PROJECT
Un week-end pour renouer avec le mythe fondateur du masculin. Le MKP veut faire de l’homme du xxie siècle un nouveau guerrier prêt à sublimer ses peurs sur fond de rites initiatiques que les pratiquants s’engagent à ne pas dévoiler. Il est question de campements dans les bois, de cris poussés à moitié nus, de confidences partagées sur son vécu… Le projet a été lancé par trois Américains : un ancien officier du corps des marines, un thérapeute, et un professeur d’université. Depuis, le concept a été repris sur tous les continents par des centres indépendants. La formule existe aussi pour les femmes… et ne doit pas être confondue avec d’autres mouvements portés par des courants religieux.
GYNÉCOLOGIE DIY
Ras le pompon du silence assourdissant qui entoure l’origine du monde ! Elles veulent reprendre la main sur leur sexe. Le mouvement est né aux États-Unis, porté par quelques activistes flamboyantes, dont l’ex-porn star Annie Sprinkle qui a créé la performance Public Cervix Announcement. Elle invite le public à contempler son col de l’utérus au moyen d’un spéculum inséré dans son vagin. Car regarder de très près son organe, c’est outrepasser, une bonne fois pour toutes, la description sommaire dans laquelle on le tient. Entrer dans les détails, nommer les choses, les toucher…, c’est le projet très pédagogique que visent Poussy Draama ou Cluny Braun, deux jeunes et flamboyantes prosélytes.
La place des cordes a fermé, son gérant, en photo de votre article a été accusé d'abus de pouvoir, d'agreession sexuelle et de viol.
Arrêtez de faire de la pub à cette personne.
Cet article offre un aperçu fascinant des diverses manières dont nous pouvons explorer et exprimer notre sexualité, en mettant l'accent sur la communication, la présence et la connexion plutôt que sur la performance. Que ce soit par la méditation orgasmique, le tantrisme ou le bondage, ces pratiques cherchent à approfondir notre compréhension de notre propre désir et de celui de notre partenaire. Pour ceux qui sont intéressés par le bondage, un excellent point de départ peut être la Place des cordes, qui propose des initiations à cette pratique dans une approche respectueuse et bienveillante. En fin de compte, le but est de cultiver une relation plus authentique et épanouissante avec notre sexualité, tout en respectant toujours les limites et le consentement de chacun.