
Et si SXSW ressemblait un peu à Internet transposé dans la vie réelle? Iona MacGregor, DG en charge des stratégies chez Marcel, actuellement à Austin, nous conte l'évènement.
SXSW est le nouveau rendez-vous international du monde de la communication. Et pourtant SXSW n’a rien à voir avec le festival de Cannes. Certes, les festivaliers se baladent partout avec leur accréditation autour du cou, mais la ressemblance s’arrête là.
Ici, tout le monde est un créatif. Que l’on soit ingénieur, marketeur, développeur ou UI. Le design n’est pas une question de graphisme mais un mode de pensée tourné vers la résolution de problèmes. On ne croit pas au génie, ni à l’idée originale, ni à l’idée pure. Tout est partage, collaboration, mash-up, remix et progrès continu. On célèbre autant les échecs et leurs enseignements que les grandes victoires. On ne cherche pas à changer les perceptions mais les comportements. Et il n’y a pas de remise de prix. L’évaluation est collective, en temps réel, dans la conversation générée par le festival sur les réseaux sociaux. #SXSW2014 #SXSW #SXSW14. Finalement, SXSW ressemble un peu à Internet transposé dans la vie réelle.
Il y a les valeurs sûres, les grands sites certifiés où l’on trouve des contenus globalement intéressants comme au Austin Convention Center. D’autres sites proposent un peu n’importe quoi. Toutes les grandes chaînes d’hôtels accueillent des conférences avec des titres accrocheurs. Mais ils s’avèrent souvent être de simples séances d’autopromotion ou de dédicace de livres.
La bande passante de cet Internet IRL n’est pas toujours top et l’on est vite frustré par des longs temps de chargement lorsqu’on attend dans des fils dignes de Disneyland.
Comme Internet, SXSW se consomme en mobilité. Avec des évènements éparpillés sur tout le secteur downtown, on marche beaucoup. Il faut prévoir de bonnes baskets.
Des marques opportunistes, sponsors ou partenaires sont présents tout au long du parcours. Les formats publicitaires sont plus ou moins créatifs. On croise toutes sortes de bannières humaines : des gens en costume qui interrompent votre chemin pour distribuer des leaflets, cartes de visites et objets promotionnels aux couleurs de la dernière start-up locale, ou bien pour demander que l’on Instagramme leur pancarte.
Les grandes marques se concentrent sur du brand content plus lourd. Des formats plus riches et engageants. Certains créent du brand entertainment, comme Subway avec son stand Eatovations où vous pouvez vous disputer une part de pizza virtuelle rien qu’avec la force de la pensée grâce à un casque capteur de l’activité cérébrale. #SXSUBWAY
Ou encore Oreo, qui utilise des imprimantes 3D pour imprimer et distribuer des cookies uniques inspirés des tendances Twitter. #eatthetweet
D’autres proposent des brand utilities. Le blogger lounge de Samsung peut sauver votre séjour avec ses bloody mary, café, tacos et stations de recharge gratuits.
D’autres encore mettent à disposition des pousse-pousse pour vous transporter d’un lieu de conférence à un autre. Et bien sûr, il y a des coups viraux comme la hot-dog-mobile géante de Oscar Meyer qui se balade dans toute la ville.
Comme sur Internet, il y a des mèmes qui circulent. Tout le monde veut faire un selfie avec Brian Solis.
Comme sur Internet, il se passe tellement de choses que l’on a un peu de mal à se concentrer. On n’hésite pas à quitter une présentation au bout de deux minutes si l’on s’ennuie. Tout est gratuit (une fois que l’on a pris son badge), mais on reste souvent sur sa faim, avec l’impression que la meilleure conf ou la rencontre incroyable, avait lieu dans la salle à côté.
On cherche le contenu parfait, et l’on découvre que c’est la forme qui compte. Comme sur Internet, la vraie valeur de SXSW est sociale : les rencontres, les retrouvailles, les conseils, l’entre-aide pour accéder à tel ou telle soirée. Et le mieux c’est quand on s’aventure en dehors des thèmes et personnalités déjà connues. Comme le collectif de Hackney House dans leur ère de jeu et d’inspiration pour créatif-technologists #HHA14. Ou encore Benjamin Lerer, fondateur de Thrillist qui expose sa recette pour révolutionner les business modèle média. #digicronut
Comme sur Internet, il y a des moments de magie pure comme quand un speaker hors-pair comme Mark Cuban partage son histoire, son succès, sa vision. Ou que l’on se retrouve dans une soirée danse country on ne peut plus authentique au Broken Spoke. Des moments d’étincelles qui poussent à se lancer enfin, à faire ce que l’on aime, à apprendre à coder, à créer sa start-up, ou simplement à profiter de la vie.
SXSW est une grande conversation, où l’on s’interroge sur les thèmes qui nous concernent tous : comment créer les conditions de la créativité, sécurité et vie privée, l’innovation en dehors de la Silicon Valley, le rôle des marques, la création de valeur, et surtout la place de l’humain dans tout ça. Une de mes conférences préférées reste les 15 minutes de Jennifer Dunnam de Frog Design : « Designing smart objects for emotional people » #AIEMOTION. Car si SXSW est comme Internet dans la vraie vie, c’est surtout une superbe preuve que le meilleur de la technologie n’est pas un substitut, mais bien une façon d’améliorer et d’enrichir la vraie vie.
Iona Macgregor
Directrice Générale en charge des stratégies, Marcel
Twitter : @ionamacgregor @marcelagency
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