pilule qui donne des informations de sante via une application

Même vos médicaments vous fliquent !

Après deux ans d’enquête, la FDA (Food and Drug Administration) a approuvé la commercialisation du premier médicament numérique. Il permettra, entre autres, de contrôler la prise des traitements médicaux.

Les autorités sanitaires américaines ont donné leur feu vert : le premier comprimé numérique verra bien le jour. Développé par Proteus Digital Health et Otsuka, il devrait être commercialisé en 2018. Son but ? Suivre la prise des traitements par les patients-tes.

Une initiative pour le bien des malades ? Pas seulement : mal prendre ses médicaments peut coûter énormément. Cela entraîne parfois des hospitalisations inutiles, par exemple.

Ce médicament numérique, composé de silicone et de magnésium, s'appelle Abilify MyCite et émet un signal électrique dès qu'il entre en contact avec le suc gastrique. Le signal est alors capté par un patch que la personne malade porte au niveau des côtes. Celui-ci se charge ensuite de transmettre l’information par Bluetooth. Peu de temps après avoir ingéré la pilule, une quantité de données sont disponibles sur smartphone : heure de prise de la pilule, rythme cardiaque, de sommeil, nombres de pas effectués, activité etc…

Grâce aux informations envoyées, le-la patient-te est certain-aine de la progression de son traitement, mais pas que : son-sa médecin ainsi que quatre autres personnes choisies (famille, amis proches…) peuvent recevoir ces données. Cette option n’est mise en place qu’avec l’aval du-de la patient-te et est révocable à tout moment.

Ce nouveau médicament est pour l’instant seulement destiné aux individus souffrants de troubles schizophrènes, bipolaires ou dépressifs. Il pourrait toutefois représenter une vraie avancée en termes de santé publique, notamment pour celles et ceux susceptibles d’oublier de prendre leurs gélules, à l'instar de certaines personnes âgées. Les patients-tes ayant connu un premier épisode de maladie, ne sachant pas s’ils-elles sont guéris-ies ou malades chroniques, profiteraient également de cette nouveauté.

Ces informations pourraient aussi permettre de savoir si les médecins prescrivent les bons dosages.

Très utile par certains aspects, Abilify MyCite soulève également des questions. D'un point de vue pratique, les délires paranoïaques font par exemple partie des syndromes de la schizophrénie : convaincre une personne qui en est atteinte d’ingérer l’équivalent médicamenteux de Big Brother ne sera pas chose aisée. De plus, le traitement dont il est question est assez lourd. Les malades sont donc assez peu enclins à les suivre à la lettre du fait des effets secondaires (tremblements, vision trouble, vertiges...). Le Docteur Paul Appelbaum, spécialiste en éthique et en psychologie à l’université de Columbia, confirme au Times : « De nombreux-euses patients-tes ne prennent pas leurs médicaments à cause des effets secondaires, car ils-elles pensent ne pas être malades ou encore par ce qu’ils ont des doutes paranoïaques concernant le médecin ou ses intentions. »

D'un point de vue éthique, surveiller qu'une personne se soigne revient à la soigner de force. Ce qui n'est guère louable et peut rappeler les techniques parfois archaïques des hôpitaux psychiatriques.

Enfin, comme tout "objet connecté", ce médicament pose des questions de sécurité. Le piratage est aujourd’hui une réalité qu'on ne peut nier... que se passera-t-il quand les informations des patients-tes seront à la merci de cybercriminels mal intentionnés ? Et, au contraire, les patients-tes pourront-ils-elles faire croire au logiciel que le médicament a été avalé ?

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