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Huawei : du smart au superphone

A rebours de ses confrères qui investissent les boîtiers connectés pour explorer le terrain, Huawei est la première marque à intégrer l’I.A. au mobile. Rencontre avec Vincent Vantilcke, directeur marketing.

 

Vincent Vantilcke

A l’occasion de l’IFA, à Berlin, début septembre, Huawei a secoué la planète smartphone en annonçant la première plateforme hard et soft autour de l’intelligence artificielle. « Nous voulons l’intégrer le plus possible au mobile », explique Vincent Vantilcke, directeur marketing France de Huawei. La première étape de cette stratégie d’envergure, c’est le développement de Kirin 970, le premier processeur à intégrer un réseau neuronal. L’objectif : permettre au futur smartphone, le Mate 10, de devenir une sorte de compagnon – un « assistant personnel », qui va pouvoir interpréter, comprendre, interagir et proposer de nouvelles solutions et expériences à l’utilisateur.

A l’ère de l’obsolescence programmée généralisée, l’idée est que le smartphone devienne de plus en plus performant au fil des mois. « Ce qui se passe aujourd’hui, c’est qu’au bout de 18 mois un téléphone perd 30 à 40% de ses performances, encombré par des données inutiles qui utilisent de la mémoire et des ressources ». Ici, la dynamique est toute autre. Le prédécesseur du Mate 10, le Mate 9, intégrait déjà le machine learning : le téléphone allouait des ressources en fonction de la compréhension que le processeur avait de l’utilisation du produit. Fermer les applications inutiles, éliminer la mémoire d’applications inutilisées… Autant d’actions qui permettaient le maintien des performances. Le Mate 10 ira un cran plus loin : non seulement les performances du produit seront maintenues, mais l’expérience sera améliorée.

Grâce à une analyse fine des habitudes, le processeur pourra déterminer si vous utilisez votre smartphone comme un outil de travail, de divertissement, ou de tracking sportif par exemple, et vous proposer du contenu ou des applications en fonction. La limite entre suggestion et intrusion est fine, et Huawei s’efforce de ne pas la franchir. « L’utilisateur aura toujours le dernier mot : le téléphone propose, et l’utilisateur dispose. Ce doit être un facilitateur ».

Pour ce faire, il faudra accepter l’idée que votre vie n’a rien de privé pour votre smartphone. Reconnaissance visuelle, analyse des messages, des e-mails, des requêtes Google ou des téléchargements : autant de données qui seront passées au crible par le Mate 10.

ne suivez pas

 

Question sécurité, l’idée a de quoi faire frémir certains… « C’est pour cela que nous intégrons l’I.A. directement dans le produit : ainsi, nous ne sommes pas dépendants du cloud. La cybersécurité est un vrai sujet chez nous : nous sommes très engagés au sein des groupes de réflexion sur la question ».

La plateforme reste malgré tout ouverte à d’autres : Google et Facebook, par exemple, mais aussi les développeurs qui seront amenés à penser les nouvelles applications de l’I.A. « Tout reste à inventer ».

L’avancée est considérable pour la marque, qui en seulement 6 ans est passée dans le trio de tête des constructeurs de smartphones. « Certains de nos concurrents privilégient le marketing et la communication de masse là où nous préférons quelque chose de beaucoup plus ciblé ». Par ailleurs, les plus gros investissements se font au niveau de l’innovation : en 10 ans, ce sont 37 milliards de dollars qui ont été dépensés en R&D. « Sur les 170 000 personnes qui travaillent chez Huawei, 80 000 se consacrent à la R&D ». Une dynamique permise par ceux qui sont à la tête de l’entreprise, « des visionnaires qui se donnent les moyens de leurs ambitions ». Par ailleurs, l’entreprise appartient à ses salariés. « Ça crée l’envie de développer la marque : il y a une vraie culture de l’intrapreneuriat ».

huawei centre

Si Huawei fait de l’innovation son terrain d’évolution, la notion se décline sur plusieurs univers. « Nous avons un centre de mathématiques à Paris, un centre de design, un centre pour les objets connectés, un laboratoire dédié au traitement de l’image… Nous prenons les meilleures compétences à l’international ».

Dans un futur proche, Vincent Vantilcke souhaite faire de Huawei une « love brand » . « Nous voulons créer un affect, continuer à interagir avec nos utilisateurs. Plutôt que de capitaliser sur de grandes campagnes de notoriété, nous voulons miser sur la satisfaction et la recommandation ». Une stratégie qui paye : à son arrivée au sein de l’entreprise en 2014, Huawei comptabilisait 0,6% de parts de marché en France. « Nous en avons 10% aujourd’hui ». Un succès dû à la cohérence de la marque, qui s'impose de procéder par étape. « De la conception à la distribution, nous avançons toujours pas à pas, pour améliorer chaque lancement de produit. C’est important, pour comprendre les facteurs de réussite : on fait les choses, on teste, on reproduit, on amplifie… et on apprend ».

Mélanie Roosen

Mélanie Roosen est rédactrice en chef web pour L'ADN. Ses sujets de prédilection ? L'innovation et l'engagement des entreprises, qu'il s'agisse de problématiques RH, RSE, de leurs missions, leur organisation, leur stratégie ou leur modèle économique.

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