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Data centers : « La France a la chance de disposer d’une électricité abondante et décarbonée »

Avec EDF

En février dernier, le gouvernement annonçait la mise à disposition de 35 sites « prêts à l’emploi » susceptibles d’héberger des data centers sur tout le territoire hexagonal. La France est-elle prête à accueillir ces projets ? Quelques éléments de réponse avec Stéphane Raison, directeur en charge de l’installation de grands sites de consommation chez EDF.

Le sommet pour l’action sur l’IA qui s’est déroulé les 10 et 11 février derniers à Paris a annoncé la mise à disposition de 35 sites « prêts à l’emploi » qui pourront accueillir des datacenters, pour soutenir le développement d’une IA à la française. Comment vous préparez-vous à accueillir une telle demande en énergie (1 à 1,3% de la consommation mondiale d’après l’Agence internationale de l’Énergie) ?

Stéphane Raison : Nous avons la chance en France de bénéficier d’une électricité abondante et décarbonée. Chaque année, on produit même 2 % d’électricité en plus, notamment grâce à l’intégration des renouvelables dont le solaire. La France dispose donc largement de l'électricité nécessaire pour accueillir ces centres de données, sans impact sur nos autres besoins énergétiques.

Pour se le figurer, notons qu’en 2024, le volume des exportations françaises vers des pays voisins s’élevait à 89 TWh d’électricité, soit l’équivalent de la consommation énergétique annuelle de la Belgique. Or le coût énergétique des data centers est estimé à 20 TWh d’ici à 2035.

EDF a lancé un appel à manifestation d’intérêt à destination des entreprises du numérique, pour mettre à leur disposition des terrains lui appartenant, et facilement raccordables au réseau. Quels avantages présentent ces terrains pour les opérateurs ? 

S. R. : Pour bien comprendre les enjeux, il faut revenir à la genèse de cet AMI (appel à manifestation d’intérêt, ndlr). Il s’inscrit dans une demande mondiale exacerbée de data centers pour l’intelligence artificielle, mais aussi dans le développement de l’ensemble des usages du numérique. Les opérateurs - grandes entreprises et acteurs du numérique - enjoignent les pays à s’organiser pour répondre à cette demande d’installation de centres de données, et ce, rapidement.

Il y a un enjeu majeur dans l’implantation des projets, c’est le temps. Les temps d’investissement pour ces entreprises sont très courts. La rapidité de raccordement au réseau électrique est un élément essentiel. On s’est mis à la place du client en se demandant quels étaient les lieux dans lesquels les temps de raccordement seraient les plus courts possibles. Cela implique de privilégier des sites proches des postes de transformation.

Au sein d’EDF, nous avons mené une réflexion avec nos chercheurs, nos spécialistes du raccordement, nos experts environnementaux, nos juristes pour imaginer à quoi pourrait ressembler notre participation à l’effort demandé par le gouvernement. La réponse réside en partie dans notre patrimoine foncier. Après six mois d’études détaillées, nous avons identifié trois premiers terrains, permettant d’accueillir des projets numériques.

Aux États-Unis, la plupart des data centers historiques sont localisés dans des régions qui ont l’avantage d’avoir un coût foncier peu élevé, notamment en Virginie. L’implantation des data centers peut-elle être une manière de revaloriser, de redynamiser des endroits désertés en France ?

S. R. : Le terme « désertés » est un peu fort. Notre démarche s’inscrit dans la loi « Climat et résilience », promulguée le 22 août 2021, qui définit un objectif de zéro artificialisation nette à horizon 2050 afin de ne pas amputer des espaces naturels ou agricoles à des fins de développement. Nous misons sur la redynamisation de l’ancien foncier industriel pour donner un nouvel élan à l’économie du numérique. Rappelons aussi que 42% des dépenses IT mondiales sont dirigées vers les États-Unis, et que la capitalisation des GAFAM représente la moitié du PIB américain. C’est considérable. Par rapport à l’Irlande ou l’Allemagne, la France est en retard alors qu’elle dispose de plusieurs atouts : une excellente connectivité grâce à la fibre, une très bonne qualité de réseau, avec des temps de coupure très courts et enfin, une électricité abondante et décarbonée à 95%.

Les data centers sont pointés pour leur consommation énergétique colossale. On comprend qu’EDF compensera pour partie par la décarbonation des installations. Cela sera-t-il suffisant ? Comment anticipez-vous les conflits d’usage de l’électricité, de sorte qu’elle soit également répartie entre usagers du quotidien, industrie, collectivités et ces centres ?

S. R. : Comme je l’expliquais plus tôt, l’électricité est abondante. Par ailleurs, le réseau est maillé et complètement interconnecté en France. La question de la répartition entre les clients n’est pas une question française. Elle se pose en revanche chez nos voisins, dont les réseaux peuvent être plus sectorisés. Quant à la décarbonation, oui, elle est centrale. Lors de la conférence de l’Agence internationale de l’énergie à Paris en décembre dernier, qui portait sur l’IA, les GAFAM présentes - –ont tous insisté sur l’importance de la décarbonation et des économies d’énergie, notamment par le refroidissement, la réutilisation de la chaleur fatale (chaleur générée par les data centers, ndlr), des matériaux, des puces - des sujets que nous maîtrisons dans le groupe. Chez EDF, nous sommes convaincus que la décarbonation passera par l'électrification des usages. Et le raccordement de ces data centers à une énergie décarbonée s'inscrit complètement dans cette ambition.

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