Un mème sur le 11 septembre avec les 2 tours en feu et une illustration d'un homme qui regarde avec son popcorn comme au cinéma

Sur les réseaux sociaux, la GenZ américaine fait du 11-Septembre un mème

© memedroid

Généralement nés après les évènements, ces jeunes n’ont pas vécu le traumatisme collectif des attaques terroristes et y voient un revers (mérité ? ) à la politique étrangère américaine. 

« Les gens sont encore énervés par les blagues sur le 11-Septembre ? On est en quelle année ? 2002 ? », s’agace une internaute sous la publication d’un autre membre du réseau social X, après qu’il s’est indigné d’une blague sur les attaques terroristes contre les tours jumelles. Sous cette première réponse, quelques autres abondent dans le même sens :   « Il faut croire que oui », se désespère une première. Une seconde, elle, affirme :   « C’est parce qu’ils n’ont pas d’autre tragédie sur laquelle gémir. Ils [Les États-Unis] ont bombardé tous les pays possibles et sont toujours les auteurs des violences donc ils doivent s’accrocher à tout ce qui les fait se sentir victimes. »  La tonalité de son message résume bien l’état d’esprit des nouvelles générations (dîtes « Gen Z », celles nées après les années 2000) vis-à-vis des évènements du 11-Septembre. 

Des mèmes ultra-partagés

Depuis plusieurs années ont fleuri sur les réseaux sociaux (principalement sur X, mais aussi sur TikTok) des dizaines de blagues sur les attentats islamistes contre les tours jumelles, à l’origine de la mort de 2 977 personnes à Manhattan (New York), Arlington (Virginie) et Shanksville (Pennylvanie). Ces messages sont souvent teintés d’un humour très noir, à l’instar d’un tweet publié par un internaute début septembre :   « Average iMessage experience »  ( « expérience moyenne sur iMessage » , en français), écrit-il au-dessus d’une vidéo dans laquelle son clavier de saisie met en scène, à grand renfort d’émojis, un avion qui fait s’effondrer deux tours côte à côte. Visionnée 9 millions de fois, la vanne dépasse les 161 000 mentions « j’aime » sur le réseau social.

9-11, c'est leur Titanic...

Comment expliquer qu’un évènement tragique puisse être tourné en dérision ? Sans doute parce que les jeunes générations, nées après les années 2000, n’ont pas vécu ces évènements. Conséquence : elles parviennent plus facilement à le mettre à distance, voire à s’en détacher.  « J’ai eu ce moment où j’ai réalisé que le 11 septembre devrait m’émouvoir au plus profond de moi-même, mais qu’étrangement, ça ne me faisait rien », témoigne ainsi Olivia, une Américaine de 21 ans interrogée par le magazine Rolling Stones, qui consacre un long article au phénomène. L’étudiante, très active sur les réseaux sociaux, avait notamment partagé sa surprise de découvrir que  « tout le monde ne trouve pas les attentats amusants » . Supprimé depuis, son message avait dépassé lui aussi les 10 000 « j’aime ».  « Les blagues sur le 11-septembre sont populaires chez les étudiants parce qu’ils n’étaient pas nés quand c’est arrivéobserve un internaute sur X. Donc ils savent que c’est tordu, mais ils s’en foutent. Pour eux, c’est l’équivalent du naufrage du Titanic. »  

Les internautes sont loin d’être les seuls à faire de « 9/11 » un matériau humoristique. Les standuppers américains adoptent le même ton sur le même sujet. Un exemple parmi d’autres : l’acteur Pete Davidson, qui raconte lors d’un one man show qu'après à la mort de son père dans l’attentat, sa mère avait acheté une piscine pour le réconforter, ce qui lui permettait de nager chaque été  « dans ses larmes »  et de s’entendre dire par ses camarades qu’il avait  « beaucoup de chance » .

Derrière les blagues, une critique politique ? 

Reste que ces blagues ne fonctionneraient pas aussi bien si elles ne charriaient pas un fond plus consistant. Sous les blagues sur le 11-Septembre, de nombreux internautes débattent de la manière dont la tragédie a été instrumentalisée par les différents gouvernements américains à des fins politiques. Sur X, un internaute résume la situation :   « 9/11 est une blague en plus d’être un évènement terrible. L’État l’a complètement éclipsé avec un nombre de morts et de destructions bien plus important que le 11-septembre n’a jamais causé. Et puis il a exigé notre respect pour les morts. Avant de conclure :  C’est trop pervers pour ne pas en rire. »  

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